DRAME AU CENTRE NATIONAL HOSPITALIER UNIVERSITAIRE (CNHU) DE COTONOU : Une malheureuse occasion pour repartir du bon pied
Emotion, incompréhension et colère des parents suite au décès de quatre patients admis au service réanimation au Centre national hospitalier universitaire de Cotonou. Dysfonctionnement ? Laxisme ? Négligence ? Autant de questions que bon nombre de Béninois se posent suite à ce drame. On se souvient déjà qu’une tragédie similaire s’était produite, il y a de cela trois mois, dans un centre hospitalier au Sénégal, entraînant la mort de plusieurs enfants. Ce n’est pas une fatalité que la survenue de tels drames dans nos hôpitaux en Afrique, même si ces malheurs cachent mal, bien souvent, des problèmes de gouvernance. En effet, pour éviter ce genre de situations, il faut tout simplement que ceux qui sont chargés de la gestion de ces centres sanitaires, fassent montre de discipline et de rigueur dans l’exécution de la lourde mission à eux confiée. Ce qui est parfois loin d’être le cas, du fait de la corruption rampante. En tout état de cause, les centres hospitaliers universitaires en Afrique ne doivent plus être des mouroirs par la faute humaine, mais plutôt des lieux où l’on se rend pour recouvrer la santé et en ressortir le sourire aux lèvres.
Au-delà de ces décès, se pose la problématique de la qualité des infrastructures sanitaires dans les centres hospitaliers africains en général
Cela dit, on peut, d’ores et déjà, saluer la promptitude avec laquelle le gouvernement béninois s’est saisi de ce dossier afin d’y apporter la lumière. On espère que dans les jours ou semaines à venir, les responsabilités seront situées et que les coupables seront identifiés et jugés. Toujours est-il qu’on a du mal à admettre que des patients puissent perdre la vie en raison d’une panne d’électricité. Pour un secteur aussi sensible et vital que celui de la santé, ce serait grave si dans la structure sanitaire où s’est produit le drame, l’on découvrait qu’aucune disposition technique n’a été prise pour parer au plus pressé, notamment en cas de coupure d’électricité ou de délestage. Au moment où nous traçions ces lignes, quatre présumés coupables avaient déjà été mis aux arrêts et les enquêtes se poursuivent. Au-delà de ces décès, se pose la problématique de la qualité des infrastructures sanitaires dans les centres hospitaliers africains en général et dans ceux du Bénin, en particulier. En effet, nombreux sont les centres hospitaliers en Afrique, qui sont dépourvus de plateaux techniques de qualité. Souvent, le minimum qui existe n’est malheureusement pas renouvelé après plusieurs années d’utilisation. Ce qui n’est pas sans conséquences graves. Peut-être qu’une fois que la lumière sera faite sur cette affaire, le Bénin accordera beaucoup plus d’attention à ses centres sanitaires. En attendant, il faut croire que face à la gravité de la situation, le président Patrice Talon donnera un coup de pied dans la fourmilière en sanctionnant toute la chaîne de responsabilités. Il le faut d’autant que malheureusement, en Afrique, nos hauts responsables n’ont pas la culture de la démission. Ils préfèrent s’accrocher aux privilèges que leur confère le poste qu’ils occupent, même quand survient l’irréparable qui ne manque pas de les éclabousser. C’est la triste réalité. En tout cas, le peuple béninois piaffe d’impatience de savoir ce qui s’est passé et qui en sont les responsables .
Ben Issa TRAORE