AFFAIRE ADJA DE KOMSILGA : Attention à ne pas fragiliser l’autorité de l’Etat !
S’il y a une dame qui, depuis quelque temps, est sous les projecteurs et qui fait tant parler d’elle, c’est bien Amsétou Nikiéma alias Adja Komsilga, du nom de cette guérisseuse traditionnelle basée à Toéghin peul où elle officie. En effet, poursuivie pour des faits de séquestration, coups et blessures et complicité, elle a été placée sous mandat de dépôt le 28 juillet dernier. Mais elle sera libérée manu militari par des hommes encagoulés se réclamant de l’Agence nationale du renseignement (ANR). Toute chose qui a provoqué une véritable levée de boucliers ; les uns et les autres dénonçant « une intrusion grave » dans les affaires de la Justice. Et à la surprise générale, on apprend, par un communiqué du parquet général, qu’Adja, à sa demande, a été finalement incarcérée à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA) pour des raisons de sécurité. En réaction, les magistrats qui avaient suspendu les activités juridictionnelles, ont décidé de lever leur mot d’ordre en attendant de voir ce que donneront les initiatives en cours visant à réaffirmer le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la Justice. Quoique l’on puisse trouver à redire sur le choix du pénitencier où est détenue Adja, il y a lieu de saluer le sens du compromis dont ont fait montre les différentes parties. C’est tout à leur honneur. C’est la preuve qu’il n’y a pas de problème sans solution, à moins que les uns et les autres aient fait le choix du pis-aller. Heureusement, on n’en est pas là. L’Exécutif a mis un peu d’eau dans son vin ; les acteurs de la Justice ont aussi accepté de diluer le leur.
Sachons raison garder pour ne pas en rajouter à nos problèmes
Pour moi, l’incident lié à ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Adja Komsilga, n’aurait même pas dû avoir lieu. Car, notre pays a tellement de problèmes qu’il ne peut pas se permettre de surdimensionner un fait divers au point d’en faire une affaire d’Etat. S’il y a actuellement une priorité pour le Burkina, c’est de travailler à bouter hors de nos frontières ces bandes armées qui, depuis quelques années, sèment la mort et la désolation sur leur chemin. Face à un tel défi, je trouvais risqué et périlleux que le pays se paie le luxe d’ouvrir un autre front en interne. Car, cela renforcerait les clivages et pourrait favoriser l’action de l’ennemi qui sait judicieusement exploiter la moindre faille qui se dessine. Voyez-vous ? Nous devons canaliser nos énergies pour libérer notre pays plutôt que de les gaspiller dans des débats inutiles. Cela dit, je souhaite que l’Exécutif mette tout en œuvre pour garantir l’indépendance de la Justice qui est et demeure le pilier de l’Etat de droit. S’il y a des éléments dont dispose l’ANR, qui peuvent porter atteinte à la sûreté de l’Etat, le bon sens commande de mettre la forme dès lors que le dossier se retrouve entre les mains du juge. Car, pour moi, la séparation des pouvoirs n’exclut nullement la collaboration. On peut coopérer sans marcher sur les platebandes des uns et des autres. Je le dis parce que quand l’Exécutif et le judiciaire passent le temps à se disputer, c’est l’autorité de l’Etat qui en prend un sérieux coup. Toute chose qui n’augure rien de bon dans un pays où l’incivisme et la défiance de l’autorité ont pignon sur rue. Voyez-vous ? Sachons raison garder pour ne pas en rajouter à nos problèmes. Car, le Burkina n’aspire qu’à une seule chose : la paix.
« Le Fou »