HomeA la uneAFFRONTEMENTS MEURTRIERS ENTRE AL-BURHAN ET HEMETI POUR LE POUVOIR : Le Soudan entre la peste et le choléra

AFFRONTEMENTS MEURTRIERS ENTRE AL-BURHAN ET HEMETI POUR LE POUVOIR : Le Soudan entre la peste et le choléra


Depuis le déclenchement, le week-end dernier, des affrontements meurtriers entre les troupes de l’armée fidèles au Général Al Burhan et les paramilitaires du Général Mohamed Hamdane Daglo dit Hemeti, pour le contrôle du pouvoir, le Soudan ne fait que compter ses morts. Certaines sources font état de près de deux cents macchabées laissés sur le carreau sans que le décompte funèbre ne soit exhaustif, ainsi que de nombreux blessés qui ne cessent d’affluer dans les hôpitaux. La situation est d’autant plus critique que les populations se trouvent prises au piège de cette lutte pour le pouvoir, entre des frères d’armes qui restaient, jusqu’à hier encore, sourds aux appels à la retenue, dans ce qui apparaît comme un combat à mort dont nul ne saurait prédire l’issue. Une bien triste situation pour le peuple soudanais qui se prépare à célébrer l’un des Ramadan les plus douloureux de son histoire ; toute chose qui en dit long sur les motivations secrètes des protagonistes.

 

Les deux protagonistes semblent beaucoup plus mus par leurs ambitions pouvoiristes personnelles que par le sort des populations

 

Lesquels n’ont pas eu peur du Ciel en décidant de dresser le bûcher contre des populations innocentes qui payent le plus lourd tribut d’une guerre qui est loin de répondre à leurs aspirations plus profondes et qui n’a véritablement pas sa raison d’être. Autant dire que le plus à plaindre dans cette nouvelle escalade de la violence, est le peuple soudanais qui a vu sa révolution contre le dictateur Omar El-Béchir confisquée par l’armée aux ordres du Général Al-Burhan. Un général dont la félonie n’est plus à démontrer et qui fait lui-même aujourd’hui face à la révolte des paramilitaires du Général Hemeti. Autant dire que le Soudan est aujourd’hui entre la peste et le choléra ; tant en déclenchant cette guerre pour le pouvoir à la force du canon, là où le peuple n’aspire qu’à la démocratie, le Général Al-Burhan et son rival Hemeti ne sont pas loin de se présenter comme les deux principaux maux d’un pays à la recherche de ses marques et qui ne cesse malheureusement d’aller à la dérive. Entre les deux, le peuple soudanais saura-t-il trouver le remède à son instabilité ? Rien n’est moins sûr. Tant les deux protagonistes aux ego surdimensionnés, semblent beaucoup plus mus par leurs ambitions pouvoiristes personnelles que par le sort de populations désabusées par l’incurie de la classe dirigeante et en attente d’un véritable messie.  Tout le mal que l’on peut souhaiter au peuple soudanais, c’est de trouver entre les deux le moindre mal, en attendant d’aspirer à mieux au terme de ce bras de fer qui ne semble présenter, pour le moment, d’autre alternative que la victoire ou la capitulation de l’un ou l’autre des deux protagonistes. On peut d’autant plus le penser que la médiation internationale a encore bien du mal à se mettre en place et surtout à avoir une oreille attentive du côté des belligérants qui semblent décidés à en découdre militairement l’un avec l’autre.

 

On a envie de dire que cette « révolte » d’Hemeti et de ses hommes, est la rançon de la trahison de Al-Burhan envers le peuple soudanais

En attendant la décantation de la situation, tout porte à croire qu’il serait dans l’intérêt des Soudanais que la balance penche dans le sens d’un changement. En tout état de cause, on a déjà vu à l’œuvre le Général Al-Burhan qui a suffisamment fait la preuve de sa volonté de ne pas faire droit aux aspirations du peuple soudanais en usant de subterfuges pour faire capoter la transition civilo-militaire mise en place au lendemain de la chute du dictateur Omar El-Béchir. Et non content de ne pas tenir parole, il n’a pas craint de réprimer dans le sang, les contestations de ses compatriotes contre son régime. Cela dit, on est donc tenté de dire que cette « révolte » d’Hemeti et de ses hommes, est la rançon de la trahison de Al-Burhan envers le peuple soudanais.   Mais l’on peut craindre un durcissement de la situation, si le président de la transition venait à triompher contre le seul adversaire encore capable de lui tenir tête dans sa volonté de plier le Soudan à sa seule volonté. Ceci étant, rien ne dit que s’il venait à triompher de son rival, le Général Hemeti se montrera plus coopératif, à défaut de se montrer bon prince. Mais un éventuel changement à la tête de l’Exécutif, ouvrirait, à tout le moins, une nouvelle ère toujours porteuse d’espoirs. Surtout si la communauté internationale devait se décider enfin à peser de tout son poids non seulement pour le retour de la paix dans le pays, mais aussi pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel censé signer le retour  des militaires dans leurs casernes.

 

 « Le Pays »

 


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