HomeLa chronique du fouEDUCATION : Ne pas fermer les yeux sur de mauvaises pratiques dans le privé

EDUCATION : Ne pas fermer les yeux sur de mauvaises pratiques dans le privé


Nos gosses et leurs enseignants ont repris le chemin des classes depuis le 1er octobre 2024.  Comme pendant une grossesse, c’est parti pour 9 mois environ de stress, de sueur, d’insomnie, de peine, de joie, pour l’ensemble de la communauté éducative. L’avenir d’une nation se construisant par l’éducation des enfants, je souhaite, moi Fou, que chaque acteur de la communauté éducative joue pleinement son rôle pour faciliter l’apprentissage de nos élèves. Aujourd’hui, dans mon adresse hebdomadaire, j’ai choisi de m’adresser à l’Etat burkinabè sur la situation de l’éducation dans le privé, qui devrait interpeller plus d’un.  En effet, à l’occasion de cette rentrée scolaire 2024-2025, j’ai écouté plusieurs récriminations formulées à l’encontre de l’éducation dans le privé. Il s’agit notamment de l’augmentation des frais de scolarité. Sans projets d’amélioration des conditions d’études et d’enseignement, des fondateurs d’écoles et d’établissements ont majoré les frais. Et cela, dans un contexte où beaucoup de parents tirent le diable par la queue et où même, d’autres ont fini, à force de la tirer, par arracher la queue du diable. A vrai dire, la pilule aurait été plus facile à avaler par les parents, s’il y avait des perspectives d’amélioration des conditions d’étude des enfants. Je ne vais pas tourner autour du pot, une telle situation me met hors de moi-même quand je vois comment des parents d’élèves triment, dans la crise actuelle que vit notre pays, pour joindre les deux bouts. Et ce n’est pas tout. Car, en matière de prise en charge salariale des enseignants dont le niveau est parfois sujet à débat, c’est la misère.

 

Seul l’Etat dispose de moyens pour recadrer les mauvaises pratiques

 

C’est à peine si beaucoup de ces enseignants qui détiennent l’avenir des enfants dans le privé, ont le SMIG dans le mois, c’est-à-dire 45 000 F CFA. A cela, il faut ajouter le fait que la couverture sociale, comme la déclaration à la CNSS, soit le dernier des soucis de ces fondateurs. Même des établissements qui bénéficient des frais de scolarité des parents, de l’appui conséquent des partenaires extérieurs, ne proposent pas mieux à leur communauté éducative. Ainsi, pour diverses raisons objectives, des parents sont contraints d’inscrire et de maintenir leurs enfants dans cette promiscuité. Moi, Fou, je m’interroge. Quelle éducation peut-on donner aux enfants dans une telle précarité ? Quelle marge de manœuvre pour des parents face à l’augmentation continue des frais de scolarité dans ce contexte de difficultés économiques ? Quel regard l’Etat peut avoir sur les établissements privés aux fins de les aider à mieux contribuer à relever les nombreux défis de l’éducation ? Certes, je ne peux espérer, hic et nunc, obtenir des réponses à ces questions. Mais je suis convaincu d’une chose : seul l’Etat dispose des moyens pour recadrer les mauvaises pratiques. Car, il faut le dire, l’une des causes de certains manquements dans l’enseignement privé, réside dans la libéralisation à outrance du secteur dans lequel des esprits fondamentalement mercantiles se sont engouffrés pour faire des affaires au détriment de l’éducation des enfants.  Cela dit, moi, Fou, je ne cherche pas à jeter l’anathème sur l’enseignement dans le privé qui, il faut le reconnaître, occupe une place essentielle dans le système éducatif. Grâce à l’apport du privé, beaucoup de batailles ont été remportées par notre pays dans le secteur de l’éducation. Pour cette raison, ce privé mérite respect et considération.  Mais, il convient de tirer la sonnette d’alarme pour barrer la route à des mauvaises pratiques qui peuvent saper les efforts de l’Etat et des parents, de faire des enfants du Burkina Faso, un vivier propice au progrès, au développement économique et social.

 

« Le Fou »


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