AMNISTIE GENERALE ACCORDEE AUX REBELLES TCHADIENS
« Le plus long voyage au monde commence toujours par un pas », dit un adage populaire. Les autorités tchadiennes de la Transition viennent d’en faire un dans le sens de la réconciliation nationale qu’elles appellent de tous leurs vœux depuis le décès du président Iriss Déby Itno. C’est le moins que l’on puisse dire. En effet, elles ont décidé, à l’issue d’un Conseil des ministres extraordinaire tenu le 29 novembre dernier, d’accorder l’amnistie générale à tous les rebelles en prison ou en exil. Ainsi, trente-neuf personnes condamnées pour des faits relatifs à la liberté d’opinion, sont concernées. Sans oublier 250 autres condamnées pour actes de terrorisme, de complicité de terrorisme et enrôlement de mineurs dans les groupes armés. Dans ce dernier cas, il s’agit de Tchadiens condamnés en août 2019 par la Cour criminelle de N’Djaména siégeant exceptionnellement à la prison de Koro Toro. Comment ne pas saluer ce geste d’ouverture de la part des autorités tchadiennes, quand on sait que les leaders des groupes politico-militaires avaient fait de l’amnistie, l’un des préalables à leur participation aux consultations devant conduire au dialogue national inclusif dont la date, pour l’instant, n’est pas encore fixée ? C’est tout à leur honneur.
Les rebelles tchadiens feraient preuve de naïveté en pensant que l’amnistie seule suffit pour les mettre à l’abri de toute surprise désagréable
Elles ont fait leur part de chemin dans leur souci exprimé de rabibocher les Tchadiens avec eux-mêmes. Reste maintenant à savoir si les responsables politico-militaires, ainsi qu’on les appelle, accepteront de changer leur fusil d’épaule pour rejoindre la table des négociations ; eux qui, on s’en souvient, avaient exigé que le dialogue national en question, se tienne hors des frontières du Tchad et ce, pour, disent-ils, des raisons de sécurité. Ils n’ont peut-être pas tort. Car, en la matière, il faut se monter très prudent en s’entourant de toutes les précautions ou garanties au risque de se faire prendre au piège. On l’a déjà vu au Congo où à peine rentrés au bercail, des réfugiés du Beach ont fait l’objet de tri au point que plus de 300 d’entre eux ont disparu, vraisemblablement abattus de sang-froid par le pouvoir de Denis Sassou Nguesso poursuivi d’ailleurs par la Justice française pour « crimes contre l’humanité ». Comparaison n’est certes pas raison, mais tirant leçon des erreurs des autres, les rebelles tchadiens feraient preuve de naïveté en pensant que l’amnistie seule suffit pour les mettre à l’abri de toute surprise désagréable, surtout pour ceux d’entre eux que l’on accuse d’avoir tué Déby père que le fils avait d’ailleurs promis de venger dès sa prise du pouvoir. On attend de voir !
B.O