HomeA la uneAN II DE L’INSURRECTION POPULAIRE : « Le rêve du changement a fait place à la déception », selon la Coalition Ditanyè  

AN II DE L’INSURRECTION POPULAIRE : « Le rêve du changement a fait place à la déception », selon la Coalition Ditanyè  


 

Ceci est une déclaration de la Coalition Ditanyè, à l’occasion du deuxième anniversaire de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Pour elle, deux ans après, le peuple burkinabè se pose toujours la question suivante : « A quand la réponse à ses attentes ? » C’est pourquoi elle appelle la jeunesse à « rester mobilisée et à ne pas se fier aux actes illusoires qui l’amènent à des strapontins ». Lisez plutôt pour en savoir davantage !

Les 30 et 31 octobre 2014, notre peuple a mis fin au règne autocratique de Blaise Compaoré  et son régime, par une insurrection populaire dans les villes et villages de notre pays. Le peuple Burkinabè s’est assumé avec bravoure, en se débarrassant des ambitions monarchiques rétrogrades du régime de Blaise Compaoré. En ce IIème anniversaire de cette insurrection populaire, la Coalition Ditanyè  a une pensée pieuse à l’endroit de toutes les filles et fils du Burkina Faso tombés  sous les balles assassines de la horde « Compaoro-iste » pendant ces journées de rétablissement de la dignité légendaire du Burkinabè.  Puisse le Seigneur Tout- puissant accueillir nos martyrs dans sa précieuse et glorieuse demeure.

L’an II de l’insurrection populaire se tient dans un climat de recrudescence de l’insécurité  marquée par la résurgence d’éléments de l’ex-RSP et la succession d’opérations policières de “recherche active de recruteurs de personnes projetant perpétrer des actes terroristes”. Notre coalition tient à réaffirmer son soutien indécrottable et indéfectible à l’ensemble des Forces de défense et de sécurité (FDS) patriotiques, pour le courage et le sacrifice consentis en permanence pour enrailler ces actes de barbarie  « d’insoumis » inspirés d’une autre époque effectivement et définitivement dépassée, depuis  l’insurrection populaire  et la résistance victorieuse de notre peuple au putsch du général Diendéré et du RSP.

En effet, l’expérience récente de la résistance au putsch des 16 et 17 septembre 2015, avait montré la ténacité et le courage de la jeunesse populaire, l’osmose entre le peuple et les FDS, et surtout l’entame de l’unité entre les différents courants sociopolitiques et militaires dans un seul but : la défense des valeurs républicaines, la justice, la liberté, la dignité et l’intégrité du pays. Après ce bel exemple d’unité aux yeux du monde, après des élections présidentielle et législatives des mieux réussies ayant permis l’arrivée pacifique d’une nouvelle équipe dirigeante, comment est-on vite retombé dans une telle situation d’insécurité  et de risque de « déstabilisation de notre patrie », selon le gouvernement ?

Après la chute du régime Compaoré, les nécessaires réorganisations et dépolitisation de l’armée sont restées vaines. Toute chose qui est inacceptable au regard du rôle quelque peu trouble, voire une complicité de  la hiérarchie militaire  dans cette affaire de putsch manqué de septembre 2015. Malheureusement, par calculs politiciens, népotistes voire claniques, les dirigeants actuels continuent de maintenir dans le commandement des FDS, des gens qui ont été passifs voire complices de la déstabilisation du pays il y a un an. A l’opposé, une chasse

aux FDS patriotiques est organisée à travers des affectations tous azimuts de ceux-ci, comme nous l’a révélé le journal Mutations dans sa parution du 15 septembre 2015 à la page 3.   Cette inconséquence qui est une TRAHISON de la part des dirigeants actuels, a accentué la fracture au sein des différentes composantes militaires, compliquant naturellement l’aspect opérationnel car une partie du sommet militaire illégitime ne peut avoir  la confiance de la troupe.

Du reste, l’opportunité de renforcer l’unité des forces vives à travers les acteurs de la Transition, des syndicats, des OSC, des partis politiques et de la jeunesse militaire née de la résistance, n’a nullement été perçue et saisie pour rebâtir une armée républicaine forte et capable de faire face aux nouveaux défis sécuritaires. Pire, on a assisté au concassage organisé sur fond de délation, de dénigrement de toutes les entités insurrectionnelles, appuyé d’un discours très peu modeste, ingrat, divisionniste et monopolistique de la victoire populaire.

Au regard de ces faits successifs gravissimes, le rêve du changement et de l’espoir de lendemains meilleurs, a fait place à la déception et à une grave et croissante crise  de confiance ou de méfiance entre les nouvelles autorités et le reste du peuple. Aussi, la succession de louvoiements, de compromissions, de promotion de putschistes, de maladresses et de manque de rigueur dans la défense des acquis de l’insurrection populaire par les nouvelles autorités, a encouragé les dignitaires du pouvoir déchu à se réorganiser et à se lancer dans des actes de restauration.

Par ailleurs, en suscitant et en alimentant un faux  débat sur la re-conciliation, la classe politique (majorité et opposition) cherche plutôt à entériner la TRAHISON du peuple en voulant garantir une impunité  dans les dossiers judiciaires de l’insurrection populaire, du putsch, des dossiers Sankara et Dabo Boukari. Or, c’est contre cette injustice érigée en mode de gouvernance que le peuple s’est soulevé les 30 et 31 octobre 2014. Pour nous, aucune « re-conciliation » ne sera durable et recevable sans au préalable la vérité et la justice des crimes de sang et crimes économiques.

DES ATTENTES SOCIALES,

Au demeurant, qu’en est-il de la satisfaction des attentes sociales,  économiques, sanitaires, et éducatives du peuple? En rappel, le PNDES est le nouveau référentiel devant conduire le peuple au « développement ».  Or, tous les économistes sincères et honnêtes reconnaissent que ce PNDES a été mal inspiré, car n’ayant pas procédé au vrai diagnostic des problèmes socio-économiques du pays. Alors, comment peut-on guérir un malade qui souffre de choléra en voulant lui administrer un traitement du palu ?

 Somme toute, devant le  marasme économique de notre pays, les actions promptes attendues auraient pu être les actes de moralisation de la vie économique et publique tels que le lancement des procédures de rapatriement des fortunes volées à notre peuple par l’ancien régime, l’audit de toutes les sociétés d’Etat, le jugement des crimes économiques, l’audit des retombées de fonds miniers depuis 2004, l’audit  des grands  travaux publics, l’injonction aux entreprises pour le payement des 125 milliards de fiscalités impayées  comme l’a révélé l’audit du CNT sur la fraude fiscale en 2015 etc. Mais que nenni !

Sur le plan sanitaire, le peuple remarque plutôt une bataille pour le contrôle des Etablissements (exemple de la CAMEG), qu’une réponse urgente et structurante pour assurer à chaque citoyen burkinabè une couverture sanitaire de base. Pire, cette bagarre pour le  contrôle des ressources et non pour une meilleure gestion de la CAMEG, peut entraîner une rupture ou un ralentissement de fourniture de produits biomédicaux dans les centres de santé. Ce serait, d’ailleurs, le cas des réactifs qui seraient en manque pour les examens médicaux dans certains centres de santé où c’est la croix et la bannière pour se faire par exemple un simple examen du palu Dengue.

Parallèlement à cette situation sanitaire macabre, la crise de l’école burkinabè, notamment le cas des universités publiques, suscite l’interrogation sur l’essence de l’investissement humain à la hauteur de notre siècle. Ni le modèle d’enseignement, ni l’accessibilité, ni la maîtrise du calendrier académique, ni le renouvellement du personnel enseignant, ni les œuvres sociales ne répondent aucunement aux besoins ressentis des fils et filles du pays. Depuis au moins 25 ans, l’Université de Ouagadougou subit des actes jonchés de commission en commission (le « commissionisme »). Ainsi, depuis l’application des contingentements en 1991 du nombre d’étudiants et de bourses, allant à la refondation en 2000, aux créations de nombreuses commissions ad’ hoc de crises, les choses demeurent au stade de “réflexion”. D’ailleurs, il faut un audit des universités publiques  qui doivent recevoir un investissement colossal soutenu pour une université accessible et qualitative aux enfants du peuple.

En allant à l’insurrection, notre peuple a voulu  tracer les sillons d’une renaissance nationale indispensable pour les progrès socio-économiques,  judiciaires, institutionnels,  démocratiques etc. C’est dans cet esprit que deux propositions de constitution pour passer à une cinquième république ont été actées sous la Transition : celle de la commission de réconciliation nationale et des réformes et,  celle du CNT. Cette dernière devait être adoptée par référendum couplé aux élections locales passées. Cependant, malgré les ressources auparavant déployées sous la Transition pour sortir ces projets de constitution, une autre constitution est en conception en ce moment, au sein d’une nouvelle commission constitutionnelle qui, pour nous, doit non seulement reconduire les amendements apportés par le CNT à l’actuelle constitution, mais aussi faire sienne les propositions des commissions constitutionnelles sous la Transition.

Sur le plan des crimes impunis, le peuple attend ardemment et impatiemment toute la vérité et la justice  dans le dossier du putsch (qui a connu un tripatouillage inégalé  par l’immixtion des autorités actuelles), dans le dossier Thomas Sankara , et les  dossiers Norbert Zongo, Dabo Boukary, etc.

 La mort de la morale politique, caractérisant le régime actuel,  a atteint son paroxysme dans les arrangements politiques ou “règlements diplomatiques” ayant forcé la levée des mandats d’arrêt au bénéfice des auteurs du coup d’Etat et, à l’opposé, contre la dignité des Burkinabè.

C’est au vu de ces situations décrites plus haut, qu’au niveau de la Coalition Ditanyè, une question se pose : Que reste-t-il de l’esprit de l’insurrection populaire ?

La jeunesse burkinabè a assumé sa part de l’Histoire ! Il est aujourd’hui malheureux que le personnel politique (majorité et opposition), à nos yeux, montre son incapacité à porter les aspirations profondes à de vrais changements de notre peuple.

En sus, en voyant cette posture de destruction graduelle des acquis matériels et moraux de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, notre coalition pense que le pouvoir n’est pas sincère dans l’hommage qu’il compte rendre aux martyrs.

Dans tous les cas, la jeunesse se doit de rester mobilisée et ne pas se fier aux actes illusoires qui l’amènent à courir derrière des strapontins jetés çà et là. Car, en plus de plonger la jeunesse dans une misère matérielle, le pouvoir cherche à l’ensevelir dans une misère morale. Et cela ne correspondrait guère à l’exemple de dignité et de courage montré par le peuple burkinabè aux autres peuples du monde.

Pour terminer, le défi est désormais de contribuer, par la conscientisation des masses populaires,  à l’émergence d’une nouvelle classe politique véritablement patriotique et consciente de l’indispensable reconstruction du pacte républicain autour des valeurs essentielles d’intégrité, de justice sociale, du sens  de l’intérêt général, de loyauté, de probité et d’équité. Pour cela, la lutte ne fait que commencer !!!

Nan laara, An saara!

La patrie ou la mort, nous vaincrons !

Pour la Coalition Ditanyè

Les Organisation Membres : Le Balai Citoyen ; Le Cadre Deux heures Pour Nous, Deux Heures Pour l’Afrique ; La Génération Cheikh Anta Diop ; La Génération  Joseph Ki Zerbo ; La Ligue des Panafricanistes ; Le Mouvement Des Sans Voix Burkina ; Le REPERE


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