HomeA la uneAFFAIRE DES TABLETTES OFFERTES AUX DEPUTES BURKINABE : Mais on est où là ?

AFFAIRE DES TABLETTES OFFERTES AUX DEPUTES BURKINABE : Mais on est où là ?


J’ai suivi avec beaucoup d’attention la polémique sur les 130 tablettes offertes aux députés par l’entreprise chinoise Huawei. Je n’avais pas voulu prendre part à ce débat. Mais au regard de l’ampleur qu’a prise cette affaire, je ne peux m’empêcher de piper mot. Car, en tant que citoyen, je me montrerai irresponsable en ne prenant pas part à un débat qui touche à la vie de ma nation. J’ai écouté les uns et les autres. J’ai aimé et respecté les points de vue des uns et des autres. Et ce qui m’a plu, c’est la liberté de ton qui caractérise la sortie des uns et des autres. Même si je me dois de regretter certains bas propos qui frisent à mon avis l’injure. Non, il faut que l’on se comprenne. La liberté d’expression n’est pas synonyme d’insultes ou d’injures. Non. Je suis contre la bassesse de langage. Car, on peut donner son opinion sur un sujet sans pour autant verser dans l’injure. Dans un Etat de droit, le débat public se mène dans le respect des uns et des autres. Encore que nul n’a le monopole de la vérité. Que cela soit bien compris de tous. Cela dit, cette affaire de tablettes me met personnellement mal à l’aise. Je suis d’autant plus gêné qu’elles ont été offertes par une entreprise qui, dit-on, venait d’obtenir un marché public de l’Etat. En Afrique, comme on le dit, un cadeau ne se refuse pas. Notre éducation ne nous le permet pas. Mais, on sait aussi bien qu’il n’y a pas non plus de cadeau gratuit. Celui

qui donne vise toujours quelque chose, même s’il ne vous le dit pas clairement. C’est une triste réalité.

 

Les députés ont manqué une belle occasion de donner une belle leçon au peuple

 

C’est pourquoi je pense personnellement que nos parlementaires devraient faire preuve de vigilance. Cela d’autant plus que ce sont eux qui, naguère, légiféraient sur la corruption au Burkina Faso, pays des Hommes intègres. Si ma mémoire est bonne, il était dit que tout cadeau dont la valeur excède 35 000 F CFA doit être refusé par tout officiel burkinabè. Cela, afin d’éviter les compromissions. J’aurais même pu comprendre si ces tablettes avaient été offertes à l’Assemblée nationale en tant qu’institution. Mais j’ai ouï dire qu’elles ont été distribuées aux députés. Franchement, je n’ai rien contre nos honorables députés, mais je dis qu’il y a quelque chose d’indécent dans cette affaire. Car, comme le dit l’adage, si la charité bien ordonnée commence réellement par soi, les députés burkinabè ont manqué une belle occasion de donner une belle leçon au peuple. Ce qui est très regrettable. Mes amis, ce n’est pas joli ça. Certes, d’aucuns répondent que ces tablettes ont été offertes au ministère de l’Economie numérique et du développement durable qui, à son tour, a décidé d’en gratifier les députés. Et j’en conviens. Mais que l’on me dise le lien qui existe entre le législatif et l’Exécutif pour qu’on en arrive là. Tout ce que je sais, c’est que les députés ont, entre autres pour mission, le contrôle de l’action gouvernementale. Là aussi, il y a quelque chose d’inélégant dans la forme. A moins que, par ce geste, le gouvernement ne cherche à séduire les députés pour que ceux-ci se montrent complaisants quand viendra l’heure de lui faire certaines observations en rapport avec la gouvernance politique et économique du pays. Mais on est où là ? En tout cas, on ne se croirait pas au Burkina Faso post-insurrection où l’on chante à longueur de journée et de nuit que « plus rien ne devrait être comme avant ». Or, même moi fou, j’ai changé beaucoup mes habitudes pour me conformer à ce nouveau slogan. Mais je me rends compte qu’à l’allure où vont les choses, je risque de devenir le dindon de la farce. Alors, il faut vite quitter dans ça avant que je ne m’énerve.

 

« Le Fou »


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