HomeA la uneANNONCE DE LA SUSPENSION DE L’AIDE DIRECTE AU BURUNDI PAR L’UE : Il en faut plus pour inquiéter le dictateur  

ANNONCE DE LA SUSPENSION DE L’AIDE DIRECTE AU BURUNDI PAR L’UE : Il en faut plus pour inquiéter le dictateur  


 

Face à l’intransigeance de Pierre Nkurunziza et la dégradation continuelle de la situation sociopolitique qui voit chaque jour le Burundi se rapprocher de la guerre civile, l’Union européenne (UE)  envisage de passer de la parole à l’acte en rendant effective la suspension de son aide directe à ce pays. Cela, après avoir constaté l’échec des consultations entre elle et les autorités de Bujumbura, restées jusque-là sourdes et inflexibles aux appels à l’ouverture de négociations avec les opposants qui contestent le troisième mandat de Pierre Nkurunziza. En décidant de frapper Nkurunziza au porte-monnaie, l’UE entend donner plus d’envergure à son action en maintenant la pression sur le pasteur-président. Pour un pays dont le budget dépend à 50% de l’aide internationale et qui est en queue de peloton des pays les plus pauvres de la planète, nul doute qu’une telle décision, si elle était pleinement appliquée,  aurait des répercussions catastrophiques. De quoi donner suffisamment de frayeurs à tout président consciencieux et amoureux de son peuple, pour faire contre mauvaise fortune bon cœur en faisant des concessions. Surtout que dans le cas du Burundi, son économie est déjà fragilisée par dix mois d’instabilité, depuis la décision de Pierre Nkurunziza de marcher sur la Constitution de son pays et les accords d’Arusha pour briguer un troisième mandat. Cette fois-ci sera-t-elle alors la bonne pour ramener le satrape à de meilleurs sentiments ? Il est permis d’en douter. D’autant plus qu’avant cela, l’on a vu l’Union africaine (UA) menacer d’envoyer bon gré mal gré une force d’interposition de 5000 hommes au Burundi, avant de se dégonfler comme un ballon de baudruche et tenter de sauver la face par de prétendues négociations qui se font toujours attendre avec Bujumbura. L’UE sera-t-elle plus royaliste que le roi ? Rien n’est moins sûr. En outre, il apparaît aujourd’hui évident que Nkurunziza est allé trop loin pour reculer. Il ne faut donc pas s’attendre à un quelconque mea culpa de sa part.

L’énigme burundaise ne semble pas encore avoir livré tous ses secrets

Car, l’homme semble s’être retranché  dans une logique de pis-aller et de répression aveugle pour faire avaler la pilule à son peuple et à une communauté internationale qui semble se contenter de crier au loup, sans jamais prendre les mesures idoines pour le déloger de la bergerie. Toutes choses qui ont pour effet de renforcer le pasteur-président dans sa conviction que jamais la communauté internationale n’ira au-delà des simples menaces, et que tout ce ramdam ne vise ni plus ni moins qu’à lui faire peur afin qu’il révise sa position. Dans une telle optique, il semble évident qu’il faudra bien plus que l’annonce de cette suspension d’aide européenne pour inquiéter le dictateur Nkurunziza. En tout cas, on le voit mal, à cause d’une telle annonce,  faire machine-arrière, d’autant plus qu’il pourrait se dire que d’ici à l’application effective de la mesure sur le terrain, la décision finale pourrait être difficile à prendre pour l’UE, au regard des lourdes conséquences qu’elle pourrait avoir sur les populations qui risquent d’en faire les frais. Sans oublier que Nkurunziza pourrait mettre une autre corde à son arc, en se tournant vers d’autres puissances qui sont moins regardantes sur les questions des droits de l’Homme, pour combler le vide éventuel  qu’entraînerait la suspension de l’aide de l’UE. Toutefois, Nkurunziza aurait aussi tort de minimiser la portée de telles sanctions car, ce n’est pas du jour au lendemain que l’on peut combler un gap de 430 millions d’euros, dans un monde où toutes les économies sont en proie à la crise économique. Et si, dans une synergie d’actions, d’autres bailleurs de fonds devaient emboîter le pas à l’UE, le boucher de Bujumbura  aurait certainement plus de soucis à se faire. Mais, après la sortie de l’Oncle Sam, la semaine dernière, qui a semblé apporter un ballon d’oxygène à Bujumbura en accusant sans ambages Kigali de vouloir déstabiliser le Burundi, l’on se demande si les Européens, qui s’entendent avec les Américains comme larrons en foire, iront jusqu’au bout de leurs sanctions contre Nkurunziza. C’est peut-être là, l’un des nœuds et pas des moindres  de l’énigme burundaise qui ne semble pas encore avoir livré tous ses secrets, quand on sait toute la difficulté qu’ont les maîtres du monde à transcender leurs intérêts au nom desquels ils sont souvent prêts à toutes sortes de tartufferies diplomatiques.

Outélé KEITA


Comments
  • Je viens de lire l’article de Outele Keita sur le Burundi. Ma question : qui est ce journaliste ? Il ne connaît pas le Burundi. Il ne fait que répéter un discours d’une certaine opposition sans aucune consistance eu égard à ce qui se vit sur le terrain. Mauvaise analyse, mauvaise conclusion, mauvaise réaction. Voilà qui a perdu l’Afrique. Nkurunziza le dictateur, Nkurunziza le boucher… Outele a-t-il la moindre idée des réalités burundaise ? Un boucher au Burundi n’aurait pas fait 400 morts en 10 mois avec une crise pareille. On aurait eu une vraie hécatombe. Bien au chaud dans son bureau, Outele raconte n’importe quoi et se gargarise avec les racontars de rue. Il ignore les vrais combats de l’Afrique : se libérer du dictat occidental et sauver nos futurs Kadhafi et Gbabo de l’arrogance des néocolonialistes. Le Burundi n’est pas une dictature et peut bien se passer des miettes de l’Union Européenne pour sa croissance economique et sa gestion démocratique.

    16 février 2016
    • @Nahimana: Critiquer Outele Keita sur cet article sur le Burundi est ton droit, mais ton negationisme de la triste realite de notre pays releve tout simplement d’un cynisme sans nom. Lorsque tu dis qu’un boucher n’aurait pas fait 400 morts en 10 mois, pour toi c’est peu, est c’est justement le raisonement des bourreaux! De toutes les facons, si tu fais parti du cercle mafieux et criminel de Nkurunziza, laisses-nous dans notre malheur et vas attendre tranquillement que Nkurunziza massacre 1 million de tes compatriotes pour enfin accepter qu’il est un boucher. Juste pour les lecteurs qui veulent en savoir plus, je precise que Nkurunziza n’est pas non seulement un boucher, mais plutot un psychopathe sans nom. Moi je vis au quartier de Cibitoke et depuis justement Avril 2015, la police, la milice du parti au pouvoir ainsi que les FDRL (les fameux genocidaires du Rwanda en 1994, qui, depuis la crise ont ete recrute massivement par le pouvoir), viennent quidnapper, violer et tuer des jeunes gens et des hommes en age de travailler au su et au vu de tout le monde sauf bien sur les journalistes. Maintenant, le quartier de Cibitoke est vide a 80%. Comme cela ne suffisait pas, aujourd’hui-meme, le pouvoir a decide que tous les maisons vacantes de ce quartier seront occupees par les forces de l’ordre soit-disant securiser et retablir l’ordre. Il faut savoir ici que ce n’est pas le quartier de Cibitoke, mais les quartiers de Nyakabiga, Musaga, Jabe et Mutakura sont entrain de vivre le meme cauchemar. Un phenomene nouveau: les eleves du secondaire et les universitaires sont quidnappes en pleine journee par la police en les accusant qu’il sont des combattants. Un autre phenomene nouveau est que si avant on retrouvait les cadavres des jeunes qui ont ete quidnappe par la police, aujourd’hui les familles qui ont leurs enfants disparus n’ont plus droit a leur funerailles puisque on ne les trouve jamais. Des fausses communes sont timidement signalees mais personnne n’ose reellement chercher par peur de represaille. Les 400 morts que ce Nahimana avance ne sont que des chiffres avances officiellement par certaines associations, mais nous qui vivons ce calvaire, nous savons que pas moins de 80 jeunes sont enleves par jour dans les quartiers dit contestataires par la police, la milice du parti au pouvoir et les FDRL. Dans l’histoire des dictatures en Afrique et ailleurs, c’est la premiere fois qu’un pouvoir se comporte comme un chien enrage, avec une ferocite sans egale envers son people, en ciblant et en fauchant essentiellement une jeunesse innocente et sans defense et ceci juste a cause d’un mandat illegal et anticonstitutionnel de trop.

      17 février 2016
  • Nkurunziza est l´instrument d´un pays européen qui veut à tout prix déstabiliser le Rwanda. Ce pays fait trop de bruit aux Nations Unies, à l´Union Européenne et même dans les coulisses de certaines présidences en Afrique.

    16 février 2016

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