L’HEURE AFRICAINE : Il faut arrêter ce cirque!
L’expression est bien connue sous nos tropiques et est même devenue tristement célèbre : l’heure africaine. Moi, Fou, quand j’entends les gens s’exprimer ainsi, je m’interroge. Donc, y aurait-il une heure spécifique aux Africains, qui est différente de celle des autres peuples du reste du monde ? C’est la question que je me pose, confus et dépassé. Je l’admets bien volontiers : du fait des mouvements de rotation et de révolution, comme nous l’avons appris dans les cours de géographie, il y a des décalages horaires observés dans différentes parties de notre planète terre. Sauf qu’il ne s’agit pas de cela. En effet, l’heure africaine dont il est question ici, n’a aucun rapport avec les décalages horaires bien connus. Il s’agit, en fait, d’une expression couramment employée chez nous pour tenter de justifier le laxisme qui est observé autour de la question du respect de l’heure.
Oui, il faut le dire. Nous avons un sérieux problème avec le respect de l’heure. C’est même peu dire. Pour une simple réunion de famille, il s’en trouve toujours des gens qui s’arrangent pour venir en retard. Comme si ces personnes éprouvaient un plaisir particulier à se faire attendre. C’est chez nous que des individus peuvent se pointer à un rendez-vous avec 30 minutes voire une heure de retard. Et ils le font sans gêne et n’éprouvent aucun remords. Le plus écœurant, c’est de voir certaines cérémonies officielles démarrer parfois avec une à deux heures de retard. Tout cela parce qu’il faut attendre des «officiels» avant de commencer. Et tout se passe comme si certains cherchaient à se rendre importants. C’est absurde.
Il n’y a pas d’heure africaine, l’heure c’est l’heure
Je n’ai pas la prétention de donner des leçons à qui que ce soit. Je voudrais juste inviter toutes ces personnes qui ont de telles considérations, à revoir leur copie. Parce que le respect qu’elles cherchent, ne se gagne pas en faisant poireauter pendant des heures, des gens qui ont sacrifié leur temps précieux. Ce respect s’obtient au contraire, par le respect de l’heure qui est aussi une marque d’estime à l’égard de ceux qu’on a en face. Malheureusement, il est déplorable de constater que le phénomène est si profondément ancré dans nos pratiques au quotidien, que le retard semble devenu la norme et le respect de l’heure, l’exception.
Moi, Fou, tout cela me rend malade. J’en ai même honte. Parce que, pendant que nous avons du temps à gaspiller, chez les autres, ‘’time is money’’, comme le disent les anglo-saxons, pour signifier que le temps c’est de l’argent. Chez eux, le temps est précieux et le respect de l’heure est sacré. En tout état de cause, parler d’heure africaine n’a rien d’honorable pour l’Afrique. Parce que cela voudrait dire que nous, Africains, nous sommes laxistes et que nous manquons de rigueur et de sérieux. En tout cas, c’est clair. Il n’y a pas d’heure africaine parce que l’heure, c’est l’heure. Son respect doit être une exigence que tout le monde doit s’imposer, sans exception. Et heureusement, les bons exemples, bien que rares, ne manquent pas. En effet, les Africains ne sont pas tous des retardataires chroniques. Il y en a qui ne transigent pas sur le respect de l’heure. Et parmi ces personnes de rigueur, on retrouve aussi bien des officiels que des personnes ordinaires qui ne tolèrent aucune manquement quant au respect de l’heure. Et moi, Fou, je leur tire mon chapeau.
«Le Fou»