INVESTITURE DU PRESIDENT ANGOLAIS : Que fera Joao Lourenço de son dernier mandat ?
A l’issue des élections générales du 24 août dernier en Angola, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) du président sortant, Joao Lourenço, a été déclaré vainqueur avec 51,17% des voix, devant l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) du charismatique leader de l’opposition, Adalberto Costa Junior, qui a recueilli 43,95%. En tant que leader et tête de liste du parti sorti vainqueur de ces élections, Joao Lourenço se voit ainsi reconduit, aux termes de la Constitution, à la tête de l’Etat pour un second mandat de cinq ans. Son investiture a lieu aujourd’hui 15 septembre 2022, avec sa prestation de serment prévue ce jour-même à Luanda. La question que l’on se pose est celle de savoir ce que fera Joao Lourenço, de son dernier mandat constitutionnel. La question est d’autant plus fondée que tout porte à croire que c’est plus en raison de l’assise nationale de son parti, le MLPA, qui gouverne le pays depuis l’indépendance acquise en 1975 que par son propre charisme et son aura, que le président sortant a été reconduit à la tête de l’Etat.
Ce second mandat apparaît pour lui, comme une deuxième chance pour redresser la barre de sa gouvernance
En tous les cas, cette victoire étriquée et sur le fil du rasoir, qui, soit dit en passant, voit le MPLA perdre sa majorité des deux tiers qui lui donnait les coudées franches et l’oblige à présent à composer avec l’opposition, doit attirer l’attention du président élu sur la nécessité de comprendre que le parti au pouvoir est aujourd’hui en perte de vitesse. Une situation qui a de quoi interroger, et le leader qu’il est, et le parti lui-même. Surtout si ces résultats devaient être la traduction d’un vote sanction qui laisserait à penser que son premier mandat à la tête de ce géant pétrolier africain, était loin de répondre aux aspirations de ses compatriotes dont une large frange avait déjà pris en grippe son prédécesseur et ancien leader du même parti, le défunt président Eduardo Dos Santos, accusé de pillage des ressources et de gestion clanique du pays sur fond de corruption érigée en système de gouvernance. Mais Joao Lourenço comprendra-t-il le message de son peuple ? S’astreindra-t-il à cette nécessaire autocritique qui devrait l’amener à rectifier le tir ? On attend de voir. Toujours est-il que ce second mandat apparaît pour lui, comme une deuxième chance pour redresser la barre de sa gouvernance et mieux repositionner son parti sur l’échiquier politique national. Car, si son affranchissement, au cours du mandat écoulé, de son mentor de prédécesseur avait suscité des espoirs au sein des populations, tout porte à croire que les Angolais en attendaient plus de ses promesses de campagne, surtout en matière de lutte contre le népotisme et la gangrène de la corruption.
Quant à l’opposition angolaise, le changement attendra certainement encore mais l’avenir s’annonce prometteur
C’est dire si pour son deuxième mandat, les défis restent entiers pour Joao Lourenço dans ce pays à fort potentiel, riche en ressources naturelles mais confronté à de graves difficultés économiques et où les disparités sociales tutoient les sommets entre les riches comme Crésus et les pauvres comme Lazare dont la majorité, en 2020 déjà, vivaient avec moins de 2 dollars par jour. Ce deuxième mandat sonne donc pour le successeur de Eduardo Dos Santos comme une interpellation à faire mieux aussi bien économiquement, politiquement que socialement pour améliorer qualitativement, dans ce contexte d’inflation galopante, de vie chère et de persistance du chômage, les conditions de vie de la grande majorité des Angolais qui ne profitent pas toujours des fruits des richesses immenses et variées de leur pays. Ce n’est certainement pas pour rien qu’un pays comme la France, s’est empressé de féliciter le nouvel élu de ce pays lusophone où le locataire de l’Elysée envisage déjà une visite d’ici quelques mois. Et cet exemple est loin d’être un cas isolé. Quant à l’opposition angolaise, le changement attendra certainement encore mais tout laisse croire que si elle parvient à consolider son unité et à maintenir la flamme et la dynamique de la mobilisation populaire, l’avenir s’annonce prometteur. Et elle pourrait faire connaître à ce pays, la première alternance de son histoire dans des délais peut-être insoupçonnés. Et c’est tout le mal dont a besoin de souffrir la démocratie qui se veut par essence le pouvoir du peuple, pour le peuple et par le peuple.
« Le Pays »