PRIVATISATION DE L’AEROPORT DE OUAGADOUGOU : Les syndicats mettent en garde les futures autorités
Les autorités de la transition prenaient le 4 décembre dernier, un décret portant annulation de la privatisation de l’aéroport international de Ouagadougou et de ce fait, annulaient la visite de l’aéroport que devraient effectuer les candidats investisseurs présélectionnés. Afin que cette décision soit pérenne, la Confédération syndicale burkinabè, l’Organisation nationale des syndicats libres (ONSL) et le Syndicat unique de météorologie et de l’aviation civile (SUMAC) ont conjointement animé une conférence de presse dans la matinée du 20 janvier 2015, pour mettre en garde les autorités à venir sur d’éventuelles velléités de remettre en cause la décision du gouvernement de transition de ne plus privatiser l’aéroport international de Ouagadougou. Ils ont aussi révélé les raisons non fondées, à leur avis, que le gouvernement du régime Compaoré avait avancées pour privatiser ce patrimoine national.
La Confédération syndicale burkinabè (CSB), l’Organisation nationale des syndicats libres (ONSL) et le Syndicat unique de météorologie et de l’aviation civile (SUMAC) restent mobilisés pour la défense du patrimoine aéronautique national et n’entendent pas reculer face à de quelconques intimidations et pratiques mafieuses qui viendraient à empiéter son fonctionnement. C’est ce qui est ressorti de la conférence de presse qu’ils ont animée, le 20 janvier dernier à la Bourse du travail de Ouagadougou et dont l’objectif principal était de mettre en garde les autorités à venir sur d’éventuelles velléités de remise en cause de la décision du gouvernement de transition de ne plus privatiser l’aéroport international de Ouagadougou. Selon Paul Kaboré, Secrétaire général de l’ONSL, « la défunte IVe République avait utilisé tous les artifices mafieux » afin de privatiser l’aéroport de Ouagadougou, et celui de Bobo-Dioulasso et ce, depuis 1997. De ses explications, la dernière tentative qui en était la 3e, visait la privatisation de l’aéroport international de Ouagadougou par la mise en place d’une Société d’économie mixte (SEM) dont les bénéficiaires étaient l’aéroport de France et celui de Marseille. Etant le seul qui présente un rendement économique permettant un soutien à l’ensemble du secteur de l’aviation civile, l’aéroport international de Ouagadougou, a-t-il soutenu, était le plus visé pour la privatisation. Cette privation visait la liquidation pure et simple des entités administratives que sont : l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC), la Direction générale de la météorologie (DGM), la Délégation aux activités aéronautiques nationales (DAAN) et la Régie administrative chargée de la gestion de l’assistance en escale (RAGGAE).
Pourquoi le régime Compaoré tenait tant à la privatisation de l’aéroport international de Ouagadougou ?
Face à cet entêtement du régime Compaoré, a-t-il dit, les organisations syndicales avaient demandé des explications. « Les explications qu’ils nous ont données étaient fallacieuses et sans intérêt», a révélé Olivier Guy Ouédraogo, président du mois des Centrales syndicales. A son avis, pour que les travailleurs de l’aviation civile puissent mordre à l’hameçon, le régime Compaoré avait avancé les raisons que les organisations syndicales étaient contre la construction du nouvel aéroport à Donssin. « Ce qui n’était pas le cas », a rétorqué M. Ouédraogo, pour qui, cette privatisation visait à remplir les poches d’un clan. Et Soumeila Barry, Secrétaire aux revendications du bureau exécutif national du SUMAC, de faire savoir que le régime Compaoré avait pris des engagements formels, irréversibles et irrévocables qui précisaient que dans cette opération (NDLR : privatisation de l’aéroport international de Ouagadougou), il n’y aurait ni licenciement, ni diminution de salaires ou d’avantages du personnel. Mais après investigations, a-t-il révélé, il est ressorti que l’Etat avait cédé à l’exigence des bailleurs de fonds en vue de la construction de l’aéroport de Donssin. « Ces bailleurs exigeaient que l’Etat burkinabè privatise l’aéroport international de Ouagadougou en leurs noms afin de bénéficier de leurs financements pour la construction de l’aéroport de Donssin », a-t-il indiqué. Ce qui n’était pas possible, a-t-il poursuivi, car après études de faisabilité, tout le personnel était unanime sur la construction de l’aéroport de Donssin mais pas à condition de privatiser l’aéroport international de Ouagadougou. Pour donner de la voix, lui et ses camarades ont mené des luttes à travers des correspondances de protestation et de dénonciation et par des grèves et des boycotts des assises du Comité interministériel pour la mise en place de la société d’économie mixte chargée de la gestion de l’aéroport international de Ouagadougou (CISEMAIO). Toute chose qui a permis d’aboutir à l’abandon pur et simple du projet par le gouvernement de transition, d’où le décret No 2014-2523/PM/CAB du 4/12/2014 portant interdiction de la privatisation de l’aéroport international de Ouagadougou.
Mamouda TANKAONO