HomeA la uneALPHONSE TOUGOUMA, DG DU FONDS DE DEVELOPPEMENT CULTUREL ET TOURISTIQUE : « Nous pouvons octroyer des prêts allant jusqu’à 50 000 000 de F CFA»

ALPHONSE TOUGOUMA, DG DU FONDS DE DEVELOPPEMENT CULTUREL ET TOURISTIQUE : « Nous pouvons octroyer des prêts allant jusqu’à 50 000 000 de F CFA»


Alphonse Tougouma a été installé dans ses fonctions de Directeur général du Fonds de développemet culturel et touristique, le 15 septembre 2016. Le Fonds de développement culturel et touristique (FDCT) est une structure rattachée au ministère de la Culture, des arts et du tourisme. C’est un fonds de financement national qui vise à octroyer des prêts aux opérateurs culturels et touristiques, afin d’asseoir véritablement une industrialisation pour les secteurs de la culture et du tourisme. A travers l’interview qui suit, il a abordé tour à tour différents aspects se rapportant au fonds de développement culturel et touristique : les raisons de sa création, ses attributions et fonctionnements, les grands chantiers  futurs, la mobilisation des fonds nécessaires à la réalisation de ses objectifs. Lisez plutôt !

 

Qu’est-ce qui a motivé la création du Fonds destiné à la promotion de la culture et du tourisme ?

 

Les premières idées de ce Fonds ont germé depuis 2003, lorsqu’il s’est agi de créer un fonds pour promouvoir le tourisme. Plus tard, entre 2009 et 2011, les politiques du département l’ont fortement recommandé. On a voulu donc créer ce fonds pour pallier le déficit de financement. Plus tard, avec la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD), la culture et le tourisme ont été retenus comme étant des piliers du développement. Pour la SCADD, ce fonds permettra aux acteurs d’être plus opérationnels et plus compétitifs pour créer, produire et diffuser les produits culturels et touristiques et partant de là, contribuer fortement au développement économique et social. Le PNDES, d’ailleurs, vient de reprendre la mesure de l’opérationnalisation du fonds comme une action majeure. Aujourd’hui, c’est effectif. Le fonds a vu le jour.

 

Pourquoi le secteur de la culture n’a-t-il pas bénéficié d’assez de financements jusque-là ?

 

Comme on l’a toujours dit, la culture reste le parent pauvre de nos politiques de développement. Pour vous donner une idée, le budget du ministère représente en gros 0,5% du budget national ; ce qui est infime. Or, nous savons que la culture et le tourisme sont des maillons forts de notre tissu économique, avec près de 400 000 emplois en estimation. Les chiffres peuvent être plus parlants, car sous le vocable de secteur informel, vous trouvez essentiellement des emplois liés à des secteurs comme la restauration, la coiffure, la couture, l’artisanat, le transport…

Aussi, j’aime dire que les produits de la culture et du tourisme sont des produits qu’on peut vendre plusieurs fois à divers endroits. Par exemple, si vous vendez un lingot d’or, vous le vendez une seule fois et vous avez votre argent. Mais lorsque c’est une pièce théâtrale, vous pouvez la commercialiser plusieurs fois pour des publics  différents. Et que diriez-vous d’un artiste qui peut commercialiser son produit sous plusieurs formes, sur plusieurs années ?

 Ce sont autant d’éléments qui montrent qu’aujourd’hui, on ne peut pas ne pas intégrer véritablement ces secteurs dans l’économie nationale et les ancrer fortement.

 

Quels sont les objectifs du Fonds de développement culturel et touristique ?

 

Il y a 5 objectifs que le FDCT s’est assignés. Le premier, c’est d’accorder des subventions à des projets non marchands jusqu’à un plafond de 10 000 000 de F CFA, d’octroyer des prêts allant jusqu’à 50 000 000 de F CFA, de constituer des garanties pour les acteurs demandeurs de prêts auprès des banques ou institutions financières, de renforcer les capacités des acteurs et des entreprises culturelles et touristiques et de mettre à la disposition des investisseurs des informations, des analyses pour leur donner des repères  leur permettant d’investir efficacement. Auprès du fonds, certains demanderont un appui financier tandis que d’autres viendront pour s’imprégner des opportunités d’affaires dans les secteurs pour éventuellement y investir.

 

 Pouvez-vous nous donner les critères d’éligibilité au fonds ?

 

Il faut être du secteur de la culture et du tourisme avant tout, à savoir la musique, le cinéma, le livre, les métiers d’art, du patrimoine culturel, le tourisme culturel, la mode, le design… Au niveau du tourisme, on a notamment l’hébergement touristique, la restauration, le transport, le tour operating, la chasse, le guidage, etc.

Les autres aspects liés à l’éligibilité, c’est le projet lui-même à travers sa  pertinence,  son plan d’affaires, l’adéquation du coût du projet par rapport aux activités prévues, l’apport personnel du promoteur, l’efficacité du système de production, de contrôle et de mise en marché, la capacité de l’entreprise à honorer ses engagements vis-à-vis du prêt, la cohérence du projet, les perspectives de croissance dans le marché  visé, le positionnement de l’entreprise, l’impact de la création des emplois, la prise en compte des couches défavorisées, la redistribution des revenus et la lutte contre la pauvreté, etc. Mais il y a aussi un certain nombre de critères pour voir si le projet est viable et rentable, ou peut survivre dans son milieu.

Les financements concernent les entreprises culturelles et touristiques, les associations ou les coopératives légalement constituées, l’administration culturelle et touristique.

 

Un artiste ne peut-il donc pas venir contracter un  prêt auprès du fonds pour ses propres activités ?

 

Nous sommes en train d’amorcer une autre phase de la dynamique culturelle. De par le passé, on octroyait directement des subventions aux artistes pour leurs projets qu’ils nous soumettaient. Ici, nous allons à l’entrepreneuriat culturel et touristique. Il s’agit d’industries culturelles et touristiques, donc de créer, de produire et de commercialiser. Il s’agit de professionnaliser les secteurs concernés et s’assurer de garanties minimales de recouvrement des fonds. L’entreprise, qu’elle soit individuelle ou collective, ou l’association, est pour le moment ce que nous avons retenu en plus de l’administration. Avec le temps, on avisera selon les besoins.

 

Qu’est-ce que les artistes peuvent attendre de ce fonds ?

 

C’est une opportunité d’affaires que nous offrons aujourd’hui au secteur de la culture et du tourisme. C’est le moment, pour ceux qui veulent tirer les bénéfices en y investissant, d’y aller. Lorsque vous avez une entreprise culturelle et que vous êtes capable de créer, de diffuser un élément, c’est évident que vous êtes une éventualité de création de richesses. Quand nous envions d’autres pays dans leur dynamique culturelle alors que nous avons la chance d’exploiter énormément nos potentialités culturelles, il faut que les acteurs quittent un peu les subventions classiques pour aller à la dynamique d’affaires parce que nous avons de la matière.

 

Comment sera-t-il alimenté ?

 

Il faudra mobiliser les fonds, et il nous faut 22 milliards de F CFA pour financer les projets

sur 5 ans, de la part des partenaires, à commencer par l’Etat, de la volonté de qui est né le fonds. Nous  avons des partenaires traditionnels qui nous accompagnent et qui ont déjà manifesté leur intérêt pour le fonds. Là-dessus, je puis vous rassurer tout simplement que le potentiel et la volonté étatique pour alimenter le fonds existent. C’est déjà l’essentiel. Pour le reste, c’est-à-dire la mobilisation des ressources, cela relève de notre mission.

 

Avez-vous déjà identifié des partenaires ?

 

Oui, nous en avons identifié au plan national et international. Déjà, la plupart d’entre eux ont suivi le projet avec nous. Des contributions ont déjà été annoncées.

 Il y a des partenaires nationaux, des marchés prêts à nous accompagner. Nous irons bientôt vers la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso pour présenter le fonds comme une opportunité d’affaires pour les opérateurs, et pour laquelle  nous pouvons agir en tandem pour mieux faire prospérer les affaires.

 

Existe-t-il un mécanisme à même de garantir la gestion saine des fonds ?

 

Il faut savoir que le FDCT est une structure publique classée dans la catégorie des établissements publics de l’Etat. Il y a le Conseil d’administration qui est chargé de contrôler  la gestion de la direction générale. Il y a les structures habilitées en matière de contrôle telle l’ASCE-LC, l’Inspection générale des finances, l’Inspection générale des services, qui feront le contrôle comme dans les autres structures assujetties au corps de contrôle. Il y a aussi l’auditeur  interne recruté par le Conseil d’administration du fonds, pour surveiller les opérations. Avec cette panoplie de contrôleurs, il y a les garanties nécessaires pour veiller au bon fonctionnement du fonds.

 

Propos recueillis par Lonsani SANOGO

 

 

 

Qui est Alphonse Tougouma ?

 

Alphonse Tougouma est un Inspecteur du Trésor. Il travaille au ministère de la Culture depuis 2005 où il a officié comme Directeur de l’administration et des finances après avoir été  chef comptable. Actuellement, il est le Directeur général du Fonds de développement culturel et touristique (FDCT).


No Comments

Leave A Comment