AFFRONTEMENTS ENTRE L’ARMEE MALIENNE ET LA CMA : La paix passera-t-elle par les armes ?
Les crépitements des armes se font à nouveau entendre dans le Nord du Mali. En effet, depuis le 28 avril dernier, date à laquelle la localité de Ménaka a été retirée au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) par le Gatia, un groupe armé proche de Bamako, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) n’a de cesse de lancer des attaques dans l’espoir de reconquérir ladite localité. Ce mardi 5 mai, c’est Ténenkou, une localité située à une centaine de kilomètres à l’Ouest de Mopti, qui a été visée par une attaque de la CMA, une attaque finalement repoussée par l’armée malienne.
Au vu de la reprise des combats, on ne peut s’empêcher de penser que la paix est en train de s’éloigner définitivement de cette partie du Mali, malgré les efforts que la communauté internationale déploie depuis Bamako pour parvenir à un arrêt des combats. Dans ces conditions, la signature de l’accord de paix d’Alger prévue pour le 15 mai aura-t-elle vraiment lieu ? Ou alors faut-il croire que la reprise des combats a scellé définitivement le sort de cet accord ? En tout cas, à huit jours de ce rendez-vous qui doit marquer un tournant important dans l’histoire du Mali, l’espoir de réunir tous les protagonistes autour d’une même table ne tient qu’à un fil.
Comment alors ne pas se demander si la paix au Mali est vraiment réalisable, s’il
n’est pas écrit quelque part que cette paix passera par les armes ? Le MNLA et ses alliés trouveront en tout cas dans cette reprise des combats, un prétexte de taille pour refuser de parapher l’accord d’Alger. Car il y a fort à parier que tant que ce groupe rebelle n’aura pas à nouveau ramené le rapport des forces sur le terrain en sa faveur, en d’autres termes, tant qu’il ne disposera plus de moyens de pression sur Bamako, il préfèrera la guerre avec tous ses inconvénients, à la paix. Son peuple dût-il en souffrir.
Il n’y a jamais de honte à faire la paix
Seulement, il ne faut pas qu’il se leurre ; Bamako est bien conscient de cet enjeu et si elle a autorisé son allié, le Gatia, à lancer l’attaque qui a conduit à la reprise de Ménaka, c’est bien dans la perspective d’ajouter au soutien diplomatique de la communauté internationale l’avantage sur le théâtre des opérations afin de remporter ce dernier round, non pas aux points, mais par KO technique. Et les tentatives infructueuses de la CMA pour reprendre la main sur le terrain devraient donner à réfléchir aux rebelles. Bamako ne se laissera pas humilier une seconde fois.
Alors, si la paix au Nord-Mali doit passer par les armes, elle se fera au préjudice des irréductibles du MNLA et de leurs alliés de la CMA. Cela dit, on voit mal comment Alger permettra à des têtes brûlées de faire échouer « sa médiation » et perdre de ce fait, toutes les retombées diplomatiques et même économiques qu’elle attend de son implication dans la recherche de la paix au Mali.
On ne serait donc pas étonné qu’elle soit tentée d’apporter un soutien logistique à l’armée malienne, juste pour ne pas « enterrer le cadavre et laisser ses pieds dehors ».
Décidément, ils sont désormais loin, les beaux jours du MNLA. En plus d’avoir la communauté internationale sur le dos et l’armée malienne à ses trousses sur le terrain, ce groupe rebelle doit faire face à une controverse interne et pas des moindres, puisqu’il est contrarié par Mohamed Ag Intallah, le chef traditionnel de la tribu touarègue en personne, opposé comme l’était son défunt père, à la partition du Mali, donc à l’indépendance de l’Azawad.
Quoi qu’il en soit, il n’y a jamais de honte à faire la paix et c’est sans doute dans cette direction que devrait regarder désormais la CMA.
Dieudonné MAKIENI