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SOMMET DE LA CEDEAO SUR LA GUINEE


Après leur sommet virtuel de la semaine dernière, qui a décidé de la suspension de la Guinée des instances de la CEDEAO suite au coup d’Etat du colonel Mamady Doumbouya contre le président Alpha Condé, les chefs d’Etat de l’institution régionale ouest-africaine étaient réunis le 16 septembre 2021, en sommet extraordinaire à Accra, pour statuer sur le cas des putschistes de Conakry. Une rencontre au sommet qui n’a pas connu une participation record puisque seuls huit des quinze chefs d’Etat de l’espace, étaient présents à ce sommet d’Accra en présentiel, même si l’absence du Mali et de la Guinée qui étaient au cœur des débats, n’était pas difficile à comprendre. Se fondant sur les recommandations du rapport de la mission d’évaluation envoyée à Conakry au lendemain du coup d’Etat, les têtes couronnées de l’espace régional ont décidé d’accentuer la pression sur les tombeurs d’Alpha Condé, dans la perspective d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel normal.

 

Tout comme au Mali, la CEDEAO joue sa crédibilité en Guinée

 

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la CEDEAO est dans son rôle ; elle qui, au-delà des questions économiques et monétaires de l’espace, se veut un puissant instrument politique de régulation multidimensionnelle qui se pose aussi en vigie de la démocratie. Mais l’on peut regretter le fait qu’elle ne soit pas l’épouvantail que l’on pouvait espérer pour décourager toute tentative de remise en cause de l’ordre constitutionnel normal au sein de nos Etats. C’est pourquoi, au-delà des sanctions, cette intervention énergique de la CEDEAO à l’encontre des putschistes guinéens, peut être lue comme une volonté, pour l’institution sous-régionale, de chercher à exister dans un contexte où elle a beaucoup perdu en crédibilité aux yeux des populations des pays membres. Chose rendue d’autant plus difficile qu’elle a fait preuve de mollesse face aux tombeurs d’Ibrahim Boubacar Kéita au Mali, qui ont fini par prendre le contrôle de la transition en cours nonobstant ses exigences réaffirmées d’autorités civiles à sa tête, sans que l’on ne sache s’ils pourront en respecter les délais fixés à l’échéance de fin février 2022. C’est dire si tout comme au Mali, la CEDEAO joue sa crédibilité ou du moins ce qu’il en reste, en Guinée. Et la situation est, dans le cas d’espèce, d’autant plus délicate pour elle que le coup d’Etat du colonel Doumbouya, semble jouir d’une certaine popularité aux yeux de nombreux Guinéens visiblement heureux d’être débarrassés d’un dictateur, pour avoir vainement lutté contre le troisième mandat de l’opposant historique devenu président. Comment, en effet, sanctionner les putschistes de Conakry sans créer l’acrimonie des Guinéens, en donnant le sentiment de se soucier plus du sort de leur bourreau déchu ? Eux qui ont des raisons d’être d’autant plus désabusés que la CEDEAO n’a rien fait, en son temps, pour empêcher Alpha Condé de briguer le mandat de trop.  

 

 

La CEDEAO doit pleinement prendre conscience de la nécessité, pour elle, de reconstruire son image

 

 

L’institution basée à Abuja au Nigeria ayant plutôt brillé par son immobilisme devant les répressions meurtrières de l’ex-maître de Conakry, contre ses contempteurs  dans leur croisade anti-troisième mandat. C’est pourquoi, si la honte pouvait tuer, il y a longtemps que la CEDEAO n’aurait pas pu se présenter devant les Guinéens qu’elle a abandonnés, pour ainsi dire, à leur sort face à un impitoyable tyran.  C’est dire si plus que tout autre chose, la CEDEAO paye aujourd’hui le prix de ses propres incohérences. Car, elle ne peut pas fermer les yeux en amont sur les dérives autoritaires des chefs d’Etat qui agissent en véritables fossoyeurs de la démocratie et prétendre sanctionner en aval des coups d’Etat militaires certes condamnables à tous points de vue, mais qui paraissent plutôt salvateurs pour des populations en quête de bonne gouvernance.   En tout état de cause,  au-delà de ses interventions en cours en Guinée et au Mali, la CEDEAO doit pleinement prendre conscience de la nécessité, pour elle, de reconstruire son image. Cela est un devoir impérieux pour elle, pour espérer remonter sa cote de popularité aux yeux des populations et éviter de paraître, à la longue, une coquille vide. En tous les cas, de la gestion des dossiers de ces deux grands voisins, dépendra son retour en grâce ou sa déchéance totale aux yeux des populations de son espace géographique. Parviendra-t-elle à relever ce défi ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite. En attendant, l’on est porté à croire qu’elle est pour le moment dans ses petits souliers et a besoin de changer de paradigme pour prendre un nouveau départ.

 

 

 « Le Pays »


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