ACCUSATIONS CONTRE L’ARMEE BURKINABE D’EXECUTION DE 31 PERSONNES A DJIBO
Depuis le 15 janvier 2016, le Burkina est dans l’œil du cyclone des terroristes. Et malgré les efforts des Forces de défense et de sécurité pour sécuriser les populations des zones attaquées, force est de constater que des centaines de Burkinabè ont perdu la vie avec à la clé, près de 700 000 déplacés internes en seulement quatre ans. C’est dire si le pays des Hommes intègres aura payé un lourd tribut au fléau. Et pendant que le président Roch Marc Christian Kaboré s’arrache les cheveux pour chercher des solutions pour bouter hors de ses frontières, l’hydre terroriste, c’est à ce moment que Corinne Dufka, Directrice pour l’Afrique de l’Ouest de Human Rights Watch, a accusé le 20 avril dernier, l’armée burkinabè d’avoir commis des bavures en exécutant une trentaine de personnes à Djibo, l’épicentre du terrorisme au Burkina. Des tueries qui pourraient constituer, aux yeux de l’ONG, des crimes de guerre. Elle invite, par conséquent, les autorités à ouvrir une enquête impartiale aux fins de sanctionner les responsables. De prime abord, l’on peut dire que Human Rights Watch est dans son rôle. Car, toute exécution extra-judiciaire mérite d’être élucidée. Seulement, dans un contexte de lutte acharnée contre le terrorisme, une telle accusation pourrait non seulement saper le moral des troupes engagées dans la traque des individus sans foi ni loi, mais aussi écorner l’image du pays. Reste à savoir qui ont été neutralisés. Et sans vouloir absoudre à bons comptes nos FDS, il faut se rendre à l’évidence qu’elles mènent une mission périlleuse dans une situation complexe. Cela est d’autant vrai qu’elles ont affaire à des ennemis invisibles. Si malgré les efforts déployés, les ingénieurs du mal continuent de tuer d’innocentes personnes parfois sans être inquiétés, c’est parce qu’ils bénéficient souvent de complicités au sein des populations.
Il faut encourager les autorités à investiguer sur les circonstances exactes de la mort de la trentaine d’hommes
Les personnes exécutées étaient-elles des terroristes on non ? Etaient-ce des « collabos » ? Ou tout simplement de pauvres innocents envoyés ad patres ? En tout cas, autant il est facile d’accuser l’armée de présumées exactions contre des civils, autant Human Rights Watch gagnerait à faire autant du côté des terroristes qui sèment la mort et la désolation sur leur passage. Si l’ONG veut que les populations et plus particulièrement les dirigeants du Sahel ne crient pas à la politique du deux poids deux mesures, elle ne doit pas faire non plus l’économie de rapports sur les massacres des terroristes dans l’ensemble des pays meurtris dont le Burkina, le Mali, le Niger, etc. Cela dit, il ne faut ni minimiser ni balayer du revers de la main, les accusations de Human Rights Watch. Car, derrière celles-ci, pourraient se cacher des réalités cruelles et insoupçonnées. Toujours est-il que ces accusations tombent mal pour le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré qui fait désormais face à deux ennemis redoutables : les terroristes et le Covid-19. En tout cas, ces accusations constituent un caillou dans les souliers du président Kaboré qui pourrait vouloir redorer l’image de son armée. Toutefois, aura-t-il vraiment l’esprit et le temps pour se consacrer aux propos de Corinne Dufka? Rien n’est moins sûr dans la mesure où tout le monde semble suspendu au Covid-19. En tout état cause, il faut encourager les autorités à investiguer sur les circonstances exactes de la mort de la trentaine d’hommes dans le Sahel burkinabè.
KABE YALO