HomeA la uneARRESTATION DU BRAS DROIT DU CERVEAU DE L’ATTAQUE DE GRAND- BASSAM : Le signe d’une collaboration payante entre Etats  

ARRESTATION DU BRAS DROIT DU CERVEAU DE L’ATTAQUE DE GRAND- BASSAM : Le signe d’une collaboration payante entre Etats  


 

Depuis l’attaque terroriste de Grand-Bassam, le 13 mars dernier, on assiste à une série d’interpellations, aussi bien en Côte d’Ivoire qu’au Mali voisin, de présumés complices des trois djihadistes qui ont été massacrés sur place par les forces spéciales ivoiriennes. Ces arrestations ont été rendues possibles, d’abord grâce au téléphone portable que l’un des terroristes avait imprudemment gardé par-devers lui et qui a été récupéré par les enquêteurs ivoiriens, et ensuite grâce à la coopération entre le pays victime, la Côte d’Ivoire en l’occurrence, et le pays d’origine des terroristes, le Mali pour ne pas le nommer. Il a fallu, en effet, alpaguer ceux qui auraient hébergé les exécutants (ils seraient au nombre de 4 et résideraient tous à Abidjan), pour remonter aux organisateurs et même au cerveau de l’attaque, qui se nommerait Kounta Dallah, précipitamment parti de la Côte d’Ivoire juste après la commission des crimes à Grand-Bassam. Quant au commanditaire, il s’agit de Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui a facilité la tâche aux enquêteurs en revendiquant lui-même le crime, avant de laisser entrevoir la possibilité d’une autre attaque en terre ivoirienne, avant même que toute la lumière ne soit faite sur celle dont on n’a pas encore fini de parler. C’est ce préavis sans ambiguïté de la nébuleuse islamiste, qui a poussé les pays voisins de la Côte d’Ivoire à multiplier les contrôles et à accentuer leur coopération sur le plan du renseignement notamment, afin d’éviter que les terroristes, qui font généralement ce qu’ils disent, ne (re)passent à l’action, en Eburnie ou ailleurs dans la sous-région. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette coopération a déjà donné des résultats, puisque quelques jours seulement après le passage à l’acte du commando terroriste à Grand-Bassam, deux des présumés complices des assaillants,  Mydi Ag Sodack Diko et Ibrahim Ould Mohamed, ont été arrêtés respectivement à Gossi et à Goundam, en territoire malien. Ces deux individus, après avoir été « cuisinés » pour les besoins de l’enquête, ont certainement indiqué la voie qui mène au domicile de Alou Doumbouya, qui serait le numéro deux de la cellule qui a organisé l’attaque de Grand-Bassam, et surtout celui qui aurait convoyé les armes du crime jusqu’en Côte d’Ivoire.

Il ne doit guère y avoir de la place pour l’hypocrisie ou le nationalisme de mauvais aloi

Le sieur Doubouya a été mis aux arrêts dans la nuit du samedi 16 au dimanche 17 avril à Bamako, au cours d’une opération spéciale rondement menée par les services de renseignements maliens. Avec cette dernière prise, on peut espérer que le cerveau présumé de l’attaque de la station balnéaire ivoirienne, Kounta Dallah, passera bientôt lui aussi à la trappe, et que ce qui ressemble bien à un effet domino aboutira à l’arrestation et à la liquidation physique des leaders d’AQMI. Ce rêve est d’autant plus permis que de nombreux pays semblent avoir compris que la meilleure arme contre le terrorisme n’est ni le drone, ni le char Sagaie, encore moins le fusil mitrailleur, mais plutôt le renseignement qui permet, à peu de frais et avec moins de bruit, de localiser et de mettre hors d’état de nuire même les terroristes supposés être les plus insaisissables. Les pays membres du G5 et plus largement tous ceux qui participent à l’opération Barkhane, privilégient désormais l’option du renseignement et les résultats qu’ils engrangent sont d’autant plus satisfaisants qu’ils en ont tiré, en quelques mois, plus de résultats qu’en trois ans de feu nourri sur des cibles terroristes. Avec les dépositions de ceux qui ont été arrêtés au Mali pour les faits qui se sont déroulés en Côte d’Ivoire, il semble bien que les enquêtes sur les attentats de Bamako et de  Ouagadougou pourraient connaître une rapide accélération. C’est le signe ou la preuve qu’en partageant les informations sur l’identité et la localisation des terroristes, les différents services de sécurité parviendront in fine à annihiler leurs funestes projets, puisqu’ils passeront plus de temps à se cacher et à protéger leur tête, qu’à planifier et à commettre des attentats. Dans cette collaboration entre Etats, il ne doit guère y avoir de la place pour l’hypocrisie ou pour le nationalisme de mauvais aloi, car, pour paraphraser Vladimir Poutine,  « pardonner aux terroristes, ça, c’est l’affaire de Dieu ; mais les ramener auprès de lui, ça, c’est l’affaire de tous les pays qui auront impérativement besoin de mutualiser leurs efforts pour vaincre ce fléau qu’aucune nation, prise individuellement, n’a jamais pu éradiquer ».

Hamadou GADIAGA


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