ALFRED KABORE à propos de la situation nationale:« Les traces des pieds d’un lépreux ne se reconnaissent qu’après la pluie »
L’homme est bien connu pour ses prises de positions. Il s’appelle Alfred Kaboré. Il défend l’idée du référendum qui, selon lui, est le seul moyen de départager la classe politique en désaccord. Alfred Kaboré revient également sur le meeting tenu par le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) à Zorgho. Selon lui, il est encore trop tôt de décréter la mort du CDP dans le Ganzourgou, sa province natale.
Le mini-stade municipal de Zorgho, rempli recto seulement au trois quarts, a vibré de bruits et d’applaudissements nourris le 07/06/2014. Des cars de toutes marques venant de je ne sais où, déversaient à partir de 14h, des dizaines de visiteurs partisans voulant aider le Ganzourgou à en découdre avec le CDP, devenu brusquement indésirable après avoir fait le beau temps et la pluie avec Roch et ses amis, naguère enfants chéris du rassembleur Blaise Compaoré. Les temps changent, les hommes aussi.
L’ambition de bâtir ensemble le Ganzourgou avec Blaise Compaoré a fait place à celle ingrate et égoïste de «continuer à gouverner seul» en lieu et place de Blaise Compaoré. Ainsi va le monde politique.
Zorgho a grouillé d’un monde curieux de voir ou de revoir Roch Marc Christian Kaboré, candidat en 2015, accompagné de ses amis tous anti-Blaise Compaoré. J’imagine la joie des uns et des autres de visiter, après le meeting, le palais inhabité, à l’allure «Kosyamique» du président du MPP, situé à l’extrême-Est de la commune de Zorgho, palais qui aurait pu mieux servir au Centre de Zorgho où Rock ne dort presque jamais.
Tandis que beaucoup vaquaient à leurs occupations au Centre-ville, de nombreux «touristes» venus de Côte d’Ivoire, du Niger et de Ouahigouya remplissaient le stade à qui mieux mieux, d’autres curieux autochtones étaient venus au stade pour vérifier ce que les propagandistes « mppistes » avaient annoncé, la veille, à savoir la venue d’un envoyé spécial de Blaise Compaoré à Zorgho. Beaucoup de monde, certes, mais peut-on conclure, comme certains, que «tout Ganzourgou est MPP ?» Allons doucement.
Certains responsables de ces «touristes politiques» ont tenu ou répété des discours riches en mensonges et en démagogie, mais le monde MPP du 31 mai, à Zorgho n’inquiète pas outre mesure le CDP de la province, parce que beaucoup ne voteront pas dans le Ganzourgou. «L’installation» anticipée de Roch à Kosyam par Salif Diallo sonne faux et ne manque pas de gêner plus d’un.
Malgré la claque nourrie pour les dignitaires du MPP et leurs amis, le Ganzourgou apparaît à plus d’un observateur comme une «âme Compaoré dans un corps CDP». En effet, les huit (08) maires des huit (08) communes, élus par des conseils municipaux monocolores CDP avec ou sans petite tâche ADF /RDA, UPC, Faso Autrement sur tel ou tel flan. Certes, le CDP n’est plus celui d’autrefois, mais il reste le parti avec lequel il faut compter dans le Ganzourgqu. La dégradation de la mentalité et de la morale, n’ont pas épargné le Ganzourgou où l’hypocrisie, la fourberie, l’amour de l’argent, le double jeu, le manque d’idéal, de reconnaissance dominent la vie quotidienne. Pour diverses raisons, beaucoup ont tourné le dos au CDP, mais font semblant d’y rester pour garder les avantages du parti auxquels ils restent attachés. Ce jeu ne peut pas durer. Il y aura une décantation bientôt. Pour le moment, acceptons et notons avec sérénité que tout le monde a quitté CDP à Zorgho, sauf le vieux Kaboré Alfred, comme disent certains. Mais comme dit l’adage, les traces des pieds d’un lépreux ne se reconnaissent qu’après la pluie. Cette pluie ne tardera pas à tomber et nous verrons qui a les pieds normaux.
Des propos entendus ça et là à Zorgho laissent entrevoir un «OUI» si non massif du moins suffisant, dans un référendum devenu inévitable non pas pour «Blaise Compaoré seul» mais pour tout le peuple burkinabè, qui profitera pour relire sa loi fondamentale qui présente beaucoup d’insuffisances en beaucoup de ses articles. Blaise Compaoré en profitera comme ses adversaires aveuglés par la soif du pouvoir. Les citoyens responsables du Ganzourgou savent que ni une seule province, ni une seule région ne peuvent élire un président du Faso. Gardons notre sang froid ; les propagandistes et les «amoureux du MPP» s’agitent, mais les citoyens responsables, soucieux des intérêts du peuple, réfléchissent. Des propos traduisent cette réflexion au sujet du MPP :
– Hier avec Blaise Compaoré, aujourd’hui contre lui. Les hommes sont bizarres disent les uns, traîtres disent les autres.
– Ils ont beaucoup d’argent, les Roch, Salif, Simon mais Blaise aussi en a et il a le pouvoir,
– On ne retire pas aussi facilement la chefferie d’un chef vivant.
– On comprend que les enfants quittent leur maison paternelle pour construire ailleurs, mais nous n’abandonnerons pas leur père Blaise Compaoré.
– Blaise a volé l’argent et le pouvoir, mais nous préférons rester avec l’ancien voleur plutôt que de nous engager avec de nouveaux voleurs. Propos tous pleins de responsabilité et de bon sens.
S’agissant de la puissance des dignitaires du MPP, j’ai constaté qu’un grand du MPP qui roulait devant moi vers Zorgho est passé au poste de péage sans s’arrêter ni payer la taxe routière.
« Il n’y avait pas de dialogue avec Blaise Compaoré », mais RSS ont tiré de leurs séjours la puissance et l’argent qui leur ont permis de remettre tout en cause au Burkina Faso et de créer librement leur parti d’emblée tout puissant.
De nombreux artistes de la mélodie parmi lesquels Sana Bob, originaire de la province, étaient aussi là, apparemment désireux de voir un printemps MPP dans le Ganzourgou.
Le carton rouge, plaisantin, d’un joueur à un autre joueur en début de match, amuse plus qu’il n’interdit de jouer. Blaise Compaoré a promis de revenir à Zorgho, nous l’attendons après Rock.
Ouagadougou, le 11/06/2014
Alfred KARO RE
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