APPEL AU NON-REMBOURSEMENT DES PRETS PAR LES COTONCULTEURS : « L’ODJ a outrepassé son rôle d’association », selon Tindano D. Fulbert
L’auteur du point de vue ci-dessous s’en prend à l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ), pour avoir appelé les cotonculteurs à ne pas rembourser les prêts contractés pour le compte de la campagne cotonnière 2017-2018. Pour lui, « l’ODJ a outrepassé son rôle d’association ». Lisez plutôt !
Ces derniers temps, j’ai été interloqué et déboussolé par les déclarations de l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ). Cette organisation a en effet appelé, fin janvier, les cotonculteurs, lors d’une conférence de presse, à ne pas rembourser les prêts contractés par eux pour le compte de la campagne cotonnière 2017-2018, au motif que la campagne agricole a été mauvaise, pour deux raisons essentielles : d’une part, la mauvaise pluviométrie, et d’autre part, la mauvaise qualité de l’engrais fourni aux cotonculteurs. Pour Adama Camara, secrétaire général adjoint de la section provinciale du Tuy, « comme on partage les bénéfices ensemble, on doit donc supporter les pertes ensemble ! Les paysans producteurs de coton ne doivent pas être les seuls à supporter les conséquences catastrophiques de la campagne. Tous les acteurs de la filière doivent supporter les charges, d’où l’annulation pure et simple des dettes de cette campagne cotonnière 2017-2018 pour cause de force majeure ».
Que l’ODJ se soit opposée à la venue d’Emmanuel Macron à Ouagadougou, c’est son droit ; qu’elle ait appelé à soutenir la grève des enseignants, c’est aussi son plein droit ; mais que cette organisation se mette à encourager le non-remboursement de prêts par des producteurs de coton est, à mon avis, au-dessus de son rôle d’association. Dans ce cas-ci, l’ODJ a en effet outrepassé son statut d’association. Et j’ai bien envie de dire avec Manon Phlipon « Ô liberté ! Que de crimes on commet en ton nom ! ». N’est-ce pas suicidaire que d’appeler des producteurs à ne pas rembourser leurs dettes ? Surtout que l’ODJ ne sait pas avec certitude si l’engrais fourni est de bonne ou mauvaise qualité. De ce fait, elle souhaite une contre-expertise qui confirmera ou désapprouvera le rapport d’analyse d’un échantillon d’engrais commandité par le fournisseur AGRO PRO. Il fallait que l’ODJ commence par-là et s’en tienne pour l’instant à cela, à savoir chercher d’abord à s’assurer de la bonne ou mauvaise qualité de l’engrais, avant une quelconque action ; il faut éviter en effet de mettre la charrue avant les bœufs. L’Organisation démocratique de la jeunesse a-t-elle discuté avec la ou les structures compétentes dont la SOFITEX ? A-t-elle évalué le préjudice subi par les producteurs de coton ? Tous les producteurs ont-ils subi de grosses pertes au point que tous ne puissent pas rembourser leurs dettes ? l’association exclut-elle le fait que quelques producteurs aient pu faire, malgré tout, quelques bénéfices ? Ces questions s’imposent, car un argument massue et crédible devrait être à mesure de s’appuyer sur quelque chose de quantifiable.
En définitive, quand on écoute les représentants de l’ODJ sur ce problème de la campagne cotonnière 2017-2018, on est quelque peu perdu car à la fois ils appellent à ne pas rembourser les prêts, à procéder à une contre-expertise pour déterminer la qualité de l’engrais dans le but de permettre un remboursement des prêts en cas de bonne qualité et un non-remboursement en cas de mauvaise qualité et enfin à un dédommagement en cas de mauvaise qualité. Que veut exactement cette association ? Car, apparemment, elle s’en mêle les pinces au point qu’un producteur de coton qui voudrait se confier à cette association, ne saurait pas à ce jour à quoi s’en tenir.
L’ODJ étonne et déroute de plus en plus dans ses prises de position et décisions ; on se demande à quelles fins elle conseille aux cotonculteurs de ne pas rembourser leurs prêts. Ne faut-il pas un peu de retenue quand on est une association poursuivant des objectifs censés être nobles et constructeurs ? La liberté d’association, de presse et de ton ne signifie nullement défiance et défi à l’Autorité ou désobéissance aux lois, car « la véritable liberté obéit aux lois », affirme Jack Perk.
Tindano D. Fulbert
FGH
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A la place de l’UNPCB et / ou de la SOFITEX, j’allais ester en justice contre de tels salopards qui se mêlent de ce qu’ils ne savent pas. Comme ça, devant le juge, ils seraient obligés d’étayer leur appel, faute de quoi, ils seront condamnés à payer des dommages, même symboliques; ce qui les ferait réfléchir par deux fois avant de dire n’importe quoi. C’est ce genre d’individus que la révolution appelait les anarco-quelque chose… Il faut que ça cesse bon sang!
12 février 2018