ANGOLA : Une dictature silencieuse et oubliée
Le 20 juin dernier, 14 jeunes du mouvement révolutionnaire, bien connus pour être critiques à l’endroit de la gouvernance de Dos Santos, avaient été arrêtés alors qu’ils étaient en réunion sur les violations des droits de l’homme en Angola. Selon le parquet, ils sont poursuivis pour « rébellion et attentat contre le président de la république », deux crimes passibles de 3 à 12 ans de prison, selon le Code pénal angolais. Depuis lors, ils croupissent en prison. C’est pour exiger leur libération que des activistes de plusieurs mouvements contestataires du régime angolais, ont tenté de se rassembler mercredi 29 juillet dernier place de l’indépendance dans la capitale. Mais une dizaine d’entre eux ont été arrêtés à leur tour, avant même le début de la manifestation.
Le simple fait de manifester contre le régime est perçu comme un crime de lèse-majesté
En plus de ces arrestations, deux militaires ont été aussi emprisonnés pour connivence avec les activistes, et cela n’est pas gratuit. C’est certainement pour mieux justifier la thèse de l’attentat contre le président de la République, brandie par le parquet. Que les dictateurs sont ingénieux, lorsqu’il s’agit pour eux de fabriquer des motifs pour sévir contre tous ceux qui ont le toupet de dénoncer publiquement les excès de leur gouvernance ! En Angola, le simple fait de manifester contre le régime est perçu comme un crime de lèse-majesté. On se croirait en Roumanie, à l’époque de Nicolas Ceausescu. Entre ce dernier qui avait marqué l’histoire de son pays par sa mégalomanie, et Eduardo Dos Santos, la différence, s’il y en a une, est bien mince. En effet, Dos Santos règne sans partage sur l’Angola depuis la mort de son prédécesseur, Agostino Neto, en 1979. Depuis lors, ce pays n’a connu que la gouvernance du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) dont le patron incontesté et incontestable est Dos Santos. Le seul parti de l’opposition, l’UNITA (Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola), susceptible de lui créer des problèmes, est aujourd’hui l’ombre de lui- même et ce , depuis la disparation de son chef charismatique, Jonas Savimbi, tué par l’armée angolaise le 23 février 2002. Depuis lors, l’hégémonie du MPLA sur l’Angola est totale. Les premiers bénéficiaires de cette sclérose politique sont les apparatchiks du parti, avec à leur tête Dos Santos dont la fille aînée Isabel est citée parmi les plus grosses fortunes d’Afrique. Pendant ce temps, les populations, dans leur écrasante majorité, végètent dans la pauvreté, bien que le sous-sol du pays regorge de diamant, de fer et surtout de pétrole dont l’Angola est le 2e plus grand producteur d’Afrique après le Nigeria. Comment pouvait-il en être autrement ? Cet état de chose est lié à l’inamovibilité de Dos Santos. Cette longévité au pouvoir (36 ans) que Barack Obama, à juste titre, considère comme l’un des défis à relever par l’Afrique, à l’occasion de son récent séjour éthiopien, malheureusement, a de beaux jours devant elle en Angola. Ce n’est donc pas demain la veille que le peuple angolais pourrait caresser le rêve d’une alternance démocratique dans son pays, à moins que la nature n’en décide autrement. L’Angola a donc tous les attributs d’une vraie République bananière, où tous les voyants de la démocratie sont passés au rouge depuis longtemps. Mais cela ne dérange pas outre mesure les dirigeants occidentaux. Bien au contraire, ceux-ci chouchoutent l’homme fort de Luanda, Dos Santos, pour leurs intérêts bassement matériels.
Il ne faut jamais désespérer des peuples
La preuve de cela a été donnée le 3 juillet 2015 dernier par François Hollande. Ce jour-là, le président de la « patrie des droits de l’homme » a effectué une visite d’Etat en Angola. Mais que voulez-vous ? Le business vaut bien une escapade diplomatique. Pourtant, les faits sont têtus. L’Angola est tout, sauf une démocratie. Les Occidentaux le savent. Seulement, personne n’ose évoquer avec Dos Santos, les sujets qui fâchent. Tout le monde préfère la boucler pour profiter des intenses opportunités commerciales et économiques que leur offre ce pays. Après tout, l’argent et les affaires n’aiment pas le bruit. Cette complicité active des puissances occidentales avec Dos Santos, ajoutée au fait qu’au plan domestique, toutes les voix dissidentes sont systématiquement étouffées, font du régime angolais une dictature silencieuse et oubliée. Mais au-delà du cas angolais, l’on peut faire le constat que tous les autres pays de cet espace géographique, à l’exception de l’Afrique du Sud, constituent le ventre mou de la démocratie en Afrique. Et les choses pourraient mettre beaucoup de temps à changer. Car, ni les puissances occidentales, ni l’UA (Union africaine) ne s’en préoccupent véritablement. Et pour ne rien arranger, l’on peut avoir l’impression que les peuples de ces pays ont plus la propension fâcheuse à la poltronnerie et à la jouissance qu’à la lutte pour se défaire du joug de leurs dictateurs. Ils méritent donc leurs satrapes. Car, ne dit-on pas qu’un esclave qui refuse de se battre pour se libérer, ne mérite pas qu’on s’apitoie sur son sort ? Mais, dans le même temps, l’on peut dire que la nuit a beau être longue, le jour finira par se lever. De ce point de vue, l’on peut garder l’espoir que ces peuples, à force d’être martyrisés par leurs dictateurs, finiront un jour par sonner la révolte. Avant eux, d’autres peuples dont on disait qu’ils étaient gagnés par la résignation, l’ont fait. C’est en cela qu’il ne faut jamais désespérer des peuples.
« Le Pays »
Muehombo Acizaldina
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SAVIMBI s’est tiré deux balles à l’arrivée de l’armée angolaise, ce ne sont pas les hommes de l’armée qui ont mis fin à ses jours contrairement à ce que beaucoup croient.
1 décembre 2015Anonyme
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Que dire ?
15 septembre 2018