APPEL A LA DEMISSION DU PREMIER MINISTRE AU MALI : Soumeylou Maïga résistera-t-il à la bourrasque politique ?
C’est contre un Soumeylou Boubeye Maïga déjà en pleine tempête que la majorité parlementaire, notamment les députés du RPM, le parti présidentiel, envisage de déposer une motion de censure. A en croire certaines sources, c’est en principe, au cours de cette semaine que le projet de cette motion de censure doit être déposé sur la table du chef du perchoir. Cela sera-t-il fait ? Difficile d’y répondre tant il est rare de voir sous nos tropiques des députés du camp présidentiel enclencher une procédure de destitution d’un chef du gouvernement appartenant à la majorité présidentielle. Mais en attendant de savoir la décision finale de ces parlementaires issus du parti au pouvoir, l’opposition parlementaire, elle, a déjà ouvert les hostilités en déposant sa motion de censure, le 14 avril dernier. En plus d’avoir la classe politique sur le dos, opposition comme majorité qui demandent sa démission, le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, fait également face au vent de fronde des leaders religieux et des organisations de la société civile. C’est dire donc si celui qui est en passe de battre le record de longévité de Premier ministre sous la mandature du président Ibrahim Boubacar Keïta, a réussi à faire l’unanimité contre sa propre personne. Cerné par deux feux, va-t-il décider de lui-même, de rendre le tablier ou attendra-t-il d’être destitué par le chef de l’Etat ou par l’éventuelle motion de censure ? En tous les cas, l’on se demande si Soumeylou Maïga pourra résister à cette bourrasque politique. Pour l’heure, difficile de voir clair dans ce feuilleton politique à la malienne qui fait bouillonner le fleuve Djoliba tant cette question de la démission du Premier ministre exacerbe les tensions.
L’on est d’ailleurs surpris par le silence du président Ibrahim Boubacar Keïta qui a décidé contre toute attente de jouer les taiseux.
Soumeylou Boubèye Maïga est pris dans la tourmente
Pour le moment, c’est son chef du gouvernement qui encaisse les coups à cause de «l’échec de la politique gouvernementale en matière de sécurité » alors que celui-ci travaille sur la base d’une lettre de mission à lui confiée par le président. Ce qui est certain, s’il déviait de la vision du chef de l’Etat, on n’aurait pas besoin d’autant de polémiques pour son départ, en ce sens que IBK lui aurait, depuis lors, retiré sa confiance. Si IBK n’a encore rien dit officiellement pour calmer la tempête qui secoue le Premier ministre, cela montre à quel point la situation est complexe. L’embarras du président malien face à l’appel à la démission de Soumeylou Boubèye Maïga peut être d’autant plus grand qu’il est un des hommes clé du régime depuis son accession à la primature en décembre 2017. Et il serait étonnant de voir IBK se passer maintenant de celui qui passe pour être non seulement l’un des principaux artisans de sa réélection à la présidentielle d’août dernier, mais aussi le maillon fort de son régime dont certains s’accordent aussi à reconnaître l’efficacité de l’action à la tête du gouvernement. Pour ses soutiens, il aura été au charbon sur plusieurs dossiers brûlants comme l’insécurité dans le Centre, la relance du processus de paix et la réouverture des discussions avec les groupes armés du Nord ; toutes choses qui ont certainement pesé dans la balance en faveur de IBK. Ceux qui réclament son départ estiment qu’il a plutôt échoué et ce, avec les violences meurtrières survenues à Ogossagou et l’ébullition du front social. Cela dit, ce n’est pas la première fois que Soumeylou Boubèye Maïga est pris dans la tourmente dans le cadre de ses fonctions, sous le regard de Ibrahim Boubacar Keïta. Alors nommé en septembre 2013 comme ministre de la Défense et des anciens combattants, il a dû rendre les armes le 27 mai 2014 suite à la défaite de l’armée malienne à Kidal, face aux rebelles. Doit-on s’attendre à un remake ?
Drissa TRAORE