HomeA la uneAPPEL DES RELIGIEUX A LA TREVE ET AU REPORT DES LEGISLATIVES EN GUINEE

APPEL DES RELIGIEUX A LA TREVE ET AU REPORT DES LEGISLATIVES EN GUINEE


Dans une déclaration lue par Monseigneur Vincent Coulibaly, archevêque de Conakry, les leaders religieux musulmans et chrétiens  demandent au président Alpha Condé d’user de ses prérogatives constitutionnelles pour repousser les législatives du 16 février prochain à une date ultérieure, et appellent l’opposition à observer une trêve dans les manifestations de rues qu’elle organise depuis que le parti au pouvoir a levé le voile sur ses intentions de modifier la Constitution.  Cette sortie fait suite à la sollicitation faite par le chef de l’Etat aux leaders religieux, de s’impliquer dans la résolution de la crise qui secoue le pays depuis plus d’un an. La question que l’on peut, tout de suite, se poser, est la suivante : l’appel des Hommes de Dieu sera-t-il entendu par la classe politique guinéenne ? Si le président Alpha Condé n’a, pour l’instant, pas réagi, la réponse de l’opposition, elle, est connue. Elle consent à observer une trêve. En attendant donc de connaître les nouvelles qui ne manqueront pas de sortir de la présidence guinéenne, l’on peut déjà se féliciter de cette sortie des leaders religieux en Guinée qui, en acceptant de mettre la main à la pâte,  ont compris que la crise que traverse le pays  n’est pas seulement l’apanage des politiques mais aussi de la communauté guinéenne tout  entière. En effet, si le pays de Ahmed Sékou Touré, on touche du bois, venait à prendre feu, l’incendie n’épargnerait personne. Mieux, par leur attitude œcuménique, les leaders religieux indiquent aux Guinéens et à leurs dirigeants, qu’au-delà de leurs divergences idéologiques, culturelles et d’intérêts, ils doivent pouvoir s’entendre sur l’essentiel : l’intérêt supérieur de la Nation. L’on peut aussi saluer les propositions courageuses et pertinentes faites par les Hommes de Dieu, notamment la demande de report des élections législatives du 16 février prochain.

 

Le chef de l’Etat devrait profiter du court répit qu’il devrait obtenir avec le report des élections et la trêve de l’opposition, pour écouter la voix de Dieu

 

Non seulement le report de ces législatives, s’il a lieu, permettra aux protagonistes de la crise de renouer le fil du dialogue, mais aussi il évitera un approfondissement de la crise. Et ce n’est pas tout. Ce report, s’il était entériné, pourrait apporter du souffle à la Commission électorale nationale indépendante qui dit rencontrer des difficultés d’ordre technique et qui, de ce fait, aurait, elle  aussi, introduit une demande de report du scrutin. Selon certaines sources bien introduites à la présidence, le chef de l’Etat ne trouverait pas d’objection à la requête introduite par la CENI. S’achemine-t-on donc vers le report des prochaines consultations électorales ? Tout porte à le croire. Cela dit, une chose est d’obtenir le report des élections, une autre est de pouvoir mettre le temps à profit pour résoudre les problèmes soulevés. Car, on le sait, les protagonistes ont des positions très tranchées qui sont difficilement conciliables et chaque partie croit en ses forces pour parvenir à ses fins. Il faut donc craindre que l’on aboutisse à un report pour rien. Mais le président Alpha Condé doit comprendre que dans le langage plus que diplomatique que l’on connaît aux Hommes de Dieu, c’est son projet politique qui est ainsi désavoué. En effet, derrière la demande de report des législatives, on lit   l’exigence, à peine voilée, par les leaders religieux, d’aplanir toutes les difficultés liées au changement de la Constitution et au processus électoral qui sont querellés. Il devrait donc comprendre que le vide continue de se faire autour de lui et profiter du court répit qu’il devrait obtenir avec le report des élections et la trêve de l’opposition, pour écouter la voix de Dieu.

 SAHO    

 

 


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