HomeA la uneAPPEL DE BALA SAKANDE A LA LIMITATION DU NOMBRE DE PARTIS POLITIQUES  

APPEL DE BALA SAKANDE A LA LIMITATION DU NOMBRE DE PARTIS POLITIQUES  


Si la qualité de la démocratie s’évaluait à partir seulement du nombre de partis politiques, le Burkina Faso serait l’un des pays les plus démocratiques du monde. En effet, le pays des Hommes intègres compte près de 200 partis politiques officiellement enregistrés. Et chaque jour que Dieu fait, l’on continue d’en créer. Bien des médias ont déjà traité de la question et ont appelé à la limitation des partis politiques. La problématique de la pléthore de partis politiques vient d’être posée par Bala Sakandé, le président de l’Assemblée nationale. C’était le 4 février dernier, à l’occasion de la Déclaration de politique générale du Premier ministre, Christophe Dabiré, devant la Représentation nationale. Extrait des propos de Bala Sakandé : « Il faut travailler à la limitation des partis politiques, des candidatures fallacieuses aux élections législatives, municipales et  présidentielle ». L’on peut faire le constat que Bala Sakandé a enfoncé, par là, une porte déjà ouverte. En effet, le régime de Lamizana avait, peut-on dire, tenté d’assainir la création des partis politiques en prenant des textes qui limitaient leur nombre à trois. C’était, sauf oubli ou omission de notre part, dans les années 70. La démocratie n’en avait pas, pour autant, pris un coup. Car, c’est à la même période que Lamizana avait été contraint au ballotage par le candidat de l’opposition  qu’était Macaire Ouédraogo. Le monde entier avait relevé et salué la qualité de la démocratie voltaïque. la clause de cette limitation de partis politiques, malheureusement, a été sautée après. En lieu et place, l’on a opté pour le multipartisme intégral. Et cette disposition est contenue dans la Constitution de 1991. Les Burkinabè donc s’abritent derrière cette clause pour créer à la pelle, des partis politiques.  Mais à l’analyse, on peut se rendre compte que ce boom de partis politiques, vise autre chose que l’enracinement de la démocratie.

 

Au Burkina Faso, on n’adhère pas à un parti politique pour cotiser mais pour éventuellement beurrer ses épinards

 

 Bala Sakandé n’est pas passé par quatre chemins pour dire la vraie raison du nombre gargantuesque de partis politiques au Burkina. Et il l’a dit, parlant du cas de la province du Kadiogo où des partis politiques qui ont pourtant été financés par l’Etat, se sont abstenus de battre campagne : « Ces partis gagnent du financement. Donc, c’est trop facile pour quelqu’un de ne rien faire et à la veille de l’élection, on se porte candidat en sachant qu’on aura quelques subsides (…) ». Le diagnostic est clair et limpide. Ce sont les subsides, foi de Bala Sakandé, qui sont à l’origine de l’inflation des partis politiques et des candidatures fallacieuses aux élections législatives, municipales et présidentielle. L’abcès est donc clairement identifié, et comme Alassane Bala Sakandé a prescrit comme thérapie au mal, d’avoir « le courage de le crever », l’on peut en déduire logiquement ceci : la suppression du financement et des subsides accordés aux partis politiques peut contribuer à réduire de manière significative le nombre de ces derniers. Bala Sakandé a donc déjà la solution. Et il peut être sûr que le peuple burkinabè ne mourra pas si l’Assemblée nationale dont il  est le premier responsable, venait à légiférer dans ce sens. Bien au contraire. Car, ces subsides dont parle Bala Sakandé, sont le fruit de la sueur de ce peuple. La résistance ne viendrait donc pas du peuple. Mais seulement de ceux et de celles à qui profitent « ces subsides ». Tout le monde aura compris qu’il s’agit des politiciens. Et l’argument massue qu’ils brandiront serait que la limitation des partis politiques est une atteinte grave à la Constitution en ce sens que cette dernière préconise le multipartisme intégral. Et ils auront des juristes de haut vol pour voler à leur secours. En tout cas, tant que la politique sera perçue comme du business, et c’est le cas au Burkina, la limitation des partis politiques n’a aucune chance de se réaliser un jour. D’ailleurs, l’on  peut se demander pourquoi c’est  au Premier ministre que Bala Sakandé a posé le problème et de surcroît à l’occasion de sa Déclaration de politique générale. Ces genres de questions peuvent trouver des réponses dans le cadre des concertations politiques entre la majorité et l’opposition. Et au besoin, l’on peut associer les organisations de la société civile. Et l’on peut parier, sans grand risque de se tromper, que ces dernières, dans leur majorité, plaideront en faveur de la suppression des subsides accordés aux partis politiques. En principe, les partis politiques dignes de ce nom doivent vivre à partir des contributions de leurs membres. Or, au Burkina Faso, on n’adhère pas à un parti politique pour cotiser mais pour éventuellement beurrer ses épinards. Et c’est certainement cette représentation que le citoyen lambda a de la démocratie, quand il l’assimile au « mocré », c’est-à-dire à la bouffe et à la ripaille en langue nationale mooré.

 

Sidzabda

 


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