HomeA la uneAPOLLINAIRE COMPAORE à propos de son projet de création de banque : « Je mets les bruits qui courent sous le coup de l’adversité »

APOLLINAIRE COMPAORE à propos de son projet de création de banque : « Je mets les bruits qui courent sous le coup de l’adversité »


Apollinaire Compaoré n’est plus à présenter. Opérateur économique burkinabè de renom, il est à la tête d’un groupe d’entreprises. C’est lui le PCA de Telecel Faso. Dans l’interview qui suit, il nous parle  de ses activités. Lisez plutôt !

 

Le Pays : Comment se porte Monsieur Apollinaire Compaoré ?

 

Apollinaire Compaoré : Grâce à Dieu, je me porte bien. J’ai la foi. Pour un homme, le plus important, c’est la vie et la santé. Tout le reste est complémentaire et je l’ai confié à Dieu.

 

Qu’est-ce qui est complémentaire ? Les affaires ?

 

Les affaires et tous les autres aspects. Sans la vie, tout cela n’est pas possible.

 

Sur le plan économique, les entreprises vivent en général une situation difficile à l’heure actuelle. Est-ce le cas pour vous ?

 

Avant tout, nous sommes au Burkina. Personne ne peut être épargné par ce qui se passe dans le pays. Donc, nous vivons les mêmes réalités que tout le monde.

 

Dans quels secteurs d’activités intervenez-vous ?

 

Nous sommes dans la téléphonie, les assurances, l’équipement, la distribution de la cigarette, les hydrocarbures, l’immobilier,…

 

Vous avez beaucoup d’affaires à gérer à la fois !

 

Oui ! J’ai 9 directeurs généraux.

 

Où en êtes-vous avec votre licence d’opérateur de téléphonie à Bamako ?

Il semble que vous ayez eu  beaucoup de difficultés avec cette troisième licence. Que s’est-il passé ?

 

J’ai rencontré des difficultés qui sont inhérentes à ces types de projets d’envergure qui nécessitent la mobilisation de financements majeurs. En rappel, cette troisième licence ainsi que le coût du déploiement du réseau est estimé à  plus de 100 milliards F CFA. La licence en elle-même valait plus de 55 milliards de F CFA. Au départ, j’avais un partenaire malien qui devait payer les 40% du coût de la licence ce qui représente 22 milliards de F CFA et moi, le reste. C’est-à-dire les 33 milliards de F CFA. Au dernier moment, ce dernier a été défaillant. J’ai donc été obligé de supporter le coût de la licence tout seul. C’est donc un imprévu qui n’a pas aidé au démarrage rapide  du projet. Mais grâce à la confiance que nous accordent nos partenaires en raison de nos réalisations réussies dans le domaine des télécommunications au Burkina et dans la sous-région, nous avons pu rassembler les capitaux qu’il faut et bientôt nous démarrerons nos activités au Mali.

 

Pouvez-vous nous situer sur vos ennuis judiciaires dans cette affaire de licence ?

 

Nous n’avons aucun ennui judiciaire au Mali. Nous avons acquis une licence auprès des autorités maliennes qui nous permettent de travailler afin de rendre notre projet opérationnel.

 

Il nous est revenu que vous avez des difficultés à créer votre banque « Wari ».

 

Je n’ai pas de difficultés dans la conduite du dossier de Wari banque. Notre dossier est toujours dans le circuit de validation et le retour que nous avons est encourageant. Tout comme vous, j’ai appris par voie de presse qu’il y aurait des difficultés sur ce dossier. Mais, je vous assure qu’il n’en est rien. Je mets les bruits qui courent sous le coup de l’adversité. Mais l’adversité est normale entre êtres humains. Le plus important, c’est de conjuguer nos efforts pour faire aboutir ce projet.

 

Je n’ai pas de démêlés judiciaires

 

Quels sont les principaux problèmes auxquels les opérateurs de télécommunications sont confrontés ?

 

Comme vous le savez, dans le secteur des télécommunications à l’instar des autres secteurs hautement capitalistiques, il faut effectuer beaucoup d’investissements.

 

Monsieur Appolinaire Compaoré a-t-il encore des démêlés judiciaires ?

 

Non. Je n’ai pas de démêlés judiciaires. Ce qu’on appelle démêlé actuellement n’en est pas un. A la vérité, Etisalat qui avait repris les actions de  Atlantique Telecom au sein de Telecel Faso avait été expulsée du capital de Telecel Faso pour mauvaise gestion. Par la suite, le différend avec Etisalat a trouvé son dénouement dans un accord amiable dans lequel eux-même reconnaissaient Telecel Faso comme étant la propriété pleine et entière de Planor Afrique. Nous avons ainsi soldé nos comptes.

 

Nous avons appris que vous avez un problème avec Koné Dossongui. Est-ce vrai ?

 

  1. Dossongui a effectivement introduit une action au niveau du tribunal de commerce. Mais, je ne me fais pas beaucoup de soucis sur cette question. Pour moi, M. Dossongui, et à travers lui Atlantique Telecom, n’a pas qualité pour agir dans la mesure où il avait rétrocédé ses actions à Etisalat et que nous avons trouvé un accord amiable avec Etisalat, ces derniers reconnaissant Telecel Faso comme étant la propriété pleine et entière de Planor Afrique. En tout état de cause, le dossier est devant le Tribunal de commerce et nous attendons sereinement les décisions qui en découleront.

 

Avec à peine 200.000 abonnés lors de la reprise de Telecel par le Groupe Planor, nous enregistrons à ce jour 3 millions d’abonnés

 

Quels sont vos rapports avec les autres opérateurs de téléphonie mobile?

 

Ce sont des rapports de respect mutuel et tout se passe très bien avec nos deux (2) concurrents.

 

Est-ce que vous ne vous marchez pas dessus ?

 

Non ! C’est une concurrence saine et nous travaillons à fidéliser ceux qui nous ont fait confiance et à recruter de nouveaux abonnés.

 

 Où en êtes-vous avec l’identification des abonnés exigée par le gouvernement ?

 

Nous avons mis en place une procédure d’identification de nos abonnés qui est appliquée à tous les niveaux de la chaine d’acquisition de nos puces.

 

Les clients se plaignent souvent de la mauvaise qualité des réseaux et des coûts de communication. Votre avis ?

 

Comme toute œuvre humaine, rien n’est parfait. Nous en sommes conscients et travaillons à l’amélioration de nos prestations par la mise en place d’un programme d’amélioration continue. Des investissements conséquents sont toujours faits dans ce sens. Toutefois, la mauvaise qualité du réseau est parfois liée à certains phénomènes qui nous sont exogènes tel que le défaut d’énergie. Pour remédier à la situation, nous effectuons des investissements importants tels que les achats  des groupes électrogènes, les stations solaires, etc.

 

Certains disent que dans la sous-région, le Burkina Faso est l’un des pays où le coût des communications est le plus cher. Est-ce vrai ?

 

Il faut relativiser. Sur ce que je sais, ce n’est pas totalement vrai.  Si on regarde dans la sous-région, on constate que les opérateurs burkinabè sont largement compétitifs en termes de tarification locale et internationale.

 

Pouvez-vous abaisser davantage les prix ?

 

(Rire) ! Comme vous le savez, Telecel Faso, par ses actions promotionnelles récurrentes faites d’octroi de bonus et de gratuité diverses,  contribue à rendre abordable le coût de la communication au Burkina.

 

Le Pays: Comment jugez-vous la place de Telecel dans l’univers de la téléphonie mobile au Burkina?

 

Telecel Faso est le troisième opérateur au Burkina Faso par son nombre d’abonnés.  Cette situation s’explique en partie par le conflit qui avait opposé les actionnaires jusqu’en 2008. Mais depuis la reprise de Telecel par notre Groupe, nous nous sommes efforcés de doter cette société d’infrastructures importantes en vue de permettre à Telecel de jouer pleinement son rôle dans la fourniture de services de télécommunications. Avec à peine 200.000 abonnés lors de la reprise de Telecel par le Groupe Planor, nous enregistrons à ce jour 3 millions d’abonnés. Celà a nécessité beaucoup d’investissements et nous sommes d’ailleurs en train de boucler, cette année, un investissement de plus de 35 milliards de F CFA en vue du lancement de la 3G et de plusieurs autres services hautement innovants.

 

Est-ce que le regroupement Orange-Airtel ne fera pas de l’ombre à Telecel Faso ?

 

Il n’y a pas de regroupement entre ces deux, mais c’est plutôt deux groupes distincts et l’un a repris les activités de l’autre au Burkina. En plus, j’ai traversé beaucoup de difficultés dans ma vie. De simple vendeur de tickets de loterie, je suis devenu Président du conseil d’administration de Telecel Faso. Donc, c’est pour dire que dans ma position, la concurrence ne me fait pas peur. J’ai confiance en mon travail et en celui de mon personnel. Donc, nous nous attelons à toujours redoubler d’efforts pour mériter la confiance de nos clients.

 

Est-ce que l’Etat est un facteur de stimulation dans le domaine de la téléphonie ou un acteur de freinage ?

 

Cette question mérite que l’on s’y appesantisse. D’une manière générale, l’Etat est censé créer les conditions optimales d’exercice de notre activité. A cet effet, nous avons des échanges constants avec l’autorité de régulation et les autres structures intervenant dans le domaine des télécommunications. Toutefois, comme dans toute activité humaine, des incompréhensions peuvent survenir parce que les acteurs n’ont pas les mêmes interprétations des réalités. J’en veux pour preuve qu’au renouvellement de la licence en 2010, nous avions compris que l’Etat nous rétrocédait  une licence globale sur 10 ans. Mais à la pratique, l’on se rend compte qu’il y a des services que nous souhaitons exploiter mais pour lesquels il nous est demandé de payer une nouvelle licence; c’est le cas de la 3G.  

 

Quel que soit notre domaine d’intervention, nous nous investissons pour soulager un tant soit peu les populations démunies

 

Qu’attendez-vous de l’Etat en termes d’actions rentrant dans le cadre de la promotion de la téléphonie mobile ?

 

Si l’Etat pouvait rehausser le niveau d’équipement du pays en infrastructures stratégiques de télécommunications en y introduisant par exemple un réseau de fibres optiques jusqu’à certaines  frontières comme le Mali, le Niger et le Ghana, le niveau de la connexion Internet se trouverait sensiblement relevé.

L’Etat pourrait également alléger la fiscalité sur les importations d’équipements de télécommunication. Nous apprécierions aussi une diminution de la pression fiscale sur les opérateurs.

L’Etat nous serait aussi d’un grand secours s’il facilitait l’accès aux financements de nos projets auprès des institutions financières nationales et internationales.

Nous espérons aussi que l’Etat trouve des solutions durables pour la question de l’énergie qui handicape sérieusement nos performances en termes de disponibilité du réseau et augmentent considérablement nos charges.

 

Comment se porte votre « empire » ?

 

Je remercie Dieu pour tout ce qu’il a fait pour moi, car de simple vendeur de tickets de tombola, je suis à la tête d’un groupe et propriétaire de quelques entreprises. Je n’ai pas de secret  particulier, juste le travail bien fait, l’honnêteté et la foi en Dieu.

 

Qu’est-ce que votre groupe fait dans le domaine du social ?

 

Quel que soit notre domaine d’intervention, nous nous investissons pour soulager un tant soit peu les populations démunies. Certes, la modestie de nos moyens ne nous permet pas de tout faire mais nous savons toujours être aux côtés des populations lorsque le besoin se faire sentir.

Le groupe apporte par exemple son soutien aux communautés musulmanes et chrétiennes. Nous soutenons également des associations de veuves et des orphelinats.

Si Dieu le permet et que nos moyens augmentent, nous ferons beaucoup plus pour apporter notre soutien aux couches les plus fragiles de la société.

 

Votre nom est cité parmi les prétendants à la présidence de la Chambre de commerce du Burkina. Etes-vous intéressé par ce poste ?

 

Je suis très intéressé.

 

Pourquoi ?

 

Au regard de mon parcours et de mon expérience, je pense modestement pouvoir apporter ma petite pierre dans le domaine des affaires de notre pays, surtout à mes jeunes frères et à nos enfants 

 

Propos recueillis par Valérie TIANHOUN

 

 

 


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