60E ANNIVERSAIRE DE L’ACCESSION DE L’ALGERIE A LA SOUVERAINETE : Une indépendance méritée et toujours affirmée
Le 5 juillet 2022 a marqué le soixantième anniversaire de l’accession de l’Algérie à la souveraineté. Sur le continent africain, s’il y a une indépendance qui a été méritée, c’est bien celle de l’Algérie. On pourrait parler aussi des indépendances de l’Angola, du Mozambique, de la Guinée-Bissau, de la Namibie et du Soudan du Sud entre autres. Mais celle de l’Algérie est la première. L’exemple algérien a inspiré et suscité des mouvements de lutte un peu partout en Afrique. Il a même précipité les indépendances des pays d’Afrique francophone, car le général De Gaulle, alors à la tête de la France, ne souhaitait pas une reproduction du cas algérien dans les colonies d’Afrique noire. Le premier coup de feu fut tiré le 1er novembre 1954 par le Front de libération nationale (FLN) qui s’est inspiré de la lutte du peuple vietnamien. Jamais une lutte de libération ne fut aussi âprement disputée en Afrique. La France y jeta une grande partie de sa puissance de frappe et de nuisance, et les Algériens payèrent un lourd tribut, mais sans jamais désespérer. Les exactions et les tortures furent parfois atroces, de part et d’autre d’ailleurs, mais plus dans le camp algérien, car en connaissance de cause, la France y avait envoyé des officiers des plus cruels. La détermination des Algériens finit par contraindre les autorités françaises à la négociation. Ainsi, à la suite des accords d’Evian du 18 mars 1962, un référendum d’autodétermination approuvé par 99,72% des voix, décidait de l’indépendance du pays, après cent trente-deux ans de colonisation française. Cela dit, les festivités du 60e anniversaire se déroulent dans un climat intérieur apaisé.
Souhaitons aux Algériens de savoir tirer les leçons des soixante années passées
Le Hirak qui menait un mouvement de contestation pour le changement, semble avoir marqué le pas. Sur le plan extérieur cependant, les relations restent tendues avec le Maroc voisin, alors même que ce pays a été un allié de poids dans la lutte des Algériens pour l’indépendance. Une question se pose. La lutte armée déclenchée par le FLN, était-elle incontournable ? Ceux qui ont déclenché la lutte étaient d’abord des partisans de Ahmed Massali Hadj qui, depuis les années 1930, avait engagé une lutte civile et pacifique pour l’émancipation du peuple algérien, et ensuite pour l’indépendance. Les ténors du FLN trouvaient que les résultats tardaient à venir et qu’il n’était plus question d’attendre. S’ensuivit alors la rupture avec Messali Hadj. La lutte armée a-t-elle accéléré l’indépendance ? C’est fort possible. Quoi qu’il en soit, le mouvement de Messali Hadj prenait tellement d’ampleur qu’il aurait aussi pu conduire à l’indépendance avec les violences en moins. On a vu l’exemple en Inde où le mouvement pacifique et pacifiste de Gandhi, a conduit le géant indien à l’indépendance. On peut citer aussi le cas des Etats-Unis où, contrairement au mouvement des Black Panthers qui prônaient la violence contre les Blancs et qui n’ont pas obtenu de résultat significatif, c’est plutôt le mouvement pacifiste du pasteur Martin Luther King qui a obtenu l’abolition de la ségrégation raciale et l’égalité entre Blancs et Noirs. La lutte armée a sans doute eu un rôle positif, notamment dans l’affirmation de l’autorité de l’Etat algérien et de la souveraineté de l’Algérie. Mais elle a aussi provoqué des situations irréparables comme les nombreuses pertes en vies humaines, les tortures qui ont laissé des personnes handicapées à vie et démoralisées. En outre, cette lutte a conduit beaucoup en exil, des Français alors établis en Algérie aussi bien que des Algériens de souche. Autant de pertes pour la redynamisation de l’économie. Sur le plan économique, des pans entiers ont été ravagés et il a fallu des années et des ressources pour les reconstruire. Sur le plan politique, les barons du FLN se sont érigés en seigneurs, contrôlant l’Administration et l’économie, et générant une bureaucratie lourde, corrompue et inefficace. Le cas algérien peut servir de phare aux peuples africains dans leurs luttes d’émancipation et pour le développement. Faut-il des résultats spectaculaires, immédiats et parfois illusoires ? Ou faut-il engager des méthodes et des stratégies éclairées pouvant aboutir à des résultats moins spectaculaires et moins immédiats peut-être, mais sûrement plus adaptés et permanents ? En tout cas, souhaitons aux Algériens de savoir tirer les leçons des soixante années passées pour, au-delà des festivités du moment, jeter de nouvelles bases pour un meilleur rayonnement de leur pays.
Apolem