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ARRESTATION D’UN PROCHE DE SORO AU MALI


Il s’appelle Sess Soukou Mohamed dit « Ben Souk », ancien député-maire de Dabou en Côte d’Ivoire. Il est Ivoirien et membre du mouvement politique  Générations et peuples solidaires (GPS) de l’ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro. Il a été arrêté le 10 août dernier à Bamako au Mali où il s’est exilé depuis un moment, lors d’une opération qui passait pour un enlèvement, aux yeux de ses proches qui avaient donné l’alerte.  Mais très vite, un communiqué du procureur de la République du Tribunal de grande instance de la Commune 4 de Bamako, viendra clarifier les choses : il s’agit d’une arrestation dans le cadre de l’exécution d’un mandat d’arrêt de la Justice ivoirienne qui reprocherait à l’intéressé, des « actes subversifs ». Quand on sait que son mentor, Guillaume Soro lui-même, est contraint de vivre loin de la Côte d’Ivoire pour les raisons que l’on sait, cette façon de cueillir l’un de ses proches à l’extérieur du pays, ne semble augurer rien de bon pour l’ex-député de Ferkéssédougou.

 

On peut s’interroger sur l’empressement de Bamako à accéder à la requête d’Abidjan

 

Soit les faits reprochés à Ben Souk sont suffisamment graves pour qu’on aille le chercher jusqu’au Mali, soit c’est une façon de maintenir la pression sur Guillaume Soro. Ce qui signifierait que la hache de guerre entre ce dernier et le locataire du palais de Cocody, est loin d’être enterrée.  Car, ses relations avec le président Alassane Dramane Ouattara (ADO) se sont tellement dégradées que l’on se demande si le « pestiféré » d’Abidjan pourra encore monter à bord du train de la réconciliation qui a pourtant déjà embarqué l’ex-président Laurent Gbagbo et Cie, sur les bords de la lagune Ebrié.  La question est maintenant de savoir si l’on ira vers une extradition de Ben Souk dans son pays. La question est d’autant plus fondée qu’une telle extradition serait un exemple de collaboration exemplaire entre les Justices malienne et ivoirienne, appelée à faire tache d’huile. Dans ces conditions, l’on ne voit pas comment Abidjan pourrait refuser de renvoyer l’ascenseur à Bamako, le cas échéant. C’est dire si avec cette arrestation, c’est Karim Kéita, le fils de l’ancien président malien, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), qui doit se faire du mouron. Lui qui s’est réfugié en Côte d’Ivoire depuis la chute de son père, et qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis, le 5 juillet dernier, par la Justice malienne qui veut l’entendre dans le cadre de l’affaire du journaliste malien, Birama Touré, disparu des radars depuis janvier 2016, sous le régime de son père,  dans des conditions qui restent encore non élucidées. L’autre interrogation est celle de savoir si une telle extradition pourrait prendre la forme d’un échange de prisonniers avec le fils du président malien déchu. L’histoire ne devrait pas tarder à le dire. En attendant, on peut s’interroger sur l’empressement de Bamako à accéder à la requête d’Abidjan. D’autant qu’il n’est pas courant de voir les capitales africaines, connues pour abriter des exilés politiques en tous genres, se livrer à un tel exercice.

 

L’opposition malienne vient de rajouter une couche de pression sur les autorités de la Transition

 

Et quand ce ne sont pas des voies diplomatiques qui sont trouvées pour entraver l’action de la Justice, c’est une protection en bonne et due forme qui est souvent pleinement assumée. C’est pourquoi il y a des raisons de se demander si l’arrestation de Ben Souk répond véritablement à une volonté de « saine application de la loi », comme le soutient le procureur malien à l’origine de l’ordre, ou s’il y a des raisons cachées, sachant que c’est le même représentant de la loi, qui a récemment demandé l’extradition de Karim Kéita, de la Côte d’Ivoire vers le Mali. Au-delà, l’on peut se demander pourquoi Assimi Goïta multiplie, à présent, les bons gestes à l’endroit du locataire du palais de Cocody, alors que le président  ivoirien a été l’un des farouches opposants de la première heure aux putschistes de Kati. Est-ce une façon, pour l’autoproclamé président de la Transition malienne, de chercher à se rapprocher de l’un des plus puissants chefs d’Etat de la sous-région à qui il avait, du reste, déjà offert des moutons de Tabaski ? L’histoire nous le dira. Mais en attendant de le savoir, force est de relever que l’opposition malienne vient de rajouter une couche de pression sur les autorités de la Transition, en exigeant de nouveau le respect des délais.  Ce, au moment où certaines voix au sein du pouvoir s’élèvent de plus en plus au Mali pour mettre clairement en doute la possibilité du respect du calendrier de la transition, pendant que d’autres appellent ouvertement à une candidature de Assimi Goïta à la prochaine présidentielle nonobstant la Charte de la transition censée l’en empêcher.

 

 « Le Pays »

 


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