AN I DE L’APPEL DE MANEGA:« La Nation vit, en 100 ans, sa page la plus sombre », selon les initiateurs
Le comité de l’Appel de Manéga commémore le premier anniversaire du lancement de son initiative dénommée « Appel de Manéga pour la paix, l’unité nationale et la réconciliation ». Au cours d’une conférence de presse tenue le 15 juin 2020, le comité a fait le bilan de ses 12 mois d’existence et défini « des perspectives dans l’optique de mieux agir dans le futur ».
15 juin 2019-15 juin 2020, l’Appel de Manéga, porté par plus de 300 signatures de personnalités, a vieilli d’une année. Le comité de l’Appel de Manéga a retenu cette date pour faire le bilan du parcours de cette initiative qui prône la paix, l’unité nationale et la réconciliation. « Une année après, nous tirons une grande motivation et une satisfaction d’avoir vu juste, d’avoir compris qu’il fallait s’engager pour réveiller les consciences qui dorment devant le péril et construire une alternative à la situation nationale de crise multidimensionnelle », a déclaré Faustin Evariste Konsimbo, membre du comité de l’Appel de Manéga. Il poursuit en dépeignant un tableau sombre du paysage national actuel. En effet, selon les initiateurs de l’Appel de Manéga, « la Nation vit, en 100 ans, sa page la plus sombre ». Et au regard de cette situation, le comité « reste convaincu de la nécessité urgente de se réconcilier et de tourner la page dans la voie de la vérité, de la justice et du pardon, pour mieux faire face aux problèmes qui se posent à la Nation ».
En tout état de cause, les porteurs de l’Appel de Manéga restent convaincus que « la question de la réconciliation nationale, bien qu’instrumentalisée et galvaudée quelquefois à dessein ou par ignorance, reste cependant une condition sine qua non pour l’ultime sauvetage de la Nation ». Pour ce faire, ont-ils relevé, « il faut sacrifier les intérêts individuels, s’élever au-dessus des rancœurs et des considérations particularistes pour réaliser le sursaut salvateur en empruntant à l’héritage ancestral, le dialogue sincère et honnête ». Et c’est pourquoi ils ont interpellé notamment l’opposition politique, la majorité présidentielle, les religieux et les coutumiers, les anciens, la société civile, les citoyens, afin qu’ils se donnent la main fraternellement.
Le premier anniversaire de l’Appel de Manéga se tient sous le thème : « Construire les modèles endogènes pour pacifier et réconcilier ». A entendre Lookman Sawadogo, l’un des membres du comité, le thème a pour objectif de mettre l’accent sur les modèles, les mécanismes et les valeurs endogènes aux plans culturel, traditionnel, moral, communautaire et autres qui peuvent servir à ramener la paix et aider à la réconciliation.
Pour les conférenciers du jour, « l’Appel de Manéga s’est voulu être l’arche qui va embarquer tous les Burkinabè, sans distinctions, pour voguer sur les eaux furieuses et troubles des temps présents afin d’échapper à la noyade collective pour pouvoir se poser sur le sol ferme d’un Burkina de paix, d’entente et d’unité ».
En termes de bilan, Lookman Sawadogo a énuméré les activités menées en une année. Il a également donné le contenu de la commémoration de l’An I de l’initiative qui durera du 15 juin au 15 juillet 2020. L’anniversaire sera ponctué par une distinction des modèles endogènes de paix et de réconciliation. Sont concernés par cette distinction, entre autres, les chefs de Kaya et de Manga, le gouverneur du Centre-Nord, qui ont utilisé la parenté à plaisanterie existant entre Kaya et Manga pour mettre fin à un conflit vieux de 32 ans.
Après une année d’existence, le comité a soutenu que « l’Appel de Manéga continuera sur sa lancée pour gagner le noble combat contre les périls de diverses natures ».
Françoise DEMBELE
