ADMINISTRATION PUBLIQUE AU BURKINA : Journée continue ou journée discontinue ?
Je veux parler d’un sujet qui, actuellement, défraie la chronique au Burkina Faso, pays des Hommes intègres. Il s’agit de la polémique que suscite la Journée continue, en vigueur depuis le 15 septembre 2015. La mesure, je me rappelle, avait été prise par les autorités de la Transition. Et l’objectif recherché était de rendre plus performante notre administration publique. Mais, plus d’un an après l’instauration de la journée continue, où en est le Burkina Faso? Se porte-t-il mieux qu’avant ? Je réponds personnellement non. Car, le constat est là. Et les faits parlent d’eux-mêmes. Je le dis d’autant plus que les 8 heures de travail exigées par jour, c’est peu de le dire, ne sont pas respectées. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un tour dans un ministère quelconque, autour de 9h ou 10h. Car, vous verrez des agents en train de descendre les escaliers pour vaquer à d’autres occupations pendant que d’autres sont en train de garer leurs motos ou véhicules pour commencer le service. Et tenez-vous bien ! Le scénario est le même, jour après jour. Dans ces conditions, je me demande à quoi sert la journée continue. D’autant que bien des services publics, après la pause, restent fermés. Et gare à vous si vous osez vous présenter devant un bureau entre 14h et 15h. Vous risquez d’en prendre pour votre grade, puisque la plupart des travailleurs que vous y trouverez, vous diront que vous dérangez leur sieste. Allez-y comprendre ! C’est la triste réalité, chez nous au Faso. Pour ma part, je pense qu’il y a trop de pagaille dans notre administration publique, si fait que quand vous tentez de raisonner un travailleur, il vous répond en des termes, on ne peut plus insensés : « la Fonction publique, ce n’est le champ de personne ». Voyez-vous, on ne peut pas se développer avec de telles mentalités. Je ne suis pas sûr que si les Français et les Américains raisonnaient ainsi, leurs pays respectifs atteindraient le niveau de développement qui est le leur aujourd’hui. Montrons-nous plus sérieux.
Je ne suis pas un conservateur qui refuse le changement
Je n’ai rien contre la journée continue, pour autant que les gens acceptent de s’appliquer. Seulement, là où je trouve que la journée continue n’est pas sans conséquence, c’est son application à l’école primaire. Et là, j’enfonce une porte déjà ouverte, dans la mesure où les syndicats du monde de l’éducation se sont largement prononcés là-dessus : manque de temps pour réviser les leçons et effectuer les travaux de groupes, retards et absences des élèves devenus fréquents les après-midis, réduction du temps de repos pour les élèves et enseignants, baisse significative du rendement scolaire, le tout aggravé par l’absence de mesures d’accompagnement (cantine scolaire, espace de repos, installations d’hygiène). Autant dire que la journée continue constitue un calvaire pour les élèves et leurs enseignants qui sont amenés à se surpasser, humainement parlant. Je le dis, parce que dans certains établissements scolaires, surtout les plus reculés, il n’y a souvent même pas de fontaine pour que les enfants puissent se désaltérer quand ils ont soif. C’est pourquoi je comprends le cri du cœur des acteurs de l’éducation. Car, les choses se passent comme si on leur demandait l’impossible. Travailler d’accord, mais il faut vivre d’abord. Cela dit, je souhaite que les autorités prennent langue avec tous les acteurs du monde de l’éducation (enseignants, parents d’élèves et élèves eux-mêmes) pour qu’ensemble, ils puissent trouver la bonne formule, s’il y a lieu. A défaut, je préconise tout simplement le retour à l’ancienne méthode. Je ne suis pas un conservateur qui refuse le changement. Loin de là. Je suis par contre réaliste. C’est ce qui fait d’ailleurs ma différence, en plus d’être fou.
« Le Fou »
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