DEPLOIEMENT MASSIF D’UN VACCIN ANTIPALUDIQUE
Le 6 octobre 2021 marque-t-il un tournant dans la lutte contre le paludisme ? En attendant de trouver réponse à cette question, l’histoire retiendra que c’est à cette date que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a recommandé le déploiement massif d’un vaccin antipaludique chez les enfants vivant en Afrique subsaharienne et dans les zones à risque. Pour le patron de l’institution sanitaire mondiale, c’est un « moment historique » qui vaut bien d’être euphorique. D’autant que l’utilisation de ce vaccin, conjuguée aux efforts de prévention à travers les outils déjà existants, pourrait permettre de sauver « des dizaines de milliers de jeunes vies chaque année ». Pour lui, « le vaccin antipaludique tant attendu pour les enfants, est une percée pour la science, la santé infantile et la lutte contre le paludisme ». De là à penser que cette vieille maladie tropicale au taux de mortalité très élevé, sera bientôt un vieux souvenir sur le continent noir, il y a un pas qu’il faut cependant se garder de franchir pour l’instant. Car, le vaccin RTS,S, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne prévient pour le moment que 30% des formes graves de la maladie.
Il y a véritablement de quoi se réjouir d’une telle avancée notable dans la lutte contre le paludisme
Mais cette trouvaille du laboratoire britannique GSK, est déjà un pas qui vaut son pesant d’espoir puisque pendant longtemps, les recherches n’ont pas permis d’aboutir à des résultats significatifs au point d’en recommander un déploiement massif auprès des populations. En outre, à en croire les spécialistes, « c’est un vaccin qui peut avoir des conséquences massives, même avec 30% d’efficacité, parce que quand on connaît les ravages que fait le paludisme, c’est aujourd’hui l’un des vaccins les plus importants qu’on puisse recevoir en Afrique ». L’espoir est encore d’autant plus permis qu’il se dit que d’autres vaccins prometteurs sont à l’essai, avec des taux d’efficacité parfois deux fois plus élevés. C’est dire s’il y a véritablement de quoi se réjouir d’une telle avancée notable dans la lutte contre le paludisme qui, soit dit en passant, est un des fléaux sanitaires les plus meurtriers au monde, particulièrement en Afrique qui concentre plus de 90% des cas. La nouvelle est d’autant plus réjouissante qu’elle intervient en pleine pandémie du Covid-19 qui focalise encore l’attention du monde scientifique, surtout avec son variant delta qui n’a pas fini de faire parler de lui. Sans oublier le fait qu’en submergeant totalement les systèmes de santé, la lutte contre le virus à couronne a négativement impacté la lutte contre d’autres épidémies comme le paludisme, le VIH/Sida ou encore la tuberculose qui demeurent, aujourd’hui encore, des préoccupations sanitaires majeures à l’échelle mondiale. A présent, il faut souhaiter que la recherche continue pour relever le plus rapidement possible le taux d’efficacité de ce vaccin dont le développement, selon certaines sources, dure depuis 37 ans en raison de la complexité du parasite.
Reste maintenant l’équation du coût de ce vaccin et celui de sa disponibilité
Ce, en attendant la mise au point d’autres vaccins, à l’instar de ceux du Covid-19 qui ont mobilisé l’ensemble du monde scientifique pour les résultats que l’on sait, dans les courts délais que l’on sait aussi. Autrement, l’on continuera toujours de s’interroger sur le véritable intérêt de la science pour une maladie séculaire comme le paludisme qui fait des ravages sur le continent noir et qui n’a toujours pas de vaccin attitré, là où des pandémies relativement plus jeunes comme le Covid-19 qui sévit beaucoup plus durement sur d’autres continents, en sont, en moins de deux ans, à plusieurs types de vaccins aux taux d’efficacité hautement appréciables et déjà en circulation. En tout état de cause, on ose espérer que la tragédie du paludisme qui frappe durement l’Afrique, n’est pas reléguée au second plan par rapport à d’autres pandémies qui sévissent ailleurs. Autrement, cela poserait un véritable problème d’équité dans la recherche contre les maladies infectieuses les plus mortelles au monde. C’est le lieu d’encourager les chercheurs africains à multiplier les efforts dans la même dynamique à l’effet de relever le défi de la mise au point d’un vaccin contre le paludisme, qui les interpelle au plus haut point. Reste maintenant l’équation du coût de ce vaccin et celui de sa disponibilité. Car, une chose est de produire un vaccin, une autre est de le rendre accessible aux populations qui en ont le plus besoin. Et dans le cas d’espèce où c’est le continent africain qui est au centre de la riposte, on attend de voir les dispositions qui seront prises pour y disponibiliser ce vaccin dont on a des raisons de croire qu’il suscitera moins de méfiance de la part des populations et aura moins de difficultés à se faire accepter que les vaccins anti-Covid-19.
« Le Pays »