HomeA la uneADRESSE DU CHEF DE L’ETAT A LA NATION  

ADRESSE DU CHEF DE L’ETAT A LA NATION  


Se dérobant à l’habitude qu’il avait prise depuis peu de réagir aux évènements qui affectent la vie de la Nation par des posts sur les réseaux sociaux, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, s’est adressé à son peuple dans une allocution radio- télévisée dans la nuit du 27 juin dernier. Qu’est-ce qui a bien pu pousser le locataire de Kosyam, si avare en mots, à sortir de sa réserve habituelle, pourrait-on se demander ? « Quand on voit une vieille femme courir dans un champ de mil sous un soleil de plomb, soit elle est pourchassée par quelque chose, soit elle pourchasse quelque chose », dit le proverbe. Pour le cas de Roch Marc Christian Kaboré, l’on imagine aisément qu’il se trouvait dans les deux cas de figure. Contraint par les drames à répétition qui ont marqué l’actualité récente de la Nation, notamment le massacre de Solhan et les deux embuscades qui ont coûté la vie à 11 policiers et 2 soldats, l’homme ne pouvait plus se cacher derrière un simple écran de téléphone pour répondre aux inquiétudes des Burkinabè qui commençaient à se demander si le pays était encore dirigé. Mais plus urgent encore, le président du Faso se devait de parer au plus pressé qui est aujourd’hui la déliquescence du climat sociopolitique avec l’interruption du dialogue politique sur fond de revendications sécuritaires sans oublier les manifestations annoncées par les partis politiques de l’Opposition et certaines organisations de la société civile, pour les 3 et 4 juillet prochains. Si ce n’est pas encore l’incendie, il y a néanmoins le feu à la case de Roch et il se devait de réagir, surtout que le risque est grand de voir naître aujourd’hui  une coalition de partis politiques et d’OSC contre son regime.  Mais la question que l’on peut se poser est la suivante : le président du Faso a-t-il pu éteindre l’incendie naissant par son adresse à la Nation ?

 

 

On peut se demander si son appel à l’union sacrée des Burkinabè, sera entendu

 

 

Là-dessus, il n’y a pas de doute. Rien qu’à se référer aux réactions immédiates des internautes après son discours, la réponse est non. La déception est grande car les populations attendaient des décisions fortes qui prouveraient que non seulement, leur président est sensible à leurs préoccupations, mais qui inverseraient les rapports de forces sur le terrain de la lutte contre l’insécurité. Mais en lieu et place de l’annonce d’actions fortes et concrètes, le chef de l’Etat, fidèle à ses habitudes, n’a fait qu’égrener des intentions politiques vagues, sans contenu réel. Et voilà qui vient confirmer les craintes des analystes qui pensent que le pouvoir de Roch est gagné par l’usure et que son gouvernement d’amis est incompétent pour trouver des réponses aux préoccupations des populations. Dans un tel contexte, l’on peut se demander si son appel à l’union sacrée des Burkinabè, sera entendu. Il est, en tout cas, à peu près certain que les partis politiques et les OSC auxquels le président Kaboré demande de surseoir à leurs marches, ne mordront pas à l’hameçon. Et pour cause. Leurs revendications de voir certains ministres débarqués du gouvernement, sont restées sans suite et pire, ils ne voudront pas être comptables de la gestion sécuritaire chaotique du régime MPP en s’associant à d’interminables palabres. Et on les comprend car ils sont bien dans leur rôle : c’est bien au pouvoir, conformément à ses promesses électorales, de trouver les solutions à la crise sécuritaire et non à l’Opposition politique.   En tout état de cause ce qu’il faut désormais craindre, c’est que ce discours du chef de l’Etat ne vienne jeter de l’huile sur le feu. Car, bon nombre de Burkinabè en sont sortis convaincus que le salut ne viendra pas de Kosyam et qu’il faudrait donc que le peuple s’assume. Mais en attendant, Roch Marc Christian Kaboré peut encore prouver que c’est seulement son peuple qui ne l’a pas compris mais qu’il y a bien un chef à la tête de l’Etat.

 

Sidzabda

  


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