ANNULATION DE NOMINATIONS ET DE CONCOURS AU BENIN : Patrice Talon veut secouer le cocotier  

A peine s’est-il confortablement installé au palais de la Marina, que le nouveau président béninois, Patrice Athanase Guillaume Talon, commence à secouer le cocotier. En effet, il a suspendu, à la surprise générale, la sortie de 502 douaniers prêts à servir le pays à l’issue d’une formation militaire de 90 jours au camp militaire de Ouidah. L’annonce en a été faite par le président du Front national de lutte contre la corruption (FONAC), Jean-Baptiste Elias, le 10 avril dernier, qui précise que la liste des concours annulés a été élargie pour prendre en compte les 1 780 agents recrutés. Et ce n’est pas tout. Car, Patrice Talon a aussi annulé les nominations et affectations dans les postes diplomatiques, intervenues le 31 mars dernier, soit une semaine avant la fin officielle du mandat de Boni Yayi, aussi bien en ce qui concerne le personnel civil que militaire. Mieux, il est prévu un audit dans les ambassades béninoises à Paris et à Washington avant toute autre action. Ce sont là, entre autres, de nouvelles mesures prises par le gouvernement du “Nouveau Départ” qui ne manqueront pas de provoquer des grincements de dents. Alors, pourquoi Patrice Talon a-t-il pris de telles décisions en dépit du sacro saint principe qui veut que l’administration soit une continuité ? Sans doute s’agit-il d’une manière de ne pas cautionner la forfaiture du régime défunt de Boni Yayi. En effet, on sait que, pour ce qui est des concours qui viennent d’être annulés, toutes les centrales syndicales et des membres de la société civile, les avaient déjà jugés frauduleux. Du reste, Patrice Talon, dès l’entame de son mandat, s’était montré hostile à la corruption et la fraude qui gangrènent le développement socio-économique de bien des pays africains.

On peut dire que les signaux sont déjà bons

C’est donc un signal fort qu’il vient d’envoyer à l’opinion nationale et internationale. Mais une chose est sûre. Là où les uns verront un souci de transparence, d’autres n’hésiteront pas à parler de chasse aux sorcières visant à faire rendre gorge aux tenants du régime sortant. L’amalgame, dans le cas d’espèce, est vite fait quand on connaît l’inimitié jamais démentie qu’il y a entre Patrice Talon et son prédécesseur Boni Yayi qui, d’ailleurs, avait ouvertement appelé à voter pour un autre candidat. Face à une telle situation, il revient au nouveau président de savoir prendre de la hauteur pour ne pas donner l’impression de faire dans la vengeance et le règlement de comptes qui pourraient, à la longue, être préjudiciables à l’unité nationale. Ici, la transparence recherchée ne doit pas viser un individu ou groupe d’individus mais plutôt l’assainissement de la gestion publique pour une meilleure gouvernance. Certes, cela a un prix, puisqu’il y aura forcément des heureux et des mécontents. Mais, quand il s’agit de l’intérêt supérieur de la nation, aucune mesure, fût-elle drastique, n’est de trop. Toutefois, en agissant ainsi, Patrice Talon et son équipe doivent savoir qu’ils se lancent en même temps un énorme défi ; celui de faire du Bénin une nation exemplaire en matière de gouvernance, ce pays étant déjà une vitrine de la démocratie. On attend de voir. Mais pour l’heure, on peut dire sans se tromper que les signaux sont bons.

B.O