ARRIVEE DES PREMIERES DOSES D’ASTRA ZENECA
Les premières doses d’Astra Zeneca sont arrivées à Ouagadougou, le 30 mai dernier. Sauf omission ou oubli de notre part, le Burkina est l’un des derniers pays de la sous-région à recevoir ces doses. Des pays comme la Côte d’Ivoire ou encore le Bénin, pour ne citer que ceux-ci, avaient reçu leurs premières dotations bien avant cette date. L’explication que l’on peut donner à cela, pourrait être liée au fait que de toute la sous-région, le pays des Hommes intègres est l’un des pays qui a le mieux géré la pandémie, si fait qu’aujourd’hui, les cas de Covid-19 ont diminué de manière significative. De ce point de vue, l’on peut logiquement se poser la question de savoir si cela ne va pas négativement jouer sur la motivation des populations à se faire vacciner. Cette question mérite d’autant plus d’être posée qu’ils sont déjà nombreux, les Burkinabè qui étaient dans le déni de la pandémie. A cela, il faut ajouter le fait que certains Burkinabè croient dur comme fer, que derrière le vaccin contre la pandémie, se cache un complot ourdi par les Blancs pour rendre stériles les Africains ou encore pour leur inoculer des maladies dont la dangerosité est de loin supérieure à celle du Covid-19. Et parmi les détracteurs des vaccins contre la pandémie, se trouvent malheureusement des intellectuels. Et ces derniers, parfois, ne se gênent point de participer à la campagne d’intoxication et de désinformation des populations. Et que dire des fake news qui disent tout le mal qu’ils pensent des vaccins contre le Covid-19. Dès lors, il se pose l’impérieuse nécessité de déconstruire tous ces préjugés pour autant que l’on veuille que la campagne de vaccination qui se profile, touche tous les Burkinabè. Pour le moment, le Burkina n’a reçu que 115 000 doses de vaccins contre le Covid-19.
S’entourer de toutes les précautions pour que les vaccins ne soient pas détournés à des fins mercantiles
Il faut souligner que les doses ont été acquises grâce au mécanisme Covax, un partenariat entre la coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), l’Alliance du vaccin (Gavi), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Les personnels de santé, les personnes avec des comorbidités et les candidats au pèlerinage à la Mecque, seront vaccinés prioritairement dès le début du mois de juin. A terme, l’opération permettra de vacciner la totalité de la population adulte de plus de 18 ans, soit plus de 10 millions de personnes. Pour se donner plus de chances d’atteindre ce nombre, il faut d’abord répondre à la question suivante : comment gagner l’adhésion des populations ? L’on peut suggérer quelques éléments de réponse. Il faut absolument sensibiliser l’ensemble de la population. Cela peut se faire de la manière suivante : premièrement, ce sont les autorités, à commencer par le président du Faso himself, qui doivent donner l’exemple en se faisant vacciner publiquement. Dans bien des pays où le vaccin contre la Covid-19 a déjà été introduit, l’on a procédé ainsi. L’on peut donner l’exemple des Etats-Unis d’Amérique où l’actuel locataire de la Maison Blanche, Joe Biden, s’est fait vacciner devant les caméras de plusieurs médias. Cette image a marqué les Américains au point de déconstruire les préjugés que son prédécesseur, Donald Trump, avait distillés dans l’esprit des Américains. Après les hommes politiques, ce sont les sommités du monde médical qui doivent emboîter le pas. Et leur exemple vaut son pesant d’or. Car, il peut contribuer à dissiper le doute et la crainte que les populations entretiennent à propos de ces vaccins. De ce point de vue, leur exemple constitue une caution scientifique de la validité du vaccin. Le troisième maillon de la chaîne de sensibilisation, pourrait être les leaders d’opinions et autres personnalités morales et religieuses. Les prêtres, les pasteurs, les imams et les autorités coutumières, on le sait, sont très écoutés des populations. De ce fait, ils peuvent contribuer à faire accepter le vaccin par leurs communautés respectives. Le 4e maillon de la chaîne pourrait être constitué des élèves et des étudiants. Les écoles et les universités, en effet, représentent des cadres favorables à la vulgarisation du vaccin. Une fois sensibilisés, les élèves et les étudiants pourraient être des relais efficaces auprès de leurs parents. Une autre mesure susceptible de motiver les populations à adhérer à la campagne de vaccination, pourrait consister à faire en sorte que les personnes vaccinées aient la possibilité d’aller et de venir dans les pays voisins. Et quand on connaît l’intérêt des Burkinabè pour ce genre de voyages, l’on peut parier qu’ils ne se feront pas prier pour se faire vacciner. Pour qu’une telle mesure soit efficace, il faut naturellement que les pays se concertent pour qu’un vaccin administré dans un pays X, soit valable dans un pays Y. Pour finir, on peut inviter l’ensemble des acteurs impliqués dans la campagne annoncée, à prendre toutes les dispositions qu’il faut, pour rendre accessibles les vaccins aux populations des villes et des campagnes. Elles doivent aussi s’entourer de toutes les précautions pour que les vaccins ne soient pas détournés à des fins mercantiles. Car, dans ce Burkina, tout est possible.
Sidzabda