HomeA la uneACCUSATIONS DE CRIMES DE GUERRE ET DE CRIMES CONTRE L’HUMANITE CONTRE L’ARMEE MALIENNE  

ACCUSATIONS DE CRIMES DE GUERRE ET DE CRIMES CONTRE L’HUMANITE CONTRE L’ARMEE MALIENNE  


Dans un récent rapport remis aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU par la « Commission d’enquête internationale pour le Mali », composée d’experts internationaux indépendants,  l’armée malienne est de nouveau mise à l’index pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Toutes les autres parties prenantes au conflit dans lequel le pays se trouve depuis bientôt une décennie, en l’occurrence les groupes terroristes, les groupes rebelles du Nord signataires de l’Accord de paix d’Alger  ainsi que la milice dogon Dan Na Ambassagou sont également épinglées dans le même rapport. Mais aussi graves que soient ces accusations, il faut le dire, elles n’émeuvent pas outre mesure au pays de Bah N’Daw où les rapports se suivent et se ressemblent. Il est donc à craindre que le sort réservé à cet énième rapport qui, pour l’instant, n’a pas été rendu public, ne soit pas différent des précédents. Et tout cela pose le problème même de la crédibilité de ces rapports qui, à bien des égards, peuvent ressembler à un parti pris et à de l’acharnement contre les Forces armées maliennes (FAMA).

 

On peut trouver aux FAMA, des circonstances atténuantes

 

 En effet, l’on peut bien se poser la question suivante : quel crédit faut-il accorder à ces rapports qui pleuvent sur les tables des autorités onusiennes et qui accablent  toujours l’armée malienne ?  Pour ce qui est du présent rapport, l’on n’a pas de raisons particulières de douter de la crédibilité des allégations portées à l’encontre de l’armée malienne. Car, les auteurs du rapport semblent avoir pris les devants pour couper court à toute contestation en réunissant des preuves documentées. Du reste, il n’est pas difficile d’expliquer, par des raisons objectives, le laisser-aller dont peuvent se rendre coupables les forces armées maliennes dans leur mission de défense et de sécurisation du territoire national. En effet, payant un lourd tribut dans la guerre qu’elles mènent contre les terroristes, les Forces de défense et de sécurité (FDS) peuvent céder à la tentation des exécutions extrajudiciaires pour assouvir leurs instincts de vengeance ou même recourir à la stratégie de la terreur à des fins dissuasives. Et il faut l’admettre aussi, nos armées qui ont longtemps fait la pluie et le beau temps à travers les régimes d’exception, ne sont pas toujours bien formées au respect des droits de l’Homme, surtout dans le contexte sécuritaire qui est celui du Mali aujourd’hui. Pour toutes ces raisons, personne ne mettrait sa main au feu pour défendre la soldatesque malienne. Mais l’on peut tout de même trouver aux FAMA, des circonstances atténuantes. La première de ces circonstances atténuantes est liée à la nature même de toute guerre.   C’est bien connu, il n’y a pas de guerre propre. Le crépitement des armes a toujours été accompagné de bavures avec leurs lots d’innocentes victimes. La preuve en est que les mêmes accusations sont portées à l’encontre des armées des pays voisins du Mali, en l’occurrence celles du Burkina Faso et du Niger qui se défendent comme elles peuvent dans cette guerre sans front et sans visage.

 

On peut aussi trouver à redire sur l’équité de ces rapports

 

Le cas malien s’en trouve même plus aggravé par la multiplicité des acteurs prenant part au conflit, avec une difficulté réelle de faire la part des choses entre ceux qui agissent avec l’autorité de l’Etat et ceux qui usent du treillis malien comme d’une tenue de camouflage pour mieux assouvir leurs instincts criminels. L’on peut aussi, à la décharge de l’armée malienne,  trouver à redire sur l’équité de ces rapports qui choisissent délibérément de mettre à nu les manquements des militaires en taisant volontairement les exactions de leurs ennemis dont les visages sont parfois bien connus. Ce parti pris, en plus de porter atteinte au moral des troupes engagées dans la lutte contre le terrorisme, peut avoir l’effet indésiré de pousser les groupes présentés comme  des victimes des exactions de l’armée,  à rejoindre certains groupes armés. A contrario, si les rapports présentaient aussi les horreurs à l’actif des groupes terroristes, ils participeraient à l’information et à l’éveil des consciences des populations pour faciliter la traque de ces criminels qui se repaissent du sang des populations. Cela dit, l’on doit cependant se garder de jeter le bébé avec l’eau du bain. Ce dernier rapport sur la table des autorités onusiennes,  comme tous ceux qui l’ont précédé, vaut son pesant d’or.  En effet, il permet de mettre en garde les militaires engagés sur les théâtres d’opérations, en attirant leur attention sur leurs responsabilités individuelles quant aux crimes dont ils viendraient à se rendre coupables. Il permet aussi d’alerter l’opinion sur les crimes que la soldatesque pourrait commettre sous le couvert de la guerre et de susciter la réprobation des populations pour prévenir les graves dérives par rapport aux violations des droits de l’Homme. Mais ce rapport ramène surtout sur la table de la communauté internationale, la problématique de la guerre au Mali et la réponse qui y est jusque-là apportée. Comment comprendre, en effet, qu’avec  toutes les forces militaires déployées au Mali,  en l’occurrence les troupes de la  Mission multidimensionnelle des Nations unies au Mali (MINUSMA), les troupes de la force française Barkhane, les troupes de la mission européenne Takuba, les forces du G5 Sahel, on ne parvienne pas à sécuriser les populations maliennes qui continuent de souffrir le martyre ?  

 

« Le Pays »


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