AN I DU MPSR II AU POUVOIR : IB doit davantage lacer ses godasses
Demain 30 septembre 2023, le capitaine Ibrahim Traoré bouclera un an de pouvoir au palais de…Koulouba. Venu en rectificateur du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR I) des colonels, le MPSR II des capitaines a, dès le départ, annoncé la couleur en fixant comme priorité des priorités, le retour de la paix et de la sécurité au pays des Hommes intègres. Et l’espoir était d’autant plus grand qu’au-delà des actes forts comme le ravitaillement de nombreuses localités sous blocus, qu’il a posés à sa prise de pouvoir, celui qui est affectueusement appelé « IB » par ses compatriotes, se promettait, à défaut d’en finir avec le terrorisme en trois mois, de le réduire à sa plus simple expression. Et en la matière, son engagement volontariste, à nul autre pareil de tous les régimes précédents, à aller à l’assaut des terroristes qui ne cessent d’endeuiller le Burkina depuis plus de huit ans maintenant, n’aura pas échappé à ses compatriotes. Mais 12 mois après son arrivée au pouvoir, l’enfant de Bondokuy qui a certes mouillé, au propre comme au figuré, le treillis sur le champ de la lutte contre la pieuvre sanguinaire, est toujours aux prises avec l’hydre à têtes multiples quand son propre régime n’est pas menacé aujourd’hui de déstabilisation, pour les mêmes raisons sécuritaires qui ont servi à justifier la chute de Roch Marc Christian Kaboré et du colonel Paul Henri Sandaogo Damiba.
Les Burkinabè ne doivent pas se tromper d’ennemi
C’est dire si la nébuleuse islamiste s’est révélée beaucoup plus coriace à abattre et un an après l’avènement du MPSR II au pouvoir, les défis restent entiers. Sur le plan sécuritaire, par exemple, d’importants matériels et équipements de combat ont été acquis, les effectifs des forces combattantes renforcés, des localités reconquises, des populations réinstallées. Mais dans le même temps, des mouvements de déplacement de populations fuyant les exactions des terroristes, continuent d’être enregistrés dans d’autres localités, quand ce ne sont pas les forces combattantes elles-mêmes qui sont prises pour cibles par les forces du mal. Sur le plan économique, la situation reste toujours très difficile. Sur le plan social, les Burkinabè peinent toujours à parler le même langage s’ils ne sont pas divisés aujourd’hui en pro IB et en anti IB. De quoi se demander où va le pays et si on est vraiment sur la bonne voie. Autant dire que IB doit davantage lacer ses godasses pour que les fruits de la lutte contre le terrorisme, tiennent la promesse des fleurs et surtout du sacrifice des Burkinabè dans le consentement de l’effort de guerre pour le retour de la paix. Mais des ombres et lumières de ces douze mois de pouvoir du MPSR II, les Burkinabè devraient savoir tirer leçon pour mieux se projeter ensemble dans l’avenir. Car, c’est ensemble qu’ils gagneront le combat de leur libération, et c’est ensemble qu’ils périront si l’ennemi devait prendre le dessus. C’est pourquoi les Burkinabè ne doivent pas se tromper d’ennemi. A commencer par le pouvoir qui doit travailler à rassembler davantage les Burkinabè à l’effet de créer l’impérieuse union sacrée pour venir à bout de la pieuvre tentaculaire.
La solution n’est pas dans l’éternel recommencement
En cela, la transition gagnerait à montrer un peu plus de perméabilité aux critiques en ne donnant pas le sentiment de cette volonté d’étouffer systématiquement toute voix dissonante, quand elle n’y voit pas à tout va des velléités de déstabilisation. Il faut aussi interpeller ces compatriotes qui sont animés par l’ardent désir de voir échouer la transition et qui travaillent à saper ses efforts. Il y a enfin les ennemis déclarés de IB et compagnie, qui ont juré leur perte et qui ne ménagent pas leurs efforts pour leur nuire. C’est dire toutes les rancœurs que les Burkinabè ont accumulées au fil des régimes et ont impérativement besoin d’évacuer, pour se donner les meilleures chances de succès dans ce combat à mort contre un ennemi aussi ondoyant que perfide. C’est dire aussi toute la nécessité, pour les Burkinabè, de ses ressaisir et de trouver ensemble la bonne formule pour faire avancer le pays qu’ils ont reçu en héritage de leurs aïeux. En tout état de cause, la solution n’est pas dans l’éternel recommencement. C’est pourquoi on croise les doigts pour que la transition se déroule bien et qu’on n’en arrive pas à une autre instabilité. Autrement, on aura beau épuiser tous les grades de l’armée au pouvoir, tant que les Burkinabè ne montreront pas véritablement un front uni dans la lutte contre le terrorisme, tout porte à croire que notre pays sera toujours à l’image de la case des singes que certains s’emploieront toujours à détruire pendant que d’autres s’efforcent de la construire. C’est dire si la lutte contre le terrorisme qui se présente comme le défi majeur pour le Burkina aujourd’hui, doit aller au-delà des considérations de personnes pour ne privilégier que l’intérêt supérieur de la Nation. C’est un challenge pour tout le peuple burkinabè, qui appelle à un dépassement de soi, depuis le sommet de l’Etat jusqu’au bas du peuple. Il revient au gouvernement de la transition de savoir créer ce cadre de discussion et de confiance entre compatriotes embarqués dans le même navire, dans une démarche beaucoup plus inclusive en ayant aussi à cœur de mieux garantir les libertés individuelles et collectives. Il y va de l’intérêt de tous et surtout de la survie de notre nation qui est aujourd’hui à la croisée des chemins et qui n’aspire prioritairement qu’à retrouver la paix.
« Le Pays »