HomeA la uneALY BADRA OUEDRAOGO, président du RPR : « Aucune attaque ne pourra nous faire courber l’échine »

ALY BADRA OUEDRAOGO, président du RPR : « Aucune attaque ne pourra nous faire courber l’échine »


 

Aly Badra Ouédraogo, président du Rassemblement des patriotes pour le renouveau (RPR), est un des jeunes loups de la scène politique burkinabè. Ancien militant du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), il a été initiateur du  Cadre de réflexion et d’action pour le renouveau (CRAC) de ce parti, avant de quitter le navire pour ensuite créer son parti. Nous nous sommes intéressés à lui, dans le cadre de notre rubrique « Mardi politique ». Lisez plutôt.

Le Pays : Que devient Aly Badra Ouédraogo ?

Aly Badra Ouédraogo : Vous me permettez tout d’abord de remercier du fond du cœur les Editions ‘’ Le Pays’’ pour cette marque de sympathie et  de considération. Votre rubrique  ‘’ Mardi politique’’ est à notre sens la vitrine politique qui requiert plus d’audience  en nombre de toutes les opportunités disponibles dans ce cadre. Et au regard de la crédibilité de votre ‘’canal’’, c’est un immense honneur que vous faites à ma formation politique le RPR et à ma modeste personne. Ceci étant, répondant à votre question, je dirai que  Aly Badra Ouédraogo est depuis juillet 2015, le président du Rassemblement des patriotes pour le renouveau (RPR). Un parti d’obédience social –démocrate qui fait son petit bonhomme de chemin et qui participe à l’animation de la vie politique en y apportant toute sa touche d’originalité. Pour le reste, je me bats à l’image de tous les jeunes du Burkina Faso,  au quotidien, pour assurer ma pitance quotidienne dans l’espoir d’un lendemain meilleur.

Depuis que vous avez rejoint la majorité, vous êtes devenu pratiquement aphone. Qu’est-ce qui explique cela ?

Dire que depuis notre adhésion à la majorité, nous sommes devenu aphone, n’est pas exact. Peut-être que vous faites une analyse comparative de notre activisme actuel avec celui du temps où  nous étions porteurs  d’initiatives isolées et circonscrites dans le temps. Si tel est le cas, je dois rappeler que les responsabilités dans les deux cas d’espèces, ne sont pas les mêmes. En tant que responsable d’un parti politique, toute réaction ou action doit nécessairement  au préalable être pesée et soupesée pour la simple raison que tout ce que vous dites ou faites, engage la communauté militante. Au demeurant, nous avons tenu les instances de notre parti, nous avons installé les sections du parti, participé  aux joutes électorales et personnellement,  j’ai été quasi présent  dans les médias. Je trahis d’ailleurs une confidence en vous disant que certains militants du parti trouvent que nous sommes trop présents sur les ondes.  C’est le lieu pour nous de traduire notre gratitude à l’ensemble des médias qui ont permis au RPR de souffrir  aujourd’hui pas du manque de visibilité, mais plutôt de moyens financiers.

« Tout porte à croire que ne réussit en politique que celui ou celle qui érige avec dextérité le mensonge en stratégie politique »

Avant de créer le RPR, vous étiez militant du CDP et après l’insurrection, vous avez initié le Cadre de réflexion et d’action pour le renouveau du CDP (CRAC/CDP). D’aucuns disaient que vous étiez en mission commandée pour le Général Djibrill Bassolé, pour faire porter sa candidature par le CDP à l’élection  présidentielle de novembre 2015. Qu’en dites-vous ?

Avant d’apporter mes répliques, permettez-moi d’avoir une pensée pour le Général Djibrill Bassolé et lui transmettre mes encouragements dans la dure épreuve qu’il traverse en ce moment. Dans la dynamique de votre question, laissez-moi vous dire que la petite expérience que nous avons de la politique telle que pratiquée sous nos cieux, est un concentré de mensonges, de délation et d’hypocrisie. Tout porte à croire que ne réussit en politique que celui ou celle qui érige avec dextérité le mensonge en stratégie politique. C’est une véritable aberration. Les idéaux  dont le CRAC était porteur, sont connus  de tous et je pense que le Général  n’avait pas besoin de nous pour être porté candidat du CDP. Il avait reconnu en son temps la pertinence de notre vision pro-jeune et s’était engagé à nous soutenir comme d’autres bonnes volontés. De toute façon, ceux qui ont fait circuler ces inepties sont ceux-là mêmes qui ont détourné les 8,5 millions des 11 milions de F CFA que le Général a mis à la disposition du CRAC.

Dans quel cadre avez-vous reçu cet argent du Général ?

C’était dans le cadre de l’organisation et du fonctionnement du CRAC/CDP. Des personnes- ressources, au sein du parti, nous ont apporté des soutiens pour nous encourager dans nos idées et nos projets. Et c’est ce que le Général a fait. Je voudrais même préciser que ceux qui ont détourné l’argent en question, ne sont pas au RPR. Ils sont restés au CDP.

Au lendemain de la création du MPP, des caciques du CDP disaient que vous étiez une taupe de Salif Diallo au sein de leur parti. Comment réagissez-vous à ces propos ?

Moi, sincèrement,  quand vous me parlez de caciques du CDP, au lendemain de la création du MPP, je ne sais pas de qui vous parlez. Il vous souviendra qu’en ces moments-là,  tous avaient fui ou s’étaient emmurés et seul le CRAC donnait de la voix. Et si vous reprenez nos discours, ils étaient critiques et acerbes à l’endroit du MPP et de ses premiers responsables. Je vous informe également que ce sont ces mêmes spécialistes du dénigrement qui débitent les inepties du genre « le RPR a été créé tantôt par Salifou Diallo, tantôt par le président Roch ». Je répondrai seulement en souhaitant que Dieu guérisse ces charlatans de leur constipation intellectuelle. Sinon, des arguments au rabais comme ceux-ci, nous en sommes victimes tous les jours, mais que ces auteurs se le tiennent pour dit. Aucune attaque ne pourra nous faire courber l’échine. Au contraire, nous avons été formatés  dans le moule de l’adversité.

Quelles sont aujourd’hui vos relations avec vos anciens camarades du CDP ?

Des relations empreintes de courtoisie et d’admiration. Je ne développerai jamais  aucun type d’animosité en politique ou socialement contre quelqu’un. Du reste, le CDP m’a apporté quelque chose d’inestimable, à savoir la formation politique et le relationnel.

Comment se porte le RPR au sein de la majorité ?

Le RPR n’a pas pour ambition de faire de la majorité sa jauge de performance. Pour ce faire, je dirai que le RPR se porte bien sur l’échiquier politique national. Malgré notre jeunesse, nous avons pu conquérir le cœur des Burkinabè, si fait que nous avons des élus locaux et nous sommes implantés dans plusieurs provinces, avec une section en Côte d’Ivoire. Pour revenir à la majorité, notre vision, c’est de soutenir le Président Roch Marc Christian Kaboré et de constituer une masse critique capable de faire des propositions à même de lui permettre de réussir son mandat, pour le bonheur de l’ensemble du peuple burkinabè. Je note également que nous sommes très attachés à  notre indépendance d’esprit et à notre liberté d’opinion et d’action.

Quel est le poids de votre parti sur l’échiquier politique national ?

Nous pouvons, en toute humilité, affirmer sans ambages que nous sommes une force politique en devenir, avec une marge de progression acceptable et si certaines conditions étaient réunies, nous pourrions titiller respectueusement les ‘’grands’’.

Tout parti qui se crée a pour vocation la conquête du pouvoir d’Etat. Quelles sont vos ambitions politiques ?

Si le RPR n’avait pas la vocation de conquérir et de gérer le pouvoir d’Etat, il n’aurait pas mérité l’appellation de parti politique. Cependant, et partant du constat que nous faisons sur la réalité de notre pays et sur la nôtre propre, nous avons développé deux concepts, à savoir l’ambition intelligente et la politique fonctionnelle. En somme, il s’agit pour nous de parvenir à la gestion du pouvoir d’Etat au moyen de ces deux concepts  tirés de la real-politik.

Il est question de moralisation de la vie politique en France. Trouvez-vous cela opportun pour un pays comme le Burkina ?

Je saisis cette opportunité pour féliciter le Président Macron dont l’élection est une source d’espoirs pour les jeunes politiquement engagés. La moralisation de la vie politique  est d’une nécessité impérieuse, surtout au Burkina Faso où la corruption, la gabegie et l’agonie de l’esprit du service public et de l’intérêt public, constituent une gangrène pour notre développement.

« Il faut un plan de relance  ou de sauvetage des entreprises qui sont fermées par suite des évènements sociopolitiques »

La relance économique tarde à voir le jour au Burkina. Qu’est-ce qui explique, selon vous, cette situation ?

Je ne suis pas un spécialiste en la matière, mais je pense qu’il ne peut y avoir de relance économique  sans véritablement des investissements structurants dans les secteurs productifs. Il y a également, pour le cas actuel du Burkina Faso, le payement de la dette publique. Notons que des efforts ont été consentis par le gouvernement à ce sujet, mais il reste encore beaucoup à faire. Il faut aussi créer un climat serein des affaires, pour éviter la délocalisation  des entreprises nationales et pour attirer de nouveaux investisseurs. Il faut, en outre, un plan de relance  ou de sauvetage des entreprises qui sont fermées par suite des évènements sociopolitiques. Enfin, il faut non seulement mettre la jeunesse au travail ; et sur ce point, les mesures contenues dans le programme de SEM Roch Marc Christian Kaboré sont d’une pertinence chirurgicale, mais surtout œuvrer à la cohésion nationale et à la paix.

Comment entrevoyez-vous la suite du procès de Blaise Compaoré et de son dernier gouvernement ?

Je vais vous étonner si je vous dis que je n’attends pas grand-chose de ce procès parce que moi, le seul mérite qu’il aura eu, c’est de diviser davantage les Burkinabè qui sont actuellement dans une quête de réconciliation et d’unité nationale, gages d’un développement harmonieux. Mais cette idée, à côté de la nécessité de rendre justice à nos frères qui sont tombés, ne peut prospérer. C’est pourquoi devant une telle impasse, nous disons simplement : que la justice des Hommes  soit faite puisque le Suprême est le seul juge infaillible et juste.

L’expertise récente n’a pas permis de retrouver des traces des restes supposés de l’ADN de Thomas Sankara. Comment avez-vous accueilli cela ?

C’est regrettable. Cela nous aurait permis au moins d’avancer sur ce dossier. Mais je pense que cet état de fait n’éteint pas l’action publique. Ce que nous souhaitons, c’est que la lumière sur cet assassinat odieux se fasse et que les auteurs et les complices  soient sanctionnés. Mais laissez-moi vous dire que Thomas Sankara est immortel.

Avez-vous espoir que la vérité éclatera un jour ?

La vérité est de Dieu. Elle est même Dieu et Dieu finit toujours par triompher. Donc, la vérité finira par triompher inch Allah !!!

Propos recueillis par Michel NANA


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