ANNULATION DU HADJ 2021 POUR LES PELERINS ETRANGERS POUR CAUSE DE COVID-19
La nouvelle est tombée en fin de semaine dernière comme un couperet : il n’y aura pas de pèlerinage à La Mecque, cette année, pour les non-résidents en Arabie Saoudite. L’information a été officialisée par le ministère saoudien du Hadj, sur son site, le 12 juin dernier : « Le hadj 2021 est strictement réservé aux résidents (toutes nationalités confondues) et aux citoyens saoudiens. Par ailleurs, le nombre de pèlerins autorisés à effectuer le pèlerinage, est fixé à 60 000 ». Une mesure de fortes restrictions et de contingentement qui vient briser le rêve de millions de fidèles musulmans à travers le monde, qui croyaient pouvoir accomplir, cette année, ce cinquième pilier de l’islam, après en avoir été privés l’année dernière pour cause de Covid-19. Mais force est de constater que cette année encore, la pandémie aura dicté sa loi alors que l’espoir semblait pourtant permis. Surtout avec la mise au point de vaccins dont l’administration aux populations a commencé dans de nombreux pays, et qui se présentait à bien des égards comme l’un des précieux sésames pour être éligible au voyage en Terre sainte. Mais comme dit l’adage, « l’Homme propose, Dieu dispose ».
Au-delà de la survie des entreprises, ce sont des milliers d’emplois qui sont aussi menacés
C’est pourquoi il va falloir faire encore preuve de patience, pour de nombreux fidèles musulmans candidats au hadj, avant de voir leur vœu de fouler la terre du prophète, se réaliser. En attendant, c’est une mesure qui n’est pas sans conséquences, en raison des désagréments qu’elle va forcément créer, de par son annonce « tardive », à seulement un mois de la fête de la Tabaski dont il est censé être le couronnement. Quand on sait que certains fidèles, dans nos contrées africaines, mettent des années à préparer le pèlerinage à La Mecque, on imagine tout le désastre spirituel qui peut être celui de ceux qui s’étaient déjà inscrits, depuis l’année dernière pour certains, et qui devront encore patienter sans la certitude de voir leur vœu se réaliser à court ou moyen terme. A côté de ces candidats au pèlerinage dont on peut comprendre la frustration légitime, il y a les agences de voyage dont l’activité tourne principalement autour de l’organisation de ce pèlerinage, et qui se retrouvent à broyer du noir avec le risque de mettre, à tout moment, la clé sous le paillasson, en raison des charges de fonctionnement qui sont les leurs. Sans oublier la dette morale et financière à l’endroit de leurs clients qui se sont déjà acquittés de leurs frais de voyage, et qui sont toujours dans l’attente de la contrepartie en termes de concrétisation de leur voyage ou de remboursement. C’est dire si au-delà de la survie de ces entreprises, ce sont des milliers d’emplois qui sont aussi menacés. Sans compter le manque à gagner pour l’Etat, les compagnies aériennes et tous ceux qui tiraient d’une manière ou d’autre, profit de cette activité au-delà des frontières nationales. En somme, c’est une mesure d’annulation aux conséquences incalculables.
Ce n’est certainement pas de gaieté de cœur que les autorités saoudiennes en sont arrivées à prendre de telles mesures extrêmes
C’est dire si avec la fermeture du pèlerinage à La Mecque, pour la deuxième année consécutive, aux candidats venant de l’étranger, c’est toute l’économie du hadj qui en prend un sacré coup. A commencer par le pays hôte, l’Arabie Saoudite, qui accueille annuellement les pèlerins avec tous les dividendes que cela comporte en termes de retombées sur les plans religieux et économique. C’est pourquoi, en réduisant cette année à une petite soixantaine de mille, le nombre de personnes éligibles au pèlerinage qui mobilisait, bon an mal an, entre 2 et 5 millions de pèlerins venus du monde entier, il faut croire que c’est à leur corps défendant que les autorités saoudiennes ont pris une telle décision. L’effet domino sur les autres pays du monde se traduit à travers les désagréments d’annulation de dernière de minute. Mais « à l’impossible, dit le dicton, nul n’est tenu ». Et ce n’est certainement pas de gaieté de cœur que les autorités saoudiennes en sont arrivées à prendre de telles mesures extrêmes. Mieux, il y a des raisons de croire qu’elles fondaient aussi beaucoup d’espoirs sur les vaccins pour espérer sauver le hadj, mais que le timing de leur administration aux populations n’a pas permis de produire tous les effets de protection escomptés pour pouvoir organiser le hadj dans les conditions de sécurité sanitaires requises pour tous les pèlerins. Face au risque d’une possible résurgence plus dramatique de la pandémie à l’échelle mondiale au moment où l’on parle de troisième vague, c’est peut-être une sage décision, en attendant de trouver la bonne formule.
« Le Pays »