CRASH D’UN HELICOPTERE DE LA MONUSCO EN RDC : Un drame, plusieurs interrogations
Venus en pacificateurs depuis novembre 1999, les soldats de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) continuent de compter et d’empiler leurs cadavres dans la dense forêt de l’ex-Zaïre. Dernier exemple en date, le crash d’un hélicoptère de la mission onusienne, le 29 mars 2022, occasionnant la mort de huit Casques bleus dans l’Est de la RDC. Qu’un avion crashe, surtout en contexte de guerre, cela relève d’un vécu presque devenu banal. En la matière, passé l’étape de l’émotion, l’on attend que les enquêteurs appelés à la rescousse, rassemblent et fournissent tous les éléments du crash. Pour le cas précis de l’hélico de la MONUSCO, les circonstances de l’accident laissent penser à un acte criminel. En effet, les rebelles du M23 et les Forces armées congolaises qui se livrent une bataille sans merci dans la zone, se rejettent la balle. Alors que l’armée régulière accuse les rebelles d’avoir abattu l’avion ayant coûté la vie à six Pakistanais, un Russe et un Serbe tous soldats de la paix, le M23, lui, pointe du doigt les soldats congolais. Entre ces deux entités qui s’arrosent abondamment de balles, de roquettes ou de mortiers, qui croire finalement ? Qui est responsable de cette mort de missionnaires aux drapeaux blancs ? Ces questions méritent bien des réponses, ce d’autant que c’est au nom de l’humanité, au nom de toutes les Nations réunies par la quête de la paix pour le Congo, que des Pakistanais, des Russes et des Serbes se retrouvent envoyés dans ces forêts.
Le président Félix Tshisekedi Tshilombo doit faire toute la lumière dans cet événement tragique qui endeuille la MONUSCO
La mission ultime de ces soldats, venus de l’autre bout du monde, étant d’amener des frères et sœurs devenus ennemis jurés, à fumer le calumet de la paix. Le drame du 29 mars dernier, ajouté à d’autres tragédies où ont péri plusieurs soldats de la paix de l’ONU, donne l’impression que les félins qui se battent dans les forêts du Congo, ont décidé de tuer leur « ange de la paix ». Au nom de quoi, de qui et pour quoi ? Dans cette affaire, tous les belligérants, en particulier les Forces armées congolaises dont le commandant en chef lui-même, le président Félix Tshisekedi Tshilombo, sont interpellées. Ce dernier, parce qu’il a des engagements vis-à-vis du peuple congolais et de la communauté internationale, doit faire toute la lumière dans cet événement tragique qui endeuille la MONUSCO. Qu’elle soit provoquée ou accidentelle, cette nouvelle tragédie en RDC est assurément la cruelle conséquence de l’instabilité chronique dont continue de souffrir ce pays toujours aux prises avec ses démons. Victime non seulement de son gigantisme qui semble, pour lui, bien plus une faiblesse qu’une force, mais également en proie à bien des convoitises à l’intérieur comme à l’extérieur du fait de ses colossales richesses, ce pays n’a véritablement jamais connu la paix, continuant comme c’est connu, à ployer sous le poids maléfique des groupes armés. Et il faut craindre que ce ne soit pas pour bientôt, la fin des malheurs pour ce pays-continent, tant qu’une solution durable n’est pas trouvée au mal sécuritaire qui continue de prendre à la gorge, l’ancien Zaïre de Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga.
Michel NANA