BAMAKO ET IYAD ENGAGES DANS LE MEME COMBAT CONTRE L’EIGS AU MALI : Attention à l’effet boomerang !
Il y a quelques jours, c’est à Menaka qu’il se faisait voir aux côtés de notables touaregs, au moment où des informations indiquaient qu’il y était aussi pour le recrutement de nouveaux combattants. En fin de semaine dernière, c’est dans la région de Kidal que sa présence a été signalée. Lui, c’est Iyad Ag Ghali, le célèbre chef djihadiste malien dont la tête a été mise à prix par les Occidentaux. Il est aussi le patron du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) qui sévit au Sahel et poursuit son rêve d’y installer un califat. Dans la région de la ville rebelle du Nord où il a été aperçu, il est allé à la rencontre des groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger. L’objectif de ce rapprochement est de dessiner les lignes d’un front commun contre l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), le grand groupe rival dont la branche sahélienne est à l’offensive depuis quelques années pour le contrôle de territoires dans ladite région. C’est dire si pour Iyad Ag Ghali, l’ennemi numéro 1 est l’EIGS qu’il ne veut pas voir, même en peinture, depuis qu’ils sont entrés en guerre ouverte en 2020, après quelques années de coexistence pacifique.
Certains pourraient se demander si Iyad Ag Ghali ne joue pas le rôle de cheval de Troie pour Bamako
Tout comme Bamako pour qui le défi sécuritaire contre l’envahisseur islamiste engagé dans la guerre totale et dure, reste la priorité des priorités. De là à voir de possibles voies de convergences dans le combat de Bamako contre l’hydre terroriste en général et l’EIGS en particulier, et celui du chef rebelle touareg dont la position reste toutefois encore à clarifier par rapport à la possibilité de négociations avec le gouvernement malien, il y a un pas que d’aucuns pourraient allègrement franchir. Et dans le cas d’espèce, certains pourraient même se demander si Iyad Ag Ghali ne joue pas le rôle de cheval de Troie, pour mieux combattre l’EIGS dans cette partie du Mali, pour Bamako qui s’est vu reprocher par ces mêmes groupes armés du Nord signataires de l’Accord d’Alger et regroupés au sein du Cadre stratégique permanent (CSP), « son absence persistante de volonté politique », dans la mise en œuvre desdits accords. Certains groupes menaçant même de reprendre les armes. Toujours est-il qu’en décembre dernier, ces groupes armés membres du CSP avaient suspendu, par voie de communiqué, leur participation aux instances de suivi de l’accord de paix d’Alger pour faire suite à leur demande d’une « réunion d’urgence » avec le gouvernement de Bamako « en terrain neutre ». Ceci expliquerait-il ce rapprochement de Iyad Ag Ghali avec ces groupes armés ? Bien malin qui saurait répondre à cette question. En attendant, ce sont autant de signaux qui sonnent comme une vive interpellation pour Bamako, dans la gestion du délicat dossier de cet accord de paix d’Alger qui, s’il n’est pas pris par le bon bout, pourrait avoir de fâcheuses conséquences comme ce genre de liaisons ou de connexions potentiellement dangereuses pour le Mali.
Rien ne dit que le grand chef islamiste ne se retournera pas contre Bamako
Car, en sonnant la mobilisation contre l’EIGS dans le Nord du Mali, Iyad Ag Ghali fait, certes, quelque part le jeu de Bamako aujourd’hui en délicatesse avec les groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger. Mais attention à l’effet boomerang ! Car, en se renforçant contre l’EIGS, Iyad Ag Ghali vise non seulement à réduire l’influence et la voilure d’un rival gênant. Mais il faut aussi croire que dans le même temps, c’est pour faire prendre davantage de galons à son mouvement s’il ne nourrit pas l’ambition secrète de renforcer son leadership en se présentant comme un interlocuteur incontournable dans la résolution de cette crise malienne. Même si l’on peut soupçonner, à un moment où à un autre, quelques accointances avec les autorités de la transition malienne dans leur quête de voies et moyens pour stabiliser le pays, rien ne dit que le grand chef islamiste connu pour sa versatilité suivant que les vents des confrontations sur le terrain lui sont favorables ou pas, ne tournera pas casaque ou ne se retournera pas contre Bamako quand il aura le sentiment d’être suffisamment fort pour continuer son combat seul. En tout cas, on ne le voit pas renoncer à son califat auquel il semble tenir comme à la prunelle de ses yeux. Encore moins aux principes rigoristes de la charia qui ont fondé son combat à la création du mouvement Ansar Eddine dont il fut le fondateur. Bamako est donc prévenue.
« Le Pays »