ABSENCE DES ETALONS A LA CAN 2019 : Les Burkinabè toujours amers
L’absence du Burkina Faso à la CAN 2019 en Egypte met en cause l’encadrement technique des Etalons. Avec en point de mire, le patron du banc, Paulo Duarte dont le parcours suscite, aujourd’hui, des interrogations.
Il y a une semaine que « les Etalons » du Burkina Faso ont été lamentablement écartés de la route menant à la CAN 2019 en Egypte. Au sein des populations burkinabè, l’amertume née de l’élimination, est encore palpable. Par petits groupes, on se ressasse les temps forts du parcours des joueurs de Paulo Duarte durant ces phases de poule. On tente de comprendre ce qui n’a pas marché. Les Burkinabè semblent n’avoir pas digéré la sortie de leur équipe nationale. Dure, dure est l’élimination. Le peuple burkinabè peut nourrir des regrets car si les Etalons ne participeront pas aux phases finales de la plus prestigieuse des compétitions africaines au niveau des nations, c’est bien par leur propre faute. Il y a bien longtemps que les hommes de Paulo Duarte avaient compromis leurs chances. Et cela, à cause d’un parcours indigne de leur statut d’anciens vice-champions d’Afrique. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer. La première :
La gestion des joueurs
Paulo Duarte est accusé d’avoir fait des choix fantaisistes, selon ses humeurs et son orgueil. Les tenants de cette thèse en veulent pour preuve la mise à l’écart de certains joueurs de notre championnat, qui pouvaient impulser une nouvelle dynamique à cette équipe. « La responsabilité de l’encadrement technique est entière dans cette situation car Paulo Duarte a visiblement montré ses limites dans ses choix tactiques et dans la construction du jeu d’équipe, alors qu’il est à la tête de l’encadrement technique des Etalons depuis 2015. Toute chose qui montre qu’il ne maîtrisait pas son groupe », nous a confié Jean Compaoré, un fervent supporter des Etalons très amer après le match contre les Mourabitounes. La pilule est tellement difficile à avaler que certains n’hésitent pas à pointer du doigt, la Fédération burkinabè de football (FBF) et son président, Sita Sangaré, qu’ils accusent de trahison. «L’affront subi par le peuple burkinabè ne doit pas rester impuni. La FBF doit être auditée ; Sita Sangaré et ses amis doivent rendre compte aux Burkinabè à qui ils ont manqué de respect. Ce sont eux qui ont imposé, contre vents et marées, Paulo Duarte à la tête des Etalons. Ils l’ont fait en sachant pertinemment que ce choix ne serait pas du goût des Burkinabè. Ils l’ont fait parce qu’ils savaient que les contestations des uns et des autres n’iraient pas plus loin. Ils ont compté sur le laxisme des Burkinabè, ils ont abusé de leur tolérance…, ils ont abusé de la confiance des Burkinabè. Et cela n’est rien d’autre qu’un mépris total, un manque flagrant de respect envers les Burkinabè, envers tout un peuple », s’est indigné, pour sa part, Abdoul Zoromé. Pour cet autre supporter, Paulo Duarte doit s’expliquer sur ses méthodes et ses choix douteux, après avoir empoché l’argent du contribuable burkinabè. « Les joueurs qui se sont aussi illustrés par leurs mauvais comportements, doivent présenter leurs excuses publiques aux Burkinabè parce que tant que l’on continuera dans ce sens, rien ne nous sera donné ».
Paulo Duarte doit-il continuer ?
C’est une règle universelle en football. Quand une équipe échoue, c’est l’entraîneur qui paye les pots cassés. Et Paulo Duarte ne devrait pas échapper à cette règle. Les Etalons ont déjoué et n’ont pu respecter leur promesse. C’est lui le premier responsable. S’il y a sanction à prendre, il est le premier à être frappé. Mais la FBF ne veut pas s’y engager, quand bien même le limogeage de Paulo Duarte est souhaité par de nombreux supporters des Etalons. La FBF a donc le choix entre la continuité améliorée et le changement radical à l’issue incertaine. Alors, Paulo Duarte doit-il continuer ? C’est une décision qui n’échoie qu’à la Fédération, son employeur. Et non à la rue.
Paulo Duarte a-t-il rempli sa mission ?
Avant les éliminatoires de la CAN 2019, Paulo Duarte affichait un bilan partiel dont il se satisfaisait énormément. Il a suffi de cet échec pour voir que ce parcours ne reposait pas sur du solide. Un bilan qui s’écroule en six matches, au moment où on le voyait se bonifier. « Je suis venu pour la CAN et le Mondial. C’est normal que je sois le premier à être accusé. J’ai des regrets parce qu’on n’a pas pu tenir notre promesse», a-t-il affirmé au sortir du match contre la Mauritanie. En clair, Paulo Duarte n’a pas rempli sa mission.
Paulo Duarte est-il vraiment rigoureux ?
Ce ne sont pas tant les qualités techniques de Paulo Duarte qui ont séduit la Fédération burkinabè de football. Avec les joueurs aux caractères plus ou moins difficiles, elle cherchait plutôt un technicien qui viendrait leur imposer la rigueur. L’instance fédérale a cru trouver cette qualité en Paulo Duarte. Elle s’est trompée sur son compte. Car, Paulo Duarte donne l’impression d’être rigoureux sans vraiment l’être. Il ressort de façon récurrente qu’il a du mal à gérer de grosses têtes comme Alain Traoré et son frère Bertrand Traoré, ainsi que bien d’autres joueurs. Et ses prises de position auraient souvent fait des mécontents dans le groupe. Régulièrement présents à cette compétition depuis 2010, les Etalons seront absents en Egypte au moment où le nombre des pays participants passe à 24. « C’est la fin d’un cycle. L’effectif a besoin d’être relooké. Des erreurs ont été commises. Il faut maintenant tirer les leçons, rebâtir une équipe plus jeune et plus compétitive pour les échéances futures », a résumé avec beaucoup de lucidité Kassim Guiro, un autre fervent supporter des Etalons.
Seydou TRAORE