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RESULTATS DES LEGISLATIVES AU BURKINA  


Au lendemain de la publication des résultats provisoires des élections législatives, c’est la bérézina chez la plupart des partis politiques au Burkina, dont cent onze exactement sur les cent vingt-six en compétition ont obtenu un zéro pointé en termes d’élus.  Pour sept d’entre eux, c’est une véritable douche froide quand on sait qu’ils devront faire leurs adieux à l’Assemblée nationale et peut-être même de la scène politique, pour n’avoir pas su tirer leur épingle du jeu, essentiellement par manque de moyens financiers, dans cette élection où près de 50% des électeurs ont décidé, pour des raisons diverses, de tourner le dos aux urnes, et au cours de laquelle l’aphorisme ‘’l’argent est le nerf de la guerre’’ a trouvé tout son sens. Mais à côté de ces partis qui ont reçu leur part de claque électorale, il y en a, pour ainsi dire et toutes proportions gardées, qui ont fait carton plein à l’image du Nouveau Temps pour la Démocratie de Vincent Dabilgou qui a engrangé 13 sièges et qui réussit ainsi le tour de force de s’imposer comme la troisième force politique de notre pays. On peut également en dire autant du Mouvement pour le Burkina du futur (MBF) de Daouda Simboro dont le coup d’essai s’est révélé être un coup de maitre, avec les quatre sièges qu’il a glanés.

 

 

Au-delà de sa contre-performance électorale, c’est l’avenir même du parti du Lion qui se joue

 

Au total, huit nouveaux partis déposeront leurs baluchons à l’hémicycle, aux côtés de sept autres qui y étaient déjà. Parmi ces derniers, le plus amer sera sans doute l’Union pour le progrès et le changement (UPC) de Zéphirin Diabré que ces législatives ont mis presqu’en charpie, avec seulement douze élus contre trente-trois en 2015 et surtout la perte, dans la foulée, de son rang de Chef de file de l’opposition (CFOP) ; cette institution créée en 2000 pour essuyer les larmes du premier des perdants aux élections législatives.  Au-delà de cette contre-performance électorale, c’est l’avenir même du parti du Lion qui se joue actuellement, et sa survie dépendra de l’option que prendront ses premiers responsables dans le jeu politique en cours. Va-t-il, avec son groupe parlementaire, nouer une alliance de raison avec le parti au pouvoir afin d’obtenir des postes pour certains de ses cadres qui brûlent d’envie d’accéder aux hautes fonctions de l’Administration publique ? Ou va-t-il faire contre mauvaise fortune bon cœur et rester dans l’opposition sous la houlette du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) qui lui a ravi la vedette en lui arrachant les clés du CFOP ? On en saura davantage dans les jours à venir, mais on ne serait pas étonné que par réalisme politique et dans le souci de relancer le parti en vue des échéances de 2025, l’UPC rejoigne l’Alliance des partis de la majorité présidentielle. Dans ce cas, il ne resterait plus qu’une trentaine de députés pour faire entendre la voix de l’opposition à l’Assemblée nationale, aiguillonnés par l’ancien parti au pouvoir qui, malgré sa défaite à la présidentielle, peut trouver des motifs de satisfaction à l’heure du bilan, avec son désormais rang de deuxième force politique et l’élection, au terme de batailles électorales sans merci dans leurs circonscriptions respectives, de certains de ses cadres historiques comme Achille Tapsoba, Bognessan Arsène Yé, Yahaya Zoungrana et Boukary Jacques Nyampa.

 

Sur les cent vingt-sept élus, on compte seulement huit femmes

 

Toutefois, cela ne suffira pas à ébranler le président fraichement réélu, Roch Marc Christian Kaboré, d’autant qu’il disposera, sauf révolution copernicienne, d’une majorité écrasante à l’Assemblée nationale avec ses cinquante-six députés et le renfort attendu de ses alliés que sont, entre autres, le NTD, le MBF et l’UNIR/PS dont on prédisait la mort certaine à l’issue de ces législatives, mais qui a fait de la résistance en obtenant, comme en 2015, cinq sièges. En clair, c’est en roue libre que le MPP et alliés vont gérer les affaires, du moins si l’on s’en tient à la future configuration du Parlement. Une configuration qui ne manquera pas de faire des gorges chaudes,  notamment chez les associations féminines, car sur les cent vingt-sept élus, on compte seulement huit femmes ; ce qui est non seulement une entorse à la loi qui fixe un quota de 30% au profit de l’un et de l’autre sexe aux élections municipales et législatives, mais aussi une régression par rapport à la septième législature en cours qui compte, sauf erreur ou omission, dix-neuf femmes députés.  Qu’à cela ne tienne, les débats à l’hémicycle ne manqueront certainement pas de piquant avec le retour de certains routards de la politique rompus aux joutes oratoires, même si, au demeurant, on peut regretter l’absence de certaines personnalités comme Laurent Bado dont le parti, le PAREN, a fait flop, à l’instar de la NAFA de Mahamoudou Dicko, l’ODT d’Anatole Bonkoungou, le PCR de Tahirou Barry, l’UPR de Toussaint Abel Coulibaly, le Faso Autrement de Ablassé Ouédraogo et le MDA de Amadou Tall, pour ne pas les nommer. On espère que suite à cette décantation par les urnes, de nombreux partis politiques feront leur introspection et tireront les conclusions qui s’imposent, en formant des alliances ou pourquoi pas en se sabordant dans d’autres partis plus représentatifs dans la perspective des scrutins de 2025 qui seront plus disputés parce que le président sortant va très probablement sortir, et certains acteurs actuels de la scène politique prendront probablement leur retraite. 

 

« Le Pays »

 


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