LUTTE CONTRE LE TERRORISME AU SAHEL
L’Algérie veut renforcer sa présence au Mali et plus globalement au Sahel en proie depuis quelques années, à l’insécurité liée au terrorisme. C’est dans ce cadre d’ailleurs que le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamanra, a séjourné, la semaine dernière, dans la capitale malienne où il a rencontré les autorités de la Transition et participé à une réunion de la médiation internationale sur la crise malienne. Il avait, à ses côtés, le nouveau président du Comité de suivi de l’Accord de paix d’Alger, qui, en plus de cette responsabilité, devient également l’envoyé spécial de l’Algérie pour le Sahel. Le message est donc clair. L’Algérie entend jouer un rôle de premier plan dans le dossier malien et dans la crise sécuritaire qui secoue le Sahel. La preuve, peu avant la visite du chef de la diplomatie algérienne à Bamako, Alger avait, en début du mois d’août 2021, organisé une conférence sur la sécurité à laquelle étaient invités tous les ministres en charge de la défense et de la sécurité des pays membres du G5 Sahel. L’objectif recherché était de relancer le CEMOC (Comité d’état-major opérationnel conjoint), du nom de cette structure militaire créée par les autorités algériennes, mais qui, depuis l’arrivée des forces étrangères de la MINUSMA et de Barkhane, était mise sous l’éteignoir. Maintenant que la donne a changé avec le départ annoncé des troupes françaises du septentrion malien, l’Algérie veut se repositionner au Sahel.
L’Algérie, au-delà des visées hégémoniques, joue sa propre survie
Cela n’a rien de mauvais pour autant que le pays du président Abdelmadjid Tebboune, en tant que puissance miliaire régionale, se montre à la hauteur du défi sécuritaire auquel fait face le Sahel où, de guerre lasse, les populations ne savent plus à quel groupe armé se fier. Et ce n’est pas tout. Car, comment ne pas se féliciter du retour de l’Algérie au Sahel quand on sait qu’elle est accusée, à tort ou à raison, d’avoir offert gîte et couvert à certains leaders terroristes qui, parfois, revendiquent ouvertement certaines attaques sanglantes au Mali, au Niger et au Burkina Faso ? En tout cas, au regard de sa situation géographique, l’Algérie n’a aucun intérêt à tourner le dos au Sahel, surtout que la Libye avec laquelle elle partage également une large frontière, est toujours en proie à une instabilité sociopolitique, favorisant la prolifération des bandes armées. C’est dire qu’en se posant comme un pion incontournable dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, l’Algérie, au-delà des visées hégémoniques, joue sa propre survie. Toutefois, quand on sait que la plupart des pays membres du G5-Sahel entretiennent d’excellentes relations avec le Maroc, on a bien envie de se demander si cela ne va pas impacter négativement le volontarisme dont fait montre l’Algérie. Ce d’autant que les deux pays voisins viennent de franchir un nouveau palier en annonçant la rupture de leurs relations diplomatiques.
B.O