ANNONCE DE LA CANDIDATURE DE BUHARI AU NIGERIA : On le voyait venir !
Il vient de mettre un terme aux spéculations et conjectures qui avaient cours depuis quelques mois, au Nigeria. Le président Muhammadu Buhari, puisque c’est de lui qu’il s’agit, sera candidat aux élections générales de février 2019. L’annonce a été faite hier, 9 avril 2018, au cours d’une réunion du Comité exécutif national du All Progressive Congress (APC). Le président Buhari voudrait faire dans l’opportunisme qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Car, le moment choisi pour annoncer sa candidature à la prochaine présidentielle, n’est pas fortuit. Tout le monde sait, en effet, que le successeur de Goodluck Jonathan a le vent en poupe et ce, depuis la libération, dans des circonstances encore floues, des écolières de Dapchi. Ces dernières, faut-il le rappeler, avaient été ramenées là où elles avaient été enlevées par leurs ravisseurs themselves. On savait bien que le président Buhari qui avait fait de la libération de ces otages, son cheval de bataille, ne se priverait pas d’en récolter les dividendes politiques. Ceci pouvant expliquer cela, on comprend aussi pourquoi depuis peu, celui qui, au départ, avait sorti l’artillerie lourde contre les islamistes de Boko Haram, a décidé de changer son fusil d’épaule en optant pour la négociation. Ce revirement spectaculaire a surpris certains observateurs qui ont vite franchi le pas en parlant d’aveu d’impuissance de la part de l’ancien putschiste élu président en 2015. Peut-être s’agit-il là d’une stratégie visant à caresser les islamistes insurgés dans le sens du poil et cela, afin de réduire considérablement les attentats et les enlèvements de masse qui, s’ils se multiplient durant cette période pré-électorale, pourraient jouer en défaveur de Buhari.
Buhari traîne un boulet. Il s’agit de sa santé chancelante
Cela dit, en décidant de négocier avec Boko Haram, Buhari, en bon margoulin politique, sait ce qu’il fait. Seulement voilà, s’il est vrai que les pronostics le donnent favori pour la présidentielle de février 2019, le tombeur du président Shehu Shagari en 1979, traîne tout de même un boulet. Il s’agit de sa santé chancelante qui lui a valu de passer de longs mois à Londres pour des soins, donnant ainsi du grain à moudre à ses adversaires. Et comme pour ne rien arranger, le président Buhari, depuis son retour au pays après son séjour médical, n’a visité que quelques-uns des 36 Etats du Nigeria, dont Lagos où son premier déplacement officiel avait l’allure d’une pré-campagne électorale. C’est dire que l’opposition nigériane ne manquera pas de matière. Le moment venu, elle pourrait surfer sur la fragile santé du chef de l’Etat qui, pour gagner les élections qui se profilent à l’horizon, aura besoin du soutien du Sud-Ouest, dominé par le groupe ethnique Yorouba. Mais là, il pourra compter sur l’ancien président Olusegun Obasanjo qui, exaspéré par les turpitudes de Goodluck Jonathan, avait fini par déchirer publiquement, sa carte de membre du Parti démocratique populaire (PDP). Et à ce qu’on dit, Obasanjo a aujourd’hui rallié le camp de Buhari qui fut d’ailleurs son ministre du Pétrole et des ressources naturelles. Preuve que les deux hommes s’entendent comme larrons en foire.
B.O