ALIDOU BOUNDAHOGO, SG A LA FORMATION SYNDICALE DU SNTPB : « L’apartheid est en train de naître au Trésor »
Le Syndicat national des travailleurs du Trésor public du Burkina (SNTPB) a effectué sa rentrée syndicale le 17 février 2018 sous le thème : « Pour une administration plus juste et harmonieuse ». Une rentrée syndicale que le SNTPB entend placer sous le signe de la lutte pour l’« intégrité » et de la dénonciation de la « discrimination inacceptable» dont sont victimes certains travailleurs dans le cadre de la répartition des éléments de motivations, précisément les fonds communs.
Courant avril-mai 2017, ils étaient sous les feux des projecteurs du fait de leurs mouvements d’humeur incessants. Eux, ce sont les agents du Trésor qui exigeaient la satisfaction de leur plateforme revendicative. Après de multiples tractations et négociations, le gouvernement et le syndicat parviennent à signer un protocole d’accord. Ainsi donc, un arrêté a été signé le 12 août 2017 par le ministre en charge de l’économie. Mais la mise en application dudit arrêté pose problème en ce sens que, selon le SNTPB, elle a fini par entraîner une détérioration du climat social entre les agents. La pomme de discorde : les taux des fonds communs. « Au Trésor, il y a de l’injustice. Il y a un problème de partage des éléments de motivations (les fonds communs) qui ont été servis aux agents du Trésor, motivations arrachées après de hautes luttes. Par rapport aux fonds communs, certains sont éligibles à hauteur de 100% pendant que d’autres le sont à hauteur de 80%. Même les 80% ont été obtenus à l’issue de luttes, sinon c’était 70%. En effet, il y a des super-agents, ceux-là qui estiment qu’ils viennent de l’ENAREF et que par conséquent, le Trésor leur appartient, que c’est eux seuls qui font fonctionner le Trésor. Et à côté, ceux qui n’ont pas été à l’ENAREF qui se retrouvent avec 80%, pendant que les autres s’en tirent avec 100%. Nous pensons que cela pose problème, dans la mesure où c’est tous ensemble que nous faisons fonctionner le Trésor. L’administration du Trésor est la première à le savoir et celle des Finances le sait également très bien. Mais nous ne savons pas pourquoi les gens ferment les yeux là-dessus. Voilà pourquoi nous avons, à la faveur de notre rentrée syndicale, décidé de dénoncer cette situation de discrimination », a martelé le secrétaire général à la formation syndicale du SNTPB, Alidou Boundahogo.
La ministre Rosine Coulibaly interpellée
Pour lui, l’apartheid est mort en Afrique du sud, mais est en train de naître au Trésor. « Notre lutte n’est pas une lutte basée sur les finances. C’est une lutte d’intégrité, d’identité. Figurez-vous que des Burkinabè discriminent d’autres Burkinabè, parce qu’il y a de l’argent à partager. Est-ce normal ? Nous avons dénoncé l’apartheid qui est mort en Afrique du sud, mais il est en train de naître au Trésor et si le ministre en charge de l’économie n’y prend garde, ce système va impacter toute l’administration publique et bientôt, tout le peuple », a-t-il regretté.
A l’en croire, après la signature de l’arrêté le 12 août 2017, une rencontre a eu lieu le 8 septembre avec leur ministre de tutelle qui avait promis en son temps que dès le 15 septembre, un autre arrêté allait voir le jour. « Nous avons été patients et jusqu’à ce jour, aucun autre arrêté n’a vu le jour. Nous avons approché le ministre, entrepris beaucoup de démarches sans avoir gain de cause », a précisé M. Boundahogo.
Au regard de la situation, les conférenciers ont invité leur ministre de tutelle qui prône zéro discrimination, à se pencher sur la question pour un retour de la sérénité, de l’harmonie d’antan au Trésor. « Notre ministre en charge des finances a été reconnue comme étant la meilleure ministre de l’Economie et des finances de la zone ouest-africaine. Même ceux qui n’ont aucune notion en économie, finances, disent que cette dame bosse. Je pense qu’elle ne va pas se taire… Elle doit entrer dans l’histoire si elle veut, à condition qu’elle mette fin à l’arrêté du 12 août 2017 », a conclu le SG Boundahogo.
Pour sa part, le secrétaire général du SNTPB, Patrick Honoré Ouoba, a invité tous les travailleurs du ministère en charge des finances en général et ceux du Trésor en particulier, à garder leur sérénité face aux allégations et rumeurs sur des tentatives de suppression des éléments de motivation.
Colette DRABO