HomeA la uneCRISE POLITIQUE A KARTHOUM SUR FOND DE TENSIONS COMMUNAUTAIRES AU SOUDAN  : Le Soudan est mal barré

CRISE POLITIQUE A KARTHOUM SUR FOND DE TENSIONS COMMUNAUTAIRES AU SOUDAN  : Le Soudan est mal barré


Où va le Soudan ? C’est la question que l’on est tenté de se poser au regard de la situation du pays qui n’est pas loin de l’impasse. En effet, six mois après le coup d’Etat du Général Al-Burhan, qui a mis hors circuit l’aile civile de la transition, le pays est sans gouvernement. Ce, dans un contexte de rupture totale du dialogue entre les militaires au pouvoir à Khartoum et le camp des révolutionnaires qui exigent ici et maintenant, le retour d’un gouvernement civil aux affaires.   Les contestataires, engagés dans des comités de résistance, continuent de battre régulièrement le macadam pour demander le départ de la junte du pouvoir, au moment où les partis politiques et la société civile, ne savent pas véritablement sur quel pied danser pour ne pas se faire écraser les orteils par les godasses des hommes en treillis. C’est dire si les Soudanais sont eux-mêmes divisés sur la question du dialogue avec des militaires qui ne comprennent que le langage de la répression face aux manifestations les plus pacifiques.

 

Le pays va à vau- l’eau, avec un Exécutif inexistant, un front social en ébullition,  un pouvoir militaire vomi par le peuple

 

Et Dieu seul sait où s’arrêtera la comptabilité macabre.  D’où viendra alors le salut du peuple soudanais ? Bien malin qui saurait répondre à cette question. D’autant que la médiation tentée par la communauté internationale, notamment les Nations unies et l’Union africaine, peine véritablement à faire bouger les lignes. Pendant ce temps, le pays va à vau- l’eau, avec un Exécutif inexistant, un front social en ébullition,  un pouvoir militaire vomi par le peuple mais qui refuse de tirer les conséquences de son échec à gérer le pays.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Soudan est mal barré. Groggy parce que le processus de transition pour le retour du pays à l’ordre constitutionnel, est dans l’impasse. Principalement en raison de la crise de confiance et de la rupture de dialogue entre militaires et civils. Et la situation est d’autant plus désespérante qu’il ne pointe pour le moment à l’horizon, aucun espoir de remettre le processus sur les rails de la cogestion censée conduire le pays à des élections pluralistes. Mal barré aussi parce que son conflit semble oublié par la communauté internationale qui n’est pas loin d’être gagnée par la lassitude face à une situation qui ne connaît pas d’évolution notable, avec des militaires qui donnent l’impression d’être cramponnés de toutes leurs forces à un pouvoir qu’ils n’entendent pas lâcher. Et comme si cela ne suffisait pas, c’est dans un tel contexte de crise politique exacerbée à Khartoum, que l’on annonce des affrontements intercommunautaires dans le Darfour, qui ont laissé sur le carreau près de 200 morts. Commencés le week-end écoulé, ces combats meurtriers entre fermiers Massalits et « Janjawids » arabes, se sont poursuivis jusqu’au lundi 25 avril dernier où la situation  était toujours tendue. En l’absence d’un gouvernement, où trouver l’autorité compétente pour rétablir l’ordre et travailler au rapprochement de telles communautés ainsi qu’à la cohésion sociale ?

 

La situation au Soudan sonne comme une vive interpellation de la communauté internationale

 

En tout état de cause, le constat qui se dégage est que le Général Al-Burhan a échoué à gérer le Soudan.  Mais il est tellement obnubilé par le pouvoir que l’on se demande s’il est encore capable d’avoir ce supplément d’âme suffisant pour se montrer receptif aux cris de détresse de son peuple et pour répondre à ses aspirations les plus profondes. C’est pourquoi la situation au Soudan sonne comme une vive interpellation de la communauté internationale. Elle ne doit pas abandonner le peuple soudanais qui a sué sang et eau pour se débarrasser de la dictature d’Omar el Béchir, à un sort encore plus misérable. C’est dire si cette même communauté internationale est appelée à faire davantage, quitte à mettre la pression sur les soutiens extérieurs des putschistes. En un mot comme en mille, elle doit user de tous les moyens de coercition possibles pour amener les militaires au pouvoir à Khartoum à reconsidérer leur position et à lâcher suffisamment de lest pour permettre de reconstituer l’attelage civilo-militaire censé remettre le processus de transition sur les rails. Autrement, la lutte du peuple soudanais aura été un vain combat, si le statu quo politique doit continuer à profiter aux militaires. Une junte dont la stratégie consiste,  à présent que la révolution a été confisquée, visiblement à gagner les contestataires à l’usure. Le peuple soudanais ne mérite pas cela. Et il faut craindre que face à sa détermination à rejeter fermement le pouvoir kaki, le Soudan soit encore loin d’être sorti de l’auberge. D’autant que les récentes libérations de pontes du régime déchu par les militaires, sont perçues comme des signes d’un retour en grâce ou d’une tentative de réhabilitation du régime déchu. 

 

« Le Pays »

 

 

 


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