HomeA la uneAPPEL AU RENOUVELLEMENT DE LA CLASSE POLITIQUE EN RDC : Quand Kabila déplace le débat

APPEL AU RENOUVELLEMENT DE LA CLASSE POLITIQUE EN RDC : Quand Kabila déplace le débat


« Le renouvellement de la classe politique est une nécessité en RDC ». Ainsi s’exprimait le chef de l’Etat congolais, le 7 août dernier à Béni, dans le Nord-Kivu où il a fait une escale de trois jours, au retour d’une visite officielle chez son voisin ougandais. L’on n’aurait rien eu à redire si derrière ces propos de Joseph Kabila, ne s’était pas trouvée une volonté manifeste d’écarter, à moindre frais,  ceux qu’il considère comme la  vieille génération de politiciens qui ont à leur actif, un demi-siècle ou plus d’activisme politique d’une part, et d’autre part, s’ils n’intervenaient pas à un moment où le débat sur sa succession cristallise les débats, soupçonné qu’il est par son opposition de vouloir contourner les dispositions constitutionnelles de son pays pour briguer un troisième mandat. Pour être crédible, Kabila devrait donner le bon exemple en quittant le pouvoir à l’expiration de son deuxième et dernier mandat constitutionnel. Cela passe par une clarification, dès à présent, de ses intentions en mettant fin au flou artistiquement entretenu autour de sa très probable candidature à sa propre succession. Au lieu de cela, le président congolais déplace le débat sur un terrain de non-droit, tout en s’attribuant, ironie du sort, le beau rôle de parangon de la démocratie dans son pays. Quelle infamie ! En tout cas, si Kabila et tous les dictateurs de son acabit qui prennent un malin plaisir à ruser avec les textes, respectaient les règles élémentaires du jeu de la démocratie, le renouvellement de la classe politique se ferait de lui-même, comme dans les démocraties qui se respectent et où les administrations se succèdent les unes aux autres, pour apporter, chacune, leur pierre à l’édification de la nation. C’est cela le droit. Pas cette façon de vouloir mettre à la retraite politique forcée, des adversaires sous prétexte de leur longévité en politique ; toute chose qui n’est contenue dans aucune loi.

Kabila se trompe de combat

Aussi, s’il y a bien quelqu’un qui est disqualifié pour parler de démocratie et de renouvellement de la classe politique congolaise, c’est bien Joseph Kabila qui est arrivé en 2001 à la tête de l’Etat dans le sang et par les liens de sang, et qui entend s’y maintenir contre vents et marées. Réduisant depuis lors ses compatriotes à la servitude d’une des dictatures les plus féroces du continent. En tout état de cause, plus que le renouvellement de la classe politique, c’est le respect par tous ses fils, de la loi fondamentale de la RD Congo, à commencer par le président Joseph Kabila, qui est une nécessité. Aussi, si cette logique souhaitée par le satrape congolais devrait prévaloir, Joseph Kabila devrait débarrasser le plancher à la suite des adversaires qu’il a dans son collimateur,  pour le plus grand bien du peuple congolais. Cela dit, cette sortie de Kabila ressemble, à beaucoup d’égards, à un coup porté en dessous de la ceinture du vieil opposant historique congolais, Etienne Tshisékédi, après le retour triomphal de ce dernier au bercail, avec l’accueil  chaleureux qui lui a été réservé par des populations en quête d’alternance et surtout fatiguées de deux décennies de dictature « Kabiliste ». Car, c’est pratiquement le seul homme politique d’envergure à avoir à son actif, un demi-siècle d’activisme politique. Mais Kabila devrait avoir honte de s’attaquer de façon aussi peu honorable à cet octogénaire qui, à bien des égards, aura plus contribué  que lui à l’enracinement de la démocratie dans son pays, pour avoir été de tous les combats pour l’alternance et la démocratie. Et il y a des raisons de croire que la lutte qu’il mène en ce moment contre la confiscation du pouvoir par le maître de Kinshasa, est ce qui a valu cette sortie du président Kabila qui cherche, selon toute vraisemblance, à discréditer un adversaire devenu gênant pour mieux s’en débarrasser, dans sa volonté de se maintenir coûte que coûte au pouvoir à Kinshasa. Mais Kabila se trompe de combat. Car, ce que les Congolais lui demandent, ce n’est pas de dire qui est habilité à faire de la politique, mais plutôt de respecter simplement la loi fondamentale, la loi commune, en tenant les élections à bonne date et en passant la main à son successeur dans les conditions prévues par la loi. Autrement, c’est son voisin et grand frère Denis Sassou Nguesso qui risque d’avoir du pain sur la planche de la médiation discrète qu’il mène en ce moment à l’ombre de celle du Togolais Edem Kodjo, selon certaines sources bien introduites, pour renouer le fil du dialogue entre Kabila et ses irréductibles adversaires dans l’objectif d’éviter une déflagration sur l’autre rive du fleuve Congo.

Outélé KEITA


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