HomeA la uneAFFAIRE BERETS ROUGES AU MALI :Que le procès soit à la hauteur de l’instruction !

AFFAIRE BERETS ROUGES AU MALI :Que le procès soit à la hauteur de l’instruction !


L’ancien « homme fort » du Mali, le Général Sanogo, a causé, pendant son court règne à Bamako, beaucoup de dommages au peuple malien. Il a fallu la témérité et la détermination du juge d’instruction, Yaya Karambé, pour révéler au Mali et au monde, l’étendue de ces dégâts. Le courage du magistrat malien, qui lui a valu le satisfecit de Washington, n’a pas faibli un seul instant, dans sa quête acharnée de la vérité dans l’affaire dite des Bérets rouges.

Le mérite du juge Karambé est grand

Il a bien fait sa part de travail ; c’est le moins que l’on puisse dire. Les faits sont implacables : des macchabées ont été sortis des placards, des fosses communes et ont livré leurs secrets. Toute l’Afrique en a été émue et consternée. Les parents des victimes peuvent désormais, en attendant le procès, faire leur deuil. Le Mali peut être fier de l’œuvre d’un de ses vaillants fils. Au-delà du Mali, c’est toute l’Afrique qui doit célébrer l’homme. En effet, sous nos tropiques, l’indépendance du pouvoir judiciaire est un mythe savamment entretenu pour sauver les apparences. En réalité, tout le monde sait que dans bien de nos Etats, la justice donne l’impression d’être à la remorque du pouvoir exécutif. Le requiem du droit a été dit dans la plupart de nos juridictions. Le mérite du juge Karambé est d’autant plus grand qu’il a mené ses investigations dans un contexte où les capacités de nuisance du Général Sanogo et de ses sbires n’étaient pas totalement estompées. Cela dit, le juge Karambé a fait du bon boulot. Il reste à souhaiter que le procès à venir soit à la hauteur de l’instruction et des attentes du peuple malien.

Un procès digne de ce nom aura une portée pédagogique

Ce dernier est donc dans son bon droit de voir le procès de la bande à Sanogo, révéler tous les tenants et les aboutissants de cette affaire qui aura coûté la vie à une vingtaine de Bérets rouges.La balle, peut-on dire, est désormais dans le camp du parquet malien. Il lui reviendra d’apporter la preuve qu’il représente un îlot d’espoir pour les Maliens épris de justice, dans un environnement judiciaire gagné par la corruption et le déni de justice, et ce, en évitant tout règlement de comptes. Ce procès représente donc une épreuve pour la justice malienne, mais également pour le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK). Ce dernier, qui doit son avènement au pouvoir en partie au soutien ostentatoire de l’ancien « homme fort » de Kati, ne sera-t-il pas tenté de faire obstruction à la manifestation de la vérité par devoir de gratitude ? L’on peut souhaiter qu’IBK n’ait pas une telle tentation, car il prendrait le risque d’écorner sérieusement son image et celle du Mali qui a renoué avec la démocratie. Cette renaissance démocratique du pays ne peut pas s’accommoder de l’impunité. C’est pourquoi, rien ne doit empêcher la justice malienne de dire le droit, rien que le droit dans cette affaire. Un procès digne de ce nom des anciens putschistes maliens et de leurs complices, aura une portée pédagogique qui dépassera les frontières du Mali, car une des pathologies de la gouvernance de nos Etats, est sans conteste l’impunité. Celle-ci affecte le pacte social qui lie les membres de la cité. Mais avec des hommes comme le juge d’instruction Yaya Karambé, l’on a des raisons de ne pas désespérer de l’Afrique.

Pousdem PICKOU


Comments
  • Je crois que ce juge mérite toute la reconnaissance de la Nation et de la Démocratie pour service rendu. Il a bravé toutes les peurs pour faire son travail, en dépit de tout. Faire son travail en dépit de tout doit être le sacerdoce de chacun pour assurer développement, justice et équité. Ce n’est seulement à l’Homme Fort de faire ce qu’il pense être son travail au détriment des autres. Il faut rendre compte après le pouvoir.

    20 août 2014

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