HomeA la uneACCORD DE PARIS SUR LE CLIMAT : Les fruits tiendront-ils vraiment la promesse des fleurs ?  

ACCORD DE PARIS SUR LE CLIMAT : Les fruits tiendront-ils vraiment la promesse des fleurs ?  


 

Les rideaux sont tombés, le 12 décembre 2015, sur la COP 21 avec à la clef un accord adopté par 195 pays, après plusieurs jours de négociations ardues et laborieuses. De l’avis de tous, cet accord représente un grand tournant dans le cheminement de l’humanité pour apporter des réponses heureuses à la problématique de l’émission des gaz à effet de serre dont les conséquences pour tous peuvent aisément être observées dans tous les continents. Les images les plus parlantes de cette catastrophe écologique dont le principal responsable est l’Homme, sont la fonte des glaciers, le port au quotidien de cache-nez par les habitants de Pékin pour échapper à l’asphyxie collective ou encore la lutte perdue d’avance que mènent courageusement les paysans africains pour sauver leurs terres face à l’avancée du désert. Et ce tableau est loin d’être exhaustif.

Le continent noir a estimé que sa voix a été entendue

La réaction rapide du monde était vivement attendue pour contrer ce désastre écologique. Et l’accord de Paris, peut-on dire, pourra en être une réaction. En effet, celui-ci mentionne l’objectif d’une limitation de la hausse de la température en dessous de deux degrés Celsius dans un premier temps, avec en ligne de mire sa limitation à 1,5 degré. Les textes demandent aussi fermement aux pays développés d’amplifier leurs aides financières en direction des pays les plus exposés aux changements climatiques. Et ces pays, de toute évidence, se trouvent majoritairement en Afrique. Une enveloppe de 100 milliards d’euros de financement par an d’ici à 2020, a été promise à cet effet. Le continent noir a donc estimé que sa voix a été largement entendue. L’on peut par conséquent saluer à leur juste valeur les grandes décisions auxquelles la COP 21 a abouti. De façon générale, le mérite en revient à tout le monde. Mais de façon spécifique, l’on doit l’accouchement de cet accord au savoir-faire de la diplomatie française avec, à la manœuvre, Laurent Fabius. En effet, le Gouvernement de François Hollande n’a ménagé aucun effort pour convaincre les uns et les autres de l’impérieuse nécessité de sauver ici et maintenant la planète. Et cet appel semble avoir été entendu. Et quand on fait une comparaison avec les COP antérieures, force est de reconnaître que celle qui vient de se dérouler chez nos ancêtres les Gaulois, tranche avec toutes les autres. Il faut donc rendre à César ce qui est à César. Dans le même ordre d’idée, l’on peut noter et saluer le travail immense abattu par les associations de la société civile de ce pays qui se sont déjà illustrées dans leur plaidoyer pour tirer la planète de l’abîme écologique. Des associations comme Green peace et des personnalités comme Nicolas Hulot peuvent être citées à titre d’exemples. Un hommage mérité doit donc être rendu à tous ces acteurs de la lutte pour la survie de l’humanité. Et François Hollande a su tirer profit de cette tradition de  militantisme écologique, pour réussir la COP 21. La grande question que l’on peut se poser maintenant est de savoir si les fruits tiendront vraiment la promesse des fleurs. A ce niveau, l’on peut nourrir quelque scepticisme pour les raisons suivantes. D’abord, les promesses collectives n’engagent personne. Et le ton a été donné déjà par le secrétaire d’Etat américain, John Kerry. Ce dernier, en effet, invité à donner son avis sur les promesses de financement des pays vulnérables par les grands pollueurs, a donné une réponse qui n’invite pas à l’optimisme. “C’est bien, mais on verra“, a-t-il en substance dit. Dans le même registre, les grands pollueurs ont tenu mordicus à ce que leur contribution financière annoncée ne soit pas perçue comme une compensation des dégâts qu’ils causent aux autres. Et le jeu de mot n’est pas neutre. En effet, en refusant le terme “compensation“, ils balaient du revers de la main, toute argumentation qui les contraindrait à payer à la hauteur de leur atteinte à la santé de la planète. En lieu et place, ils ont choisi le mot “aide“. Or, dans le cas d’espèce, ce mot est inapproprié.

La France doit peser de tout son poids pour que cet accord soit suivi d’effets palpables et mesurables

Car, il s’agit avant tout, d’une dette morale. Et toute dette a vocation à être payée, que cela plaise ou pas. La deuxième raison qui justifie le scepticisme est liée à l’objectif d’une limitation de la hausse de la température de la terre en dessous de 2 degrés Celsius puis à 1,5 degré mentionné dans l’accord. L’atteinte de ces objectifs commande que dès à présent, les grands pollueurs remettent en cause leur mode de production et de vie par des mesures significatives. Sont-ils prêts à le faire ? A cette question, l’on peut parier que ce n’est pas demain la veille qu’ils feront le choix définitif des énergies renouvelables en lieu et place des énergies fossiles. Cela semble d’autant plus évident que l’exploitation et la commercialisation du pétrole de par le monde, sont le fait de leurs propres compagnies. Et cela, quelque part, contribue à renforcer leur mainmise sur le monde. La dernière raison est liée aux modalités d’utilisation de  la rente promise aux pays africains. Dans l’hypothèse où cette manne viendrait à être mise à disposition de nos dictateurs, il faut craindre qu’elle soit détournée de sa destination initiale pour être utilisée dans le sens de la consolidation de leur régime. Même dans l’hypothèse où cette enveloppe serait gérée par les pays donateurs eux-mêmes, par le biais de leurs coopérants techniques, l’on peut craindre que la part réservée à leur salaire et à l’achat des grosses cylindrées qui doivent les véhiculer, n’engloutissent l’essentiel de l’enveloppe. Pour toutes ces raisons, la France ne doit pas se contenter uniquement de l’adoption de cet accord. Elle doit aller au-delà en pesant de tout son poids et de son honneur pour que cet accord soit suivi d’effets palpables et mesurables. En attendant Marrakech, elle doit s’investir pleinement dans ce sens pour ne pas donner l’impression que toutes les COP se suivent et se ressemblent. Y compris celle de Paris.

« Le Pays »


Comments
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