HomeA la uneABANDON DE POURSUITES CONTRE LE VICE-PRESIDENT KENYAN : Pouvait-il en être autrement ?  

ABANDON DE POURSUITES CONTRE LE VICE-PRESIDENT KENYAN : Pouvait-il en être autrement ?  


 

C’est fait. La Cour pénale internationale (CPI) a prononcé un non-lieu en faveur du vice-président kényan, William Ruto, poursuivi pour crimes contre l’humanité depuis 2013. Ainsi en a décidé la Chambre de première instance de la Cour dont les membres se sont réunis, hier, 5 avril 2016. Raison invoquée : l’accusation n’a pas apporté de preuves suffisantes pouvant raisonnablement permettre à une chambre de première instance de déclarer William Ruto et son co-accusé Joshua Arap Sang coupables. En effet, pas moins de 16 à 42 témoins ont changé leur témoignage ou refusé de témoigner, de peur de représailles. C’est dire donc que les juges de la CPI n’avaient d’autre choix que d’annuler les charges qui pesaient contre le vice-président kényan. Car, comme on le dit, en droit, le doute profite toujours à l’accusé, même si celui-ci est réputé pour être un criminel. Alors, qu’on nous dise donc qui a tué les mille et une personnes lors des violences post-électorales de fin 2007 début 2008 ? La question mérite d’être posée quand on sait que la CPI avait déjà annoncé, le 5 décembre 2015, l’abandon des charges contre le président kényan Uhuru Kenyatta, accusé lui aussi de crimes contre l’humanité commis après la présidentielle de 2007.

Pendant que la CPI absout les uns, elle prononce des sentences contre les autres

En tout cas, même si la CPI n’exclut pas de nouvelles poursuites à l’avenir contre le président et le vice-président kényans, les parents des victimes, eux,  n’auront que leurs yeux pour pleurer. D’ailleurs, comment pouvait-il en être autrement, étant donné que Uhuru Kenyatta est au pouvoir et que de ce fait, il dispose de beaucoup de marges de manœuvres pour exercer de fortes pressions sur bien des témoins et des parents de victimes aux fins d’échapper aux fourches caudines de la Justice internationale ? A cela s’ajoute le fait que  le Kenya est connu pour être un allié sûr des Occidentaux, notamment dans le cadre de la lutte contre les Shebabs somaliens qui écument la Corne de l’Afrique. Or, juger les dirigeants kényans risquerait de déstabiliser la sous-région qui, en plus de l’insécurité ambiante, connaît des actes répétés de piraterie maritime. Toute chose qui va à l’encontre des Occidentaux qui ont dû travailler au corps les juges de la plus haute juridiction internationale pour que l’on aboutisse au résultat que l’on sait aujourd’hui. Qu’il avait donc raison, Jean De La Fontaine qui disait ceci :  « selon que vous êtes fort ou faible, les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir ». Et c’est peu dire. Car pendant que la CPI absout à bons comptes les uns, elle prononce sans ménagement des sentences condamnatoires contre les autres.

B.O


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