HomeA la uneCRISE SECURITAIRE AU BURKINA : Il y a péril en la demeure

CRISE SECURITAIRE AU BURKINA : Il y a péril en la demeure


L’avènement au pouvoir, le 24 janvier 2022, du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) a été, dans l’ensemble, favorablement accueilli par la population. Et pour cause : les populations étaient fatiguées des exactions des terroristes. L’arrivée des militaires a ainsi été perçue comme un soulagement. Etant des hommes de terrain, l’espoir était permis et l’on espérait le meilleur et pour soi, et pour les autres.  Une centaine de jours après, c’est plutôt la désillusion qui gagne les cœurs et les esprits. La situation sécuritaire, non seulement ne s’est pas améliorée, mais elle semble même s’aggraver. A preuve, pas plus tard que le 25 mai dernier, une attaque perpétrée à Madjoari dans la région de l’Est, a fait une cinquantaine de morts. Si fait que depuis l’avènement du MPSR, on dénombre plus de six cent attaques terroristes ayant coûté la vie à plus de six cent soixante-sept personnes. Pendant ce temps, les militaires au pouvoir ne donnent pas l’impression de vouloir s’impliquer réellement dans la lutte contre le fléau. Ils semblent plutôt intéressés par des postes de gestion et de pouvoir dans le confort des salons, que de prendre la tête de colonnes de baroudeurs pour aller ferrailler contre les fous de Dieu sur le terrain. C’est, en tout cas, ce que laissent entrevoir les nominations au sein de l’Administration.  L’impression se fait que les autorités n’ont pas réellement pris conscience de l’étendue du drame. On discute de primes et de leurs accessoires plutôt que d’engagement et de patriotisme. Or, la situation que vit le pays ne peut pas se régler à coup de primes et d’avantages octroyés. Bien au contraire, celui qui obtient des avantages matériels cherchera plutôt à se préserver pour en jouir, que de prendre le risque de perdre la vie dans un champ de bataille.

 

Les militaires doivent tout faire pour respecter leur engagement

 

Seuls le sens de l’honneur  et le patriotisme peuvent être les vrais indicateurs dans cette lutte. Et le chef de l’Etat devrait donner l’exemple. On aimerait bien voir le président Damiba lui-même au front, non pas pour de simples visites encadrées et médiatisées, mais pour prendre la tête du commandement comme l’avait fait avec succès l’ancien président tchadien Idriss Déby Itno, dans la lutte contre Boko Haram. Quel est ce soldat ou cet officier qui resterait en retrait s’il voyait son chef à l’œuvre dans les steppes du Sahel ou dans les savanes de l’Est ?  Rien que le week-end passé, on a dénombré une cinquantaine de pertes en vies humaines du fait du terrorisme. Certains Burkinabè en viennent à se demander pourquoi finalement les militaires ont pris le pouvoir si c’est pour ne pas faire mieux, en matière de sécurité, que le régime du président Roch Kaboré.  Nous sommes lentement mais sûrement en train d’entrer dans la saison pluvieuse. Les paysans ont besoin d’être rassurés sur le plan sécuritaire pour entreprendre les travaux champêtres avec sérénité. Déjà, les prix des denrées alimentaires ont connu des augmentations progressives ces derniers mois. La récente augmentation du prix des hydrocarbures est venue renchérir davantage le coût de la vie. Si l’insécurité empêche l’agriculture dans certaines localités, l’insécurité alimentaire sévira davantage l’année prochaine. Dans un tel contexte où une insécurité alimentaire aggravée pourrait se joindre à l’insécurité générale, avec les prix des produits qui grimperont davantage, il serait difficile de prévoir la réaction des populations.  Les autorités de la Transition se doivent de prendre réellement conscience de l’état de la situation pour ne pas se laisser surprendre par la tournure des évènements. Les militaires ont pris le pouvoir dans le but de régler le problème sécuritaire. Ils doivent tout faire pour respecter leur engagement. A défaut, il reviendra au peuple de les y contraindre en leur indiquant le chemin de l’honneur et du patriotisme.

 

« Le Pays »

 

 

 


Comments
  • Le problème est tellement profond et divers dans ses racines qu’il est illusoire de croire que l’on peut gagner la lutte contre le terrorisme par les armes. A problème divers par ses racines, il faut des solutions.

    27 mai 2022
  • C’est la une redaction complêtement occidental.nousavons besoind’une ideologie nationnale constructive galvanisante raisonnable.

    2 juin 2022

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