INCENDIE MEURTIRIER DANS UN CENTRE SANITAIRE AU SENEGAL : L’émotion, en attendant le prochain sinistre…
Le sort s’acharne-t-il sur le Sénégal ? C’est la question que l’on ne peut s’empêcher de se poser au regard des évènements malheureux qui se succèdent dans ce pays. En effet, le 15 avril dernier, une jeune dame enceinte de 9 mois, donc à terme, a perdu la vie après avoir en vain réclamé une césarienne que lui ont manifestement refusée des sages-femmes. C’était à Louga, du nom de cette bourgade située à près de 200 km de Dakar. L’onde de choc émotionnelle provoquée par ce drame, lorsque se produisait une situation assez étrange à l’hôpital régional de Kaolack où un nouveau-né déclaré mort par les services compétents, est arrivé agonisant à la morgue où il a fini par rendre l’âme. Alors que l’on était là à s’interroger sur ce fait insolitissime, survint un autre drame d’une grande ampleur. Il s’agit, cette fois-ci, de l’incendie survenu le 25 mai dernier au sein de l’hôpital de Tivaouane où ont péri 11 nouveau-nés. L’indignation est d’autant plus grande qu’en avril 2021, un autre incendie de même nature avait aussi coûté la vie à quatre nourrissons à l’hôpital de Linguere dans la partie septentrionale du pays. Autant de drames répétés qui doivent interpeller au plus haut point, surtout que dans le cas de Tivaouane, l’hôpital a été inauguré il n’y a pas longtemps. Qu’est-ce qui explique le court-circuit qui a provoqué cet incendie qui, sans pitié, a ôté la vie à onze âmes innocentes ? C’est la question qui est actuellement sur toutes les lèvres.
Il faudra que le cas de Tivaouane serve de déclic
En tout cas, on espère que les enquêtes en cours permettront non seulement de situer les responsabilités, mais aussi de prendre des dispositions pour que plus jamais, pareil drame ne se reproduise. Malheureusement, on fait le constat qu’au Sénégal, comme un peu partout en Afrique, quand survient un drame, on remet tout entre les mains de Dieu si l’on ne dit pas que c’est son œuvre, tentant ainsi de dissimuler ses propres turpitudes. C’est tout simplement irresponsable. Cela dit, il ne faudra donc pas que passés les moments d’émotion, on s’accommode de la situation en attendant que se produise un autre sinistre aux conséquences incalculables. Pour ce faire, il faudra que le cas de Tivaouane serve de déclic pour que toutes les défaillances avérées ou supposées soient corrigées dans le système de santé sénégalais. C’est à ce prix et seulement à ce prix que l’on pourra éviter les pertes inutiles en vies humaines. En tout cas, et c’est le lieu de le dire, la plupart des centres de santé au Sénégal comme ailleurs en Afrique, sont des mouroirs qui ne disent pas leur nom ; tant ils présentent des commodités au rabais, pour les patients qu’ils accueillent. En effet, quand les locaux ne sont pas vétustes ou en piteux état, ce sont les installations électriques qui se dressent anarchiquement, favorisant ainsi les risques d’incendies. Certes, il est vrai que pour un rhume ou pour moins que cela, les dirigeants africains et leurs proches s’envolent pour l’Europe pour se soigner. Mais pour l’amour de Dieu, n’est-il pas maintenant temps qu’ils songent à suffisamment humaniser les centres de santé dans leurs pays respectifs ?
Boundi OUOBA