ADAMA BARROW CHEZ MACKY SALL : La lune de miel continue
Après avoir fait un peu de ménage dans la maison en purgeant l’appareil militaro-sécuritaire de certains ‘’fidèles lieutenants’’ de son prédécesseur, une méthode que nous avons appeléee la ‘’déjamméhisation’’, Adama Barrow actionne son curseur diplomatique. Si en général, la politesse diplomatique commande qu’un nouveau chef de l’Etat effectue sa première visite officielle dans un pays voisin et avec lequel le sien partage des liens socioéconomiques solides, le président Adama Barrow ne crée pas la surprise en prenant son bâton de pèlerin pour se rendre, le jeudi 2 mars 2017, au Sénégal. Tant ces deux pays, ou du moins les deux peuples, hormis les langues de Molière et de Shakespeare qui les différencient, ont tout en commun : des valeurs, des traditions, des pratiques sociales. C’est donc le contraire qui aurait étonné, si Adama Barrow choisissait une autre destination que le Sénégal pour cette première sortie à l’étranger. Mais tout compte fait, cette visite d’Etat du nouvel homme fort de la Gambie à Dakar peut se voir sous trois registres. Il y a d’abord qu’Adama Barrow doit une fière chandelle à Macky Sall. En effet, la forte implication du Sénégal dans ce qui commençait à être une crise post-électorale en Gambie, a permis de limiter les ‘’dégâts’’. En outre, l’on a constaté que depuis son élection, Barrow n’a cessé de donner des gages de bonne volonté pour désamorcer les brouilles diplomatiques qu’il y avait entre son prédécesseur, Yahya Jammeh et le président Sall.
Le rapprochement entre Macky Sall et Adama Barrow est aussi une aubaine
Ce déplacement est donc l’occasion de sortir la coopération bilatérale de la zone de turbulences. Ce d’autant plus qu’il est annoncé la signature de nombreux accords de partenariats économiques. Tout porte à croire que cette visite d’Etat aux allures d’une seconde lune de miel après les honneurs grandioses que le Gambien avait réservés au premier des Sénégalais lors de son investiture et de la fête de l’Indépendance, le 18 février dernier, va permettre aux deux dirigeants de filer le parfait amour pour le bien de leurs peuples. Ont-ils seulement le choix ? Evidemment non, tant qu’il s’agit d’œuvrer au bien-être social de leurs populations, comme principal centre d’intérêt. Certes, le nouveau président gambien a besoin d’un allié de taille comme le Sénégal pour se faire une place dans la géopolitique complexe, mais aussi et sans verser dans le ‘’fétichisme’’, on peut dire que le rapprochement entre Macky Sall et Adama Barrow est aussi une aubaine pour le premier cité de pouvoir tirer les marrons du feu dans la gestion du dossier casamancçais qui a toujours été un goulot d’étranglement pour les différents régimes qui se sont succédé au pays de la Teranga.
La prudence est tout de même de mise. Le successeur de Yahya Jammeh a tout intérêt à faire preuve d’une certaine lucidité dans son penchant pour Macky Sall, pour ne pas donner l’impression d’être le valet de celui-ci. Auquel cas, il ne manquera pas de froisser la fierté de ses compatriotes qui ont pris la responsabilité sur eux de le porter au pouvoir. Quelqu’un n’a-t-il pas dit que la F…, pardon les Etats n’ont pas d’amis mais ils n’ont que des intérêts ?
Drissa TRAORE
